Visages
de
Barsac.

Page 46.

Le frappement du vin. 

(Poésie, Peinture et Musique)

1

S'approchant d'un rocher, le prophète Moïse
Fit jaillir, en frappant, une source d'eau vive
Eau sainte et purifiante où notre humanité  
Aurait dû se laver des taches du péché.

2

Si, chez nous, vous frappez aux portes d'un château,  
Le chai vous est ouvert, on vous offre un grand verre  
Et l'on vous fait goûter l'ancien, puis le nouveau ;  
Vous comptez les stations, un peu comme au calvaire.

3

Mais ce n'est que l'Olympe que vous ressuscitez  
Avec le dieu Bacchus et tout son entourage;  
En bonne compagnie, on peut donc s'enivrer  
Un court instant, et puis reprendre son courage,

4

Car les esprits du cru qui montent au cerveau,  
Et chavirent un peu vos idées et vos gestes,  
En chassant vos soucis s'évaporent bientôt;  
Les éthers partis, leur parfum béat vous reste

5

Mais trinquer, c'est choquer, c'est frapper un verre  
Contre un verre, pour chasser les Parques malignes,  
Pour boire à l'amitié, pour communier en frère,  
Avec le jus divin du sang de notre vigne.

6

Quel profane crayon, oubliant l'art biblique,  
Tracera pour Barsac une scène bachique ?  
Quel Raphaël, Bussan ou prestigieux Poussin  
Nous peindra en beauté le frappement du vin ?

P. G..., octobre 1945.

NOTE.

               Le frappement rythmé est le signe de reconnaissance entre affiliés.

Un musicien pourrait nous donner le frappement des adeptes de Bacchus. Comme ceci, par exemple que nous proposons comme signe de reconnaissance des Chevaliers du Taste-Vin Barsacais :

                                                           P. G.