Visages
de

Barsac.

Tome I.

Page 58.

 

 

 

Quatre petits contes pour les enfants.

                      

I - La grive ingénieuse.

 
Par un après-midi d'été, 
Une grive altérée
Recherchait un ruisselet 
Pour y boire une lampée.

Pas la moindre goutte d'eau; rôdant autour d'une maison, elle aperçoit :

Un pichet sous une tonnelle 
Et s'y pose d'un coup d'aile.

Elle se penche, et admirant le reflet de sa gorge tachetée, elle ne peut se défendre d'un petit frisson de coquetterie. 

Mais le liquide est trop profond; elle ne peut y atteindre. 

Comment faire ?

Dans sa petite cervelle jaillit un truc ingénieux; elle s'envole et rapporte dans son bec un petit caillou blanc qu'elle laisse tomber dans le broc..., puis un deuxième.... un troisième... et ainsi plusieurs dizaines de fois...

Sa langue est bien sèche !

Le liquide monte bien lentement; enfin, elle peut y atteindre, et elle boit avidement plusieurs gorgées. 

Elle se sent la tête lourde et, s'avisant de l'approche d'un chat, elle s'envole sur un figuier et s'endort.

C'est depuis ce temps là que l'on dit que les grives se saoulent.

 

NOTE :

Le pichet, vous l'avez deviné,
Contenait du Barsac contrôlé.

 

 

 

II - Le Magicien.

 

 

II  Le Magicien

 

Par un après-midi d'automne,
Rôdait autour d'une tonne
Un jeune musicien
Réputé magicien,

parce que, joueur de fifre, il charmait par ses mélodies les serpents, les oiseaux et même les rats.

C'est ainsi que l'an dernier, alors que les rats, très nombreux, dévoraient les récoltes, il se mit à jouer sur la place du village; tous les rats de la contrée accoururent; il les mena en longues files vers un gouffre où ils se précipitèrent et se noyèrent.

Donc, cet après-midi d'automne, notre magicien cherchait à se désaltérer. Il fit sauter la bonde du tonneau et, prenant son fifre, joua plusieurs allégros.

Le vin, quoique vieux, charmé par cette musique entraînante, se mit à grimper le long du fifre jusqu'à ses lèvres et il but abondamment.

Les magiciens boivent ainsi par la bonde de nos tonneaux. On dit que les non magiciens boivent pareillement avec un simple roseau, ce qui explique pourquoi nos tonneaux ne sont jamais tout à fait pleins.

Les uns et les autres, choisissant toujours nos meilleures barriques, « sifflent » nos vins par la bonde, 

Et un Barsac est toujours mélodieux

 P. G. 1945.

 

« De tous les dons du Ciel, le vin est le plus cher. »

(GILBERT.)

 

 

Réalisée le 10 avril  2004  André Cochet
Mise ur le Web le   avril  2004

Christian Flages