Visages
de

Barsac.

Tome I.

Page 15.

 

Le terrain de Barsac :

Terres nobles et palus.

             

 

 

Les 1.419 hectares de la commune forment un losange dont la grande diagonale, nord/sud, mesure 8 km et la diagonale est/ouest 4 km 500.

 

Le sol est constitué par un plateau de faible altitude légèrement mamelonné incliné vers le Nord, vers la Garonne, et entouré, sur trois points cardinaux, par le fer à cheval des dépressions du Ciron, de la Garonne, et du ruisseau de Saint Cricq.

 

Sur la diagonale nord/sud, le point culminant est à la croix de Saint Robert avec 18 mètres, Simon côte 10 mètres, la place de l'église à 11 mètres et le bas-fond de la Palus, 6 mètres.

 

Sur la carte au 1/80.000 du service des Mines, le sol de Barsac figure en trois couleurs : une teinte vert clair pour les alluvions modernes ou palus de nos trois cours d'eau; une teinte vert-olive pour les alluvions anciennes formant une ellipse de terrains caillouteux, traversée suivant le grand axe, par la voie ferrée Bordeaux-Langon ; et une teinte rouge violet, pour les terrains argilo­calcaires à sous-sol de calcaire à astérie.

 

Ce sont les terrains caillouteux et argilo­calcaires finissant un peu au nord de la Route nationale n°10, qui constituent les Terres Nobles, produisant les grands vins blancs à appellation contrôlée Barsac, alors que les terres, souvent basses et humides des Palus, sont surtout des terres à prairies et à oseraies ; on y trouve cependant, quelques îlots complantés en vigne blanche ou rouge, donnant des vins appréciés, ayant droit à l'appellation, trop diminuée, de Bordeaux supérieur.

 

Les caractères distincts des Terres Nobles et des Palus sont bien nets : les premières sont bordées par des murs, en pierres sèches, construits avec les matériaux de leur empierrement, tandis que des fossés drainent les eaux des Palus. La ligne séparative forme un fer à cheval jalonné par la ligne des sources qui apparaissent au pied de la falaise bordant le plateau.

 

Le plateau calcaire que traverse le sillon du Ciron près de son embouchure forme sur sa rive droite, de Sauternes à Preignac, un banc long de dix kilomètres, large de 1 kilomètre seulement jalonné par les carrières de Bommes et de Preignac.

 

Sur sa rive gauche le calcaire à astérie s'étend du ruisseau du Tursan, près du bourg de Pujols, jusqu'aux carrières de Coutet a Barsac, sur une largeur de 3 à 4 kilomètres.

  

Le banc calcaire comprend des couches de roches à grains serrés qu'on a exploitées à ciel ouvert et des couches plus tendres qu'on a exploitées par galeries souterraines à Bommes et à Coutet.

 

On y remarque comme fossiles des mollusques allant jusqu'à la taille d'une huître et des escargots géant de 15 centimètres de diamètre.

 

Dans les coteaux graveleux de Barsac, on trouve, comme sur les pentes des coteaux de Sauternes des cailloux roulés de toutes sortes et de diverses couleurs et notamment des agates dont les veines sont parées des mille couleurs de l'arc-en-ciel.

 

Le calcaire dur était recherché pour les assises des oeuvres d'art et l'architecte Louis l'a utilisé pour les soubassements et le dallage du Grand-Théâtre de Bordeaux (voir p. 43).

 

L'épierrement des parcelles destinées à la plantation de la vigne exige la destruction des pierres d'affleurement à la mine, poudre noire ou cheddite, et l'enlèvement des pierres plates noyées dans les terres rouges de la surface. Ce sont ces pierres qui ont servi à édifier aux confins des parcelles et surtout le long des routes ces murs en pierres sèches qui sont des moraines bâties témoignant du travail humain.

 

Ce sous-sol calcaire est recouvert de terres rouges, de nature argilo-calcaire, sur une épaisseur de 40 à 60 centimètres, qui constitue par excellence les terres nobles donnant les grands vins du Haut-Barsac.

 

Dans ce calcaire spongieux, chargé d'eau, les racines de la vigne qui s'y enfoncent profondément, trouvent l'humidité nécessaire et la sève brute, qui lui permettront de résister victorieusement aux étés chauds et secs.

 

C'est sur ce terroir noble que la vigne a été de tous temps cultivée à Barsac; et au cours des siècles ce sont les producteurs de ces 600 hectares de terrains graveleux et argilo-calcaires qui ont fait la renommée du cru Barsac et du cru Haut‑Barsac.

 

Le décret du 6 septembre 1936. instituant l'appellation contrôlée Barsac, n'a fait que consacrer un état de fait géologique et des usages locaux, loyaux et constants.

 

C'est la meilleure récompense que pouvaient souhaiter les nombreuses générations de vignerons qui se sont succédées sur ce sol de l'époque gallo­romaine jusqu'à nos jours.

 

 

Le vin a été donné à l'homme pour calmer ses peines...  

(Euripide.)  

 

 

Le vin rend sage et bon.
Le vin double les forces des personnes fatiguées.  

(Homère.)

 

 

La vigne veut des soins sans cesse renaissants
De la terre trois fois il faut fendre les flancs,
Sans cesse retrancher les feuilles inutiles,
Sans cesse tourmenter les côteaux indociles.  

(Virgile)  

 

 

 

 

 

Réalisée le 26 mars  2004  André Cochet
Mise ur le Web le   avril  2004

Christian Flages