Nuits du patrimoine.

 

Avec la collaboration de:

renaissance des cités d'europe"

Barsac le 20 septembre 2003.

Le château Nairac.

Grand cru classé Haut Barsac.

Sommaire.

 

 

 

 

Barsac illuminé.

Le Château Nairac et son "jardin des vignes"

 

 

C'est la romance du pays,
Que chantent, sous ce ciel béni,
Filles et garçons affairés
A cueillir les raisins dorés

Et le refrain vibre, joyeux,

En s'envolant vers l'éther bleu

Gloire, gloire au château NAIRAC

C'est la romance de Barsac !  

  

  

De Durancau à Nairac.

 

Le château Nairac porte le nom du négociant bordelais qui fit édifier à la fin de lAncien Régime cette élégante demeure se dressant en bordure de l'antique "grand chemin de Bordeaux à Toulouse" à l'entrée du village de Barsac. Pourtant Elysée Nairac n'avait pas été le créateur de ce beau domaine viticole, connu jusqu'à  la Révolution sous la dénomination "bourdieu de Durancau".

 

Certains éléments architecturaux conservés dans l'actuel château et dans les ailes qui se greffent sur son élévation occidentale semblent indiquer que l'édifice l'ayant précédé avait été bâti au milieu du XVIIème siècle. Il appartenait alors à André Durancau, "Auditeur des comptes en la Cour du Parlement", descendant d'une famille établie à Barsac depuis les premières années du XVIème siècle.

 

Par le jeu d'alliances familiales le bourdieu échoit au début du XVIIIème siècle à Jérôme Mercadé,  

"Greffier en chef des Requêtes du Palais", héritier d'une lignée de négociants de bordeaux, qui le conserve jusqu'à son décès survenu en 1744. 

 

A cette date le domaine consiste en "maison pour le maître, chapelle, chambres de valets et de prix-faiteurs, cuvier, chai, écurie et autres bâtiments, vignes, prés, aubarèdes, vimière et pignada".

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La construction de bâtiments agricoles complétant au nord la cour carrée des communs peut être attribuée à Jérôme Mercadé. En 1759, Durancau devient propriété d'Elisabeth Prost veuve du fils de Jérôme Mercadé, et de Pierre Mercadé, son petit-fils, négociant résidant en Haïti.

 

En 1777, ces deux personnages cèdent leur propriété à Elysée Nairac, de la puissante famille huguenotte, qui charge Jean Mollié, Barsacias et architecte formé par Victor Louis, de dessiner les premiers plans de la nouvelle demeure.

 

De plan rectangulaire, à étage, elle compte du côté élévation principale neuf travées, celles des extrémités en avant-corps forment pavillons couverts de toitures d'ardoises à brisis, tandis qu'une balustrade masque la toiture de tuiles de tuiles de la patte centrale, chaque travée se compose au rez-de-chaussée d'une ouverture en plein cintre à extrados fortement mouluré et à étage d'une fenêtre à encadrement à crossettes.

 

Au devant de cette élévation s'étendait un vaste jardin.  

 

 

 

A la mort d'Elysée Nairac en 1791, deux de ses cinq filles héritent du domaine et du château désormais appelé Nairac. En 1837, leurs héritiers vendent le bien à un négociant bordelais originaire de Barsac, Bernard Capdeville qui y adjoint la petite propriété de Ségur consistant en une grande maison de maître du XVIIème siècle, en bâtiments d'exploitation et en un petit vignoble de trois hectares, au corps principal de Nairac.  

 

En 1906, à la disparition de Madame Brunet née Capdeville, propriétaire du domaine depuis 1861, son héritière se sépare de Nairac en faveur d'un négociant lorrain, Monsieur Perpezat qui donne un nouvel essor au vignoble.

 

Puis, en 1966, la famille vend le domaine qui sera revendu six ans plus tard en 1972 à Nicole et Thomas Heeter Tari. L'année 1992, vingtième anniversaire de cette acquisition, est marquée par la restauration du jardin dans son schéma général et le remembrement de l'enclos des vignes.

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Le jardin des vignes :
 le château Nairac
 "inséparable d'une culture"

 

A la fin du XVIIIème siècle, Elysée Nairac demande également à son architecte Jean Mollié de lui dessiner le jardin ornement obligatoire de toute résidence convenable et destiné à mettre en valeur la façade publique de l'édifice, visible depuis le "grand chemin".

 

- L'espace réservé aux "beaux dehors" forme un L que Mollié divise en trois zones distinctes: au droit de la façade s'étale un grand parterre divisé en deux contours tenus par de fortes bordures de buis scandées régulièrement d'arbustes taillés (aujourd'hui remplacés par des rosiers anciens sur tige "Graham Thomas")

 

- Le petit bois de haute futaie, autrefois au-delà des communs pour ne pas concurrencer la hauteur de l'édifice. Il sera remodelé au XIXème siècle de part et d'autre de l'allée prestigieuse crée depuis la grande route.  

- Face aux communs s'étend un verger qui précède un petit bois de haute futaie. Entre le verger et la clôture on observe un bosquet qui abrite deux salles vertes, refuge pour les chaudes journées.

 

Le mur d'enceinte présente une ouverture au carrefour de la route et du chemin qui ouvre sur le bois et une claire-voie à hauteur de l'axe central du parterre, le beau point de vue sur la maison.

 

Depuis la terrasse du château, ce jardin présente donc un très joli dessin avec perspective aggravée qui le fait  paraître plus vaste qu'en réalité, l'allée centrale étant plus large côté édifice que côté route.

 

Autre malice voulue par le plan de Mollié, le parterre est en fait un élégant potager liant le beau et le bon, qui dessine un trapèze dont le sommet longe la terrasse du château. Des haies de charmilles dessinent l'ensemble du potager en l'isolant aussi du verger.

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En somme, un petit jardin aux allures innocentes, mais très calculé, un jeu sur le précieux et le trivial répondant à une double attente d'Elysée Nairac : satisfactions esthétiques et fruits que l'on déguste.

 

Au siècle suivant, cet agréable paysage prend une allure plus banale : une grande pelouse circulaire s'étale au pied de la maison, des bouquets d!arbres exotiques remplacent le verger, le petit bois semble disparaître, une allée est crée entre le portail du carrefour et la demeure. Il a désormais une entrée prestigieuse depuis la grande route, une modification qui interdit la vision directe du vignoble.

 

En 1990, Madame Tari-Heeter, séduite par le plan originel de Mollié jouant sur le précieux et le commun, décide de rendre au jardin un aspect plus conforme aux volontés de Nairac et en confie la création à l'architecte paysagiste Anouk Debarre. 

 

 

   

Depuis 1992, Nicole Tari-Heeter et ses enfants restaurent avec patience et persévérance ce patrimoine vert.

 

Après une période "à l'anglaise" avec sa pelouse circulaire, le jardin retrouve ainsi son esprit "à la française" en donnant un bel exemple de jardin régulier. Le parterre reconstitué conserve cependant quelques arbres tel un Séquoia centenaire et bosquets du petit parc du XIXème siècle afin de maintenir la sensation de l'épaisseur de l'histoire.

 

Le verger, dont la renaissance est entamée en 2002, se tient à la place de l'ancienne futaie non plus en face mais parallèle aux communs, témoins de l'antériorité du site.

 

Seules quelques variétés capables d'évoquer les arômes fruités des grands vins de Sauternes ont été sélectionnées : pêchers Reine des Vergers, abricotiers, pruniers Reine-Claude d'Oullins et poiriers.

 

Sans oublier le vignoble complanté des cépages nobles des liquoreux : Sémillon (90%), Muscadelle (4%), l'ensemble présente la caractéristique d'être entièrement clos de murs.

 

Le fameux classement initié par les courtiers en vin de Bordeaux en 1855 range Nairac parmi les seconds crus.

 

Réalisée le 17 novembre 2003  André Cochet
Mise ur le Web le   novembre 2003

Christian Flages

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