Visages
de

Barsac.

Tome  II.

Page 143.

 

Le Ciron (en bref).

     

Depuis sa naissance en forêt,
Le Ciron frôle, sans arrêt,
La pinède et la terre noble.

Et de cet agreste parcours,
Il a su garder deux amours:
Celui du pin et du vignoble.


Impénitent original
Sous son firmament de verdure,

Somptueux comme un dais royal,
Il néglige toute aventure


Et glisse, sourd au madrigal
Des sirènes et des dryades.
Ces dames pensent "quel bourreau !"
Mais il poursuit son petit trot,
Rigide, telle la "bergade"
D'un radelier de Villandraut.


Car le Ciron est un poète
Du classicisme le plus pur;
Et les caprices qu'on lui prête
Ne sont que bulles dans l'azur.

 

Si, sur son chemin, il s'amuse,
Puis fonce, à flots désordonnés,
Sous les moulins, c'est que les muses
Adorent les chants alternés.


Après l'ouragan, la bonace:
Les derniers pins de Jean-du-Bos

S'estompent; la forêt s'efface.
L'arbuste à Noé prend sa place;
On pourrait se croire à Lemnos !


Du ciel grec le Ciron est digne,
Lorsque, sous les murs de Rolland,
Il jette, d'un rythme plus lent,
Son ultime adieu à la vigne
Et, symbole entre tous profond,

L'allégro du moulin du Pont
Reste, pour lui, le chant du cygne.


Adieu, splendeurs, sombre forêt,
Chansons d'oiseaux, couleurs, fragances,
Rayons de soleil sur qui danse
La demoiselle au long corset  !....


Dernier fidèle: sur quelque aune

A sifflé le merle moqueur...
Mais non, ce n'est qu'un remorqueur
Descendant la proche Garonne;


Et l'amoureux Ciron s'endort
A jamais. L'on perçoit encor

Le souffle de sa pure idylle,
Puis plus rien... Un léger ressac
Annonce le port de Barsac....

 


O site qu'eût chanté Virgile !

 A.P.

 

 

 

 

Réalisée le13 avril  2004  André Cochet
Mise ur le Web le   avril  2004

Christian Flages