Visages
de

Barsac.

Tome I.

Page 38.

 

 

Odelettes.

 

                       

La terre les eaux va boivant, 
L'arbre la boit par sa racine, 
La mer éparse boit le vent 
Et le soleil boit la marine.

 

Le soleil est bu de la lune.
Tout boit, soit en haut soit en bas;
Suivant cette règle commune,
Pourquoi ne boirions-nous pas ?

 

Buvons, le jour n'est si long que le doigt.
Je perds amis, mes soucis quand je bois.
Donne-moi vite un jambon sous la treille,
Et la bouteille
Grosse à merveille,
Glougloute auprès de moi.
Avec la tasse et la rose merveille,
Il faut chasser émoi.

(Ronsard.)

 

 

Air Bachique.

(PHILIPOL dit le savoyard.)

Ne vous étonnez pas
Si je chéris la treille
Et si dans mon repas
J'aime bien la bouteille.
Ma nourrice m' a dit
Que l'on prit un tonneau,
Etant petit enfant,
Pour me faire un berceau.
Ma nourrice au matin
Allant voir sa vendange,
Dans la cave du vin
Laissa tomber mon lange
Et mon hochet aussi
Qu'elle me fit sucer,
Et du depuis,
Et du depuis, du lait
Je n'ai voulu goûter.

 

 

La tempérance :

Platon défend aux enfants de boire du vin avant dix-huit ans, et avant quarante de s'enivrer; mais à ceux qui ont passé les quarante, il pardonne de s'y plaire et de mesler un peu largement en leurs convives l'influence de Dyonisos, ce bon Dieu qui donne aux hommes la gaieté et la jeunesse aux vieillards.

 

Toutefois ces restrictions lui plaisent :

que tout magistrat s'en abstienne sur le point de juger, et qu'on y emploie le jour à d'autres distractions, ny celle de nuit qu'on destine à faire des enfants.

 

Montaigne, an 1595 (Essais. livre II, chapitre II).

 

 

 

Réalisée le 8 avril  2004  André Cochet
Mise ur le Web le   avril  2004

Christian Flages