Nuits du patrimoine.

 

Avec la collaboration de:

renaissance des cités d'europe"

Barsac le 20 septembre 2003.

Le Lavoir.

de la rue Barreau.

Françoise Mussotte.  

Sommaire.

 

 

 

 

Barsac illuminé.

 

 

Le Lavoir.

 

Barsac, village très étendu, possédait plusieurs lavoirs. Cependant, lors de la réunion du conseil Municipal du 24 juillet 1878, un conseiller faisait remarquer que le lavoir public, apparemment le seul du village, situé chemin vicinal n'4, dit Chemin du Bac (Rue du 8 mai) et construit fin 1876, était dangereux car il gagnait sur la chaussée et un "grave accident" venait de s'y produire : un attelage était tombé dedans.

 

Il était alors décidé d'en construire un autre 400 mètres plus en aval sur un terrain libre à la source plus abondante. Le bourg comptant une population de 1200 personnes, il était également décidé d'en construire un deuxième à l'opposé du premier, chemin vicinal n'17, dit de la Goulude (rue Barreau) où il existait une source assez abondante. Le terrain était cédé gratuitement par le propriétaire riverain.

 

Le 26 juillet 1924, la Commission des Travaux Publics arrête son choix sur les devis présentés par M. Ferdinand LIRE, mécanicien à Barsac, pour la fourniture et la pose d'un groupe électro-pompe pour alimenter le lavoir, et le soumet au Conseil.

 

Après s'être assuré que "M. LIRE offre toute garantie comme entrepreneur sérieux", (??)  le Conseil approuve le choix de la Commission et vote la dépense, soit 5.905 francs.

 

Le 14 juin 1925, le Conseil accepte le plan et le devis, fournis par M. DERGELOS, architecte, pour la couverture du lavoir et la possibilité de fermeture d'un côté. Le 18 juillet 1925, le Conseil vote les crédits nécessaires à la couverture du lavoir.  

Seul celui-ci subsiste à ce jour, rue du Barreau, proche de la nationale 113.

 

Cette construction a eu un impact très important sur la vie des femmes, gardiennes de l'eau, puisqu'il a constitué un allégement dans leurs tâches quotidiennes. Il s'agissait aussi d'un lieu de rencontre avec les autres femmes du village.

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La vie du lavoir.

 

 

Extrait du mémoire « Le lavoir et la société des femmes dans le sauternais » de Virginie Labbé

 

Le lavoir était un des rares lieux, avec le four communal et la fontaine, que des lieux de travail et non de loisirs, où les femmes se regroupaient durant toute la matinée.

 

L'accès au lavoir n'était ouvert qu'aux femmes mariées donc le mariage était pour la jeune fille le seul moyen d'acquérir une identité sociale propre. C'était une sorte de "rite de passage" pour accéder au statut d'adulte et être reconnue en tant que telle.

 

Deux catégories de personnes s'y retrouvaient : d'une part, les laveuses qui venaient faire leur propre lessive et qui étaient des ménagères, et d'autre part, les lavandières qui étaient payées pour laver le linge d'autrui.

 

Les lavandières appartenaient généralement à de grandes maisons ou à des commerçants et ce sont elles qui réglaient plus ou moins la vie autour du lavoir. En effet, elles représentaient le côté professionnel du lavoir et de ce fait, elles étaient plus respectées.

 

Les laveuses quant à elles n'avaient pas de place attitrée : chacune se mettait à une place selon leur ordre d'arrivée. seules les lavandières avaient une place précise et s'il advenait qu'une laveuse s'approprie une de ces places, l'affaire se réglait à coups de battoirs et d'injures.

 

Le lavoir se compose de plusieurs parties : l'une où l'on savonne, l'autre où l'on rince. Et "s'il arrivait que quelqu'un mette du savon dans le bac de rinçage, au pichot comme on appelait ça, alors là ça tournait mal", souligne Mme Simone D.

 

Autrefois, on distingue deux types de lessives : les lessives journalières et les grandes lessives. Celles-ci étaient collectives et non individuelles et avaient lieu deux ou trois fois par an (après les vendanges).

 

Elles duraient plusieurs jours et regroupaient toutes les femmes du village : c'était un moment entraide et de socialisation.

 

Les présences masculines étaient rares autour du lavoir car seul le garde champêtre, appelé pour régler les conflits importants, et quelques maris venant aider les femmes à porter le linge, osaient s'aventurer dans ce monde féminin.

 

Ainsi, la venue des hommes dans ce lieu essentiellement féminin était toujours marquée de moqueries de la part des laveuses. La médisance et les commérages du lavoir concernaient principalement les hommes et la vie sexuelle de ceux-ci.

 

C'était aussi un endroit où les femmes apprenaient les escapades de leur mari, d'où si les hommes redoutaient d'approcher le lavoir, ils craignaient d'autant plus le retour de leur femme au logis.

 

Quelques tabous frappaient la lessive ou le séchage. En effet, il était interdit d'étendre le linge le jeudi de la semaine Sainte, ou encore il ne fallait pas laver le linge la nuit, sinon la malédiction s'abattait sur l'homme de la famille qui mourrait.

 

Le nombre de laveuses qui fréquentaient le lavoir était élevé à tel point que, parfois, il faille attendre ou revenir plus tard pour laver son linge.

 

Ainsi, la vie du lavoir, reflet de la vie du village, avec son caractère communautaire spécifiquement féminin, représentait un moment fort dans la vie féminine et est un témoin de l'évolution du statut des femmes.

 

Aujourd'hui, on ne trouve guère de lavandières vivantes et il ne reste plus que

 quelques anciennes laveuses. Même si au 20ème siècle, les femmes continuent d'aller au lavoir surtout par habitude une grande partie des méthodes d'autrefois a disparu : les "bugadey" ou les grandes lessives ne se font plus.

 

Les discussions tournent toujours sur autrui mais aussi évoquent les histoires anciennes qui les font toujours autant rire.

 

Réalisée le 17 novembre 2003  André Cochet
Mise ur le Web le   novembre 2003

Christian Flages

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