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Le Moulin Neuf 

de

Preignac.  

Extrait d'une thèse de Fabienne Modet. (1984).

La Vallée du Ciron au XVIIIème Siècle 

(Etude sociale et économique.)

Sous la direction de Madame le Professeur A.M. COCULA.

Le Moulin Neuf est construit sur un petit canal joignant les deux bras du Ciron. 

Parfois appelé moulin de la Garrengue, il ne fait pas partie des quatre premières usines établies sur le ruisseau. Postérieur à Lasalle, Lamothe, Sanches ou le Pont, on ne sait qui le fait édifier et quand il l'a été.

A l'époque qui nous intéresse, il est la propriété de Pierre de Pichard, seigneur, baron de Saucats, du Barp, de la maison noble de Coutet dont dépend le moulin et autres lieux.

Conseiller du Roi en la grande chambre du Parlement, sa signature est la première à figurer au bas des contrats de fermage au début du XVIIIème siècle. 

La possession de Coutet par la famille de Pichard est récente.

Jean, le père de Pierre, a hérité des terres de Barsac et de Saucats de Jeanne de Galatheau, veuve de Charles de Guérin, receveur du Roi en la Cour du Parlement, sa tante (selon un testament du 4 juin 1672). Aucun renseignement sur la famille Galatheau ne parvient jusqu'à nous, aussi faut-il nous contenter de savoir qu'elle était seigneur des baronnies du Barp et de Saucats et de Château Coutet et que Jeanne en était la dernière représentante. 

Pierre succède normalement à son père; il n'a qu'une descendante : Marie qui épouse le 8 décembre 1709 Antoine de Gascq, baron de Portets.

En 1728, quand Pierre décède, Marie devrait recueillir la totalité de l'héritage paternel. Les ambitions de son cousin l'en empêchent. Ce dernier fomente un complot dans le but de faire réviser le testament de son oncle en sa faveur. Il accuse sa cousine de laisser mourir son père et devient ainsi seigneur du Barp et de Saucats. 

Marie, malgré ses tentatives pour récupérer son bien, ne recueille que les terres des bords du Ciron. Elle les transmet à son époux, conseiller au Parlement puis président à Mortier. A la mort de ce dernier, son fils, Antoine-Alexandre, lui succède. Résidant à Paris dès 1754, il ne s'occupe de son domaine que de loin. 

En 1770, il conclut un bail à rente perpétuelle du moulin et des dépendances pour cent boisseaux de blé à raison de huit livres le boisseau par an et sans droit d'entrée. 

Pour cette transaction, le preneur, Jean Baptiste Lamothe, marchand, habitant rue de la Rouselle à Bordeaux, paie 160 L. au bureau du centième dernier. 

Antoine-Alexandre de Gascq dénonce ce contrat quelques années plus tard. Le bail à rente est annulé et le baron de Portets échange ses biens Barsacais « consistant en un moulin sur la rivière du Ciron, contre : tous les fiefs, censives, droits de directe, rentes, deniers d'esporle, lods et ventes et autres droits et devoirs seigneuriaux qui appartiennent au monastère de la chartreuse dans la paroisse de Castres, sur la grande maison servant d'auberge, sur deux bourdieux, une pièce de vigne en aubarede et deux pièces de pré ». 

A cette époque, le moulin ne fonctionne que rarement, privé d'eau par les propriétaires de Pernaud, il n'a pas grande valeur. Le montant de l'échange est évalué à 6000 L. de part et d'autre et il est réglé 60 L. au centième denier de Barsac.

Déjà propriétaires du moulin du Pont, immédiatement inférieur, les chartreux viennent d'acquérir le moulin Neuf qu'ils remettent aussitôt en état de fonctionner et baillent. Ils ne le conservent pas très longtemps. 

Comme le moulin du Pont, celui de la Garrengue est confisqué comme bien national et vendu le 19 janvier 1791. Estimé 9 026 L. il est adjugé 16 600 à un nommé Charriant, agissant pour le compte d'un certain Bernon. 

Dès les premières année du XIX° siècle, un Lahiteau, descendant des anciens meuniers du moulin s'en porte propriétaire. Aujourd'hui encore, les quelques ruines qui restent de l'usine appartiennent à une madame Lahiteau.

Extrait d'une thèse de Fabienne MODET en 1984
La vallée du Ciron au XVIIIème.
Etude sociale et économique.
 Sous la direction de Madame le Professeur A.M.COCULA.

   

Réalisée le 21 juillet 2012  André Cochet
Mise sur le Web  juillet 2012

Christian Flages