Les Pèlerins de Saint JACQUES.
de COMPOSTELLE.
Les amis de la Cité de BAZAS.
Mairie de Bazas.
33430 Bazas.

Tel: 05 56 25 01 14 

Contact N° 19. Septembre 1996. Extraits.

Sommaire:
Editorial.
Guide du Pélerin XIIe (Extraits)
Bazas, étape sur le chemin.
Salvatierra, une autre étape.
Bazas, halte aujourd'hui.
Saint Antoine et l'hôpital de Bazas.
L'hôpital Saint Antoine de Bazas.
Les Lugues, l'Albret en Lot et Garonne.

Retour au répertoire.

   

Editorial.

 

 

La découverte du tombeau de Saint-Jacques au IXème siècle en Galice fut très vite à l'origine d'un culte local puis d'un pèlerinage qui se développa surtout à partir du XIème siècle. 

Les chemins de Saint Jacques
de Compostelle.
1648.

Pour voir l'image en plein écran.

Chaque année, environ cinq cent mille " jacquets ", " jacquots " ou "coquillarts " se mettaient en route pour Saint Jacques, munis de papiers "attestant leur qualité de pèlerins, sous la devise toujours plus oultre".

Large chapeau à bord relevé garni de coquilles, vaste pèlerine, gourde, le bourdon (gros bâton), panetières à la ceinture : telle était la tenue traditionnelle du pèlerin.

Quatre routes traversaient la Guyenne, lieu de passage obligatoire parmi tout un faisceau de chemins orientés plus ou moins Nord Est, Sud Ouest.

Bazas se trouvait sur la voie de Vézelay, dans le Bazadais, les hôpitaux pour pèlerins devaient être nombreux pour satisfaire à la demande :

- Bazas disposait du grand Hôpital Saint Antoine au Nord de la ville,

- Langon avait un Hôpital Saint Jacques,

- Pondaurat avait un Hôpital dédié à Saint Antoine, et tenu par les religieux hospitaliers des Antonins,

- Beaulac avait un Hôpital Saint Jacques, tenu par l'Ordre de Malte.

Retour au sommaire.

Ces routes aboutissaient à Ostabat, près de Saint Palais, grand carrefour, hôpital où les pèlerins se regroupaient pour monter au Col de Roncevaux.

Chemins modernes de Saints Jacques

Pour voir l'image en plein écran.

Une fois parvenus en Espagne, les pèlerins pouvaient suivre deux chemins : celui des Asturies, considéré comme dangereux jusqu'au XVème siècle, à cause des risques d'incursions barbaresques, et le "Camino Francés" (chemin des Français) sur lequel se trouve Salvatierra qui vient de faire l'objet d'un jumelage avec Bazas.

Promu premier itinéraire culturel européen par le Conseil de l'Europe en 1987 et Patrimoine culturel de l'humanité par l'Unesco en 1994, le chemin de Saint Jacques connaît un regain d'intérêt depuis quelques décennies. 

 

Saluons à ce propos notre ami Thomas Darriet qui a rallié il y a quelques jours Saint Jacques de Compostelle après un parcours pédestre de plus de sept cent kilomètres !

 

La Région Aquitaine participe à la mise en valeur touristique des Chemins de Saint Jacques de Compostelle.

Retour au sommaire.

 

C'est ainsi que la Ville de Bazas a pu obtenir des subventions en 1987 pour des travaux sur la cathédrale (restauration du paratonnerre et réouverture de la baie extérieure donnant sur le jardin du chapitre) et plus récemment pour les travaux d'aménagement de la place.

 

Bazas a l'honneur d'accueillir les représentants de l'Association Régionale des Amis de Saint Jacques de Compostelle à l'occasion de deux journées Jacquaires, les 14 et 15 Septembre 1996.

 

Nous tenons à remercier son Président, M. Laborde et son Secrétaire, M. Dupon-Lahitte qui nous ont apporté des informations précieuses pour la réalisation de ce numéro de "Contact".

 

Et puisque nous y traitons de "chemins ", souhaitons à notre Président Jean Réglat, hôte habituel de cette page, qu'il progresse vite sur celui d'une santé meilleure !

 

Eric FARGEAUDOUX.

 

 

Retour au sommaire.

 

Salvatierra -Agurain

Une autre étape sur les chemins de Saint Jacques.

 

 

La ville de Salvatierra-Agurain, dans la province d'Alava, en pays basque espagnol vient d'être jumelée le 20 Juillet dernier avec Bazas. Elles sont toutes deux situées sur un des chemins de Saint Jacques, comme l'atteste la première image.

Le Pays Basque est traversé par plusieurs chemins qui furent empruntés par les pèlerins dans leur marche vers Compostelle. 

Camino Francés

Pour voir l'image en plein écran.

L'un suit la côte, avec la mer en toile de fond ; d'autres passent vers l'intérieur du pays, comme le chemin de San Adriàn au bord duquel se trouve Salvatierra. 

 

Son origine se confond avec les débuts du pèlerinage à la dévotion du Saint de Compostelle.

 

Deux églises consacrées, l'une à Saint Jean, l'autre à Notre Dame, une place à arcades, un château-fort aujourd'hui détruit un ancien couvent de religieuses, un hôpital remontant au Moyen Age : autant de points communs avec notre ville de Bazas.

 

Madame Micaela J. Portilla a bien voulu nous autoriser à publier le texte suivant, extrait de son livre " una ruta europea, por alava a compostela del paso de san adrian, al ebro ".

 

Nous remercions M. Vicente Brifias pour l'aide qu'il nous a apportée.

Retour au sommaire.

 

Les alentours de Salvatierra.

 

De nombreux pèlerins n'entraient pas dans Salvatierra. 

 

En passant par la croix de Ventaberri, ils continuaient à cheminer le long du flanc Ouest de la ville et ils arrivaient à la chapelle del Humilladero (le Calvaire), aujourd'hui chapelle du cimetière et ils atteignaient la route actuelle de Madrid à Irun par la " Caseta del Lazareto " où se trouve encore la colonne d'une croix, la croix de Arricruz. De là, en traversant la route, ils prenaient le chemin de Gaceo.

 

Province d'Alava.

Pour voir l'image en plein écran.

Nous disions que beaucoup de voyageurs n'entraient pas dans Salvatierra. 

Jouvin dans son " Voyage en Europe écrit en 1672 avertissant ceux qui s'approchaient de la cité :

"Vous devez me croire, ne passez pas par Salvatierra, laissez-la sur la gauche, parce que dans cette petite ville résident les douaniers qui enregistrent tout ce que vous avez". 

 

Aussi Jouvin proposait-il la descente de San Adriàn par Galaretta ou par La Magdalena pour arriver au croisement de Gaceo sans entrer dans la ville.

 

L'environnement de Salvatierra, " El Llano" la plaine, que contemplaient les voyageurs et les pèlerins, était très différent de celui qu'avaient vu pendant le Haut Moyen-Age ceux qui passaient sur ces chemins.

Retour au sommaire.

 

Jusqu'en 1256, sur le lieu de l'actuelle Salvatierra, se trouvait le village de Hagurain ; aux XIème et XIIème siècles, la population y était peu nombreuse. 

En 1256, Alfonso X donne le titre de ville à Salvatierra et, en 1258, il lui cède Ula, Sallùrtegui, Ligerdada et Lequedera, petits hameaux des environs. 

Les voyageurs de la fin du Moyen-Age et du début du XVème siècle contemplaient les ermitages de Notre-Dame de Sallúrtegui, Albizua, Zumalburu et Ula.

A partir du XVIème siècle, les pèlerins qui avaient dépassé Salvatierra et qui se dirigeaient vers Gaceo découvraient la Croix de Ventaberri et la Chapelle du Calvaire.

La croix de Ventaberri, datant du début de la Renaissance comporte un pilastre décoré d'ovales et de motifs courbes.

"El Humilladero"  le Calvaire, chapelle actuelle du cimetière, fut édifié au milieu du XVIème siècle par Don Ruy Garcia de Zuazo et Doña Catalina Ruiz de Arrarain dont on peut lire les noms à l'intérieur de l'édifice avec la date de construction (1557).

Ce calvaire fut construit "à l'entrée des Chemins Royaux", selon les voeux des fondateurs (sur le "Chemin Royal " de Vitoria par Alegría et Arcaya).

En poursuivant son chemin vers l'Ouest, le voyageur découvrait la croix de Arricruz, de style gothique du XVème siècle, et dont il ne reste plus actuellement que le socle et la colonne.

Retour au sommaire.

 

L'hôpital San Lázaro et La Magdalena

 

Cet hôpital se trouvait au point de croisement entre le chemin de San Adrián par Zalduondo et Ordoñana et celui qui descendait par Araya, Iduya, Amézaga, Eguilaz et Mezquía. Il est aujourd'hui à côté de l'actuelle route de Zalduondo au Nord du centre-ville de Salvatierra, en dehors de l'ancienne enceinte fortifiée.

 

Son entrée principale se trouvait sur le chemin de Mezquía. Cette entrée conserve des restes d'un arc extradossé mouluré, oeuvre de la fin de la Renaissance. Un écusson représente les armes de la ville : une tour sur les flots avec un lion qui apparaît à la porte ; il est orné d'un vase de parfums, symbole de Marie-Madeleine et il porte la légende "S. MAR. MAGDALENA".

 

L'intérieur de l'hôpital totalement reconstruit ne conserve que les restes d'une voûte Renaissance dans l'une de ces dépendances.

Pèlerin de Saint Jacques
Eglise Santa Maria.

 

La belle sculpture de Madeleine qui est aujourd'hui dans l'église de Salvatierra provient certainement de cet hôpital. Elle est attribuée au sculpteur de Salvatierra Lope de Larrea et date du début du XVIIème siècle.

 

Cet hôpital existait disait-on " depuis des temps immémoriaux". Dans un document daté de 1487 et conservé dans les archives de la Ville, on peut lire "Là étaient les pauvres de San Làzaro et d'autres pauvres".

 

Par un décret royal signé à Medina Del Campo le 2 Mars 1489, les Rois Catholiques Don Fernando et Doña Isabel accordaient à la ville le droit de nommer les administrateurs et les majordomes de l'hôpital, qu'ils dispensaient des visites pastorales ordinaires. Les Maisons de San Lázaro étaient placées sous le Patronage Royal.

  Retour au sommaire.

   

Les habitants de la ville entretenaient l'hôpital avec des aumônes et des donations testamentaires parce que la "Maison de San Lázaro et La Magdalena" n'avait pas de rentes pour subsister.

 

Cet hôpital était le plus important de la région. Dans l'inventaire de 1572, on enregistre l'existence de six lits. Dans cette maison siégeait la "Confrérie de San Lázaro" spécialement consacrée à son entretien.

 

L'enceinte urbaine de la ville.

 

Les pèlerins qui entraient dans Salvatierra découvraient une ville typiquement médiévale, étendue dans son tracé et de forme ovale s'adaptant au relief ondulé. Elle était située à une altitude peu élevée quoique suffisante pour être une ville défensive à la limite de la Castille et de la Navarre et sur le chemin de la frontière française par le tunnel de San Adrián.

 

Le 23 Janvier 1256, donc, Alphonse X accordait à Salvatierra le "fuero", titre de la ville, après avoir réprimé à Orduna le soulèvement du Seigneur de Vizcaya Don Lope Daz de Haro ; de nombreux hidalgos de la Llanada Orientale avaient rejoint Don Lope en 1255 dans la ville d'Estella pour une rencontre entre le Roi de Navarre, Teobaldo de Champaña et Jaime I d'Aragôn alliés contre la Castille. 

Plan de la ville de Salvatierra.

Pour voir l'image en plein écran.

 

Le "fuero" était une faveur (coutume particulière d'une ville ou d'une province) identique à celui dont disposaient les habitants de Vitoria, avec le marché le mardi. 

A partir de cette époque, la ville médiévale s'étendit à l'intérieur de ses murailles.

On y accédait par deux portes principales. Celle de Santa María, au Nord, était protégée par l'église forteresse de Santa María et par le château aujourd'hui disparu. 

Celle de San Juan se trouvait au Sud de l'enceinte près de l'église du même nom. 

Par les deux portes, on arrivait à l'actuelle Calle Mayor (Grand-Rue), axe principal de la ville.  

 

A l'Est des remparts s'ouvraient deux portes si l'on en juge par le tracé des rues intérieures : une entre la rue de la Boucherie et l'actuel couvent de San Pedro, " la Porte de la Boucherie ", et une autre, " la Porte de la Madura ", entre l'actuelle place Simon Martinez et les maisons paires de la rue de la Boucherie.

Retour au sommaire.

 

Ces portes ont disparu totalement. 

Seul reste un vestige, le "Portal Chiquito" près de San Juan et quartier juif qui était situé dans l'actuelle rue Arramel appelé aussi "Poco Tocino", nom trouvé dans d'autres villes d'Alava... 

C'était sans doute la dénomination populaire des quartiers juifs... 

D'après Cantera Montenegro, le quartier juif de Salvatierra à la fin du XVIème siècle comptait de dix à vingt familles.

En 1521, la ville dut faire front à une attaque sérieuse, celle de son seigneur, " le comunero "  Don Pedro López de Ayala qui emmena avec lui quinze mille fantassins et cavaliers. 

Note: Ainsi furent appelés les habitants de certaines cités castillanes en révolte contre Charles Quint.  

Après la victoire des habitants de Salvatierra, la ville fut incorporée à la Couronne à la mort du "comunero" et reçut le titre de "Très Loyale" ... 

 

On plaça à la Porte San Juan el Portal del Rey une pierre tombale en l'honneur du vainqueur, le Roi Don Carlos.

 

Les deux églises Santa María et San Juan, ainsi que la forteresse située à côté de l'église Santa María complétaient le système défensif des remparts. 

Elles conservent encore à leur chevet les chemins de ronde, points de défense et vigies du Nord et de l'Est de Salvatierra. 

 

On peut vérifier encore ailleurs l'intérêt stratégique de l'église forteresse de Santa María : pendant la guerre d'Indépendance, plusieurs soldats français écrivirent durant leur garde leur nom sur les pierres du chemin de ronde.

  Retour au sommaire.

L'architecture religieuse.

Les deux églises de Santa María et de San Juan datent dans leur construction actuelle de la période comprise entre le XIVème siècle et le début du XVIème.

 

Quelques clés de voûte nous permettent de situer ces dates : les deux loups, armes des Ayalas que l'on peut voir à Santa María nous permettent de dater la voûte après 1382, moment où la ville passa à la Seigneurie de Don Pedro d'Ayala. 

Le blason des Rois Catholiques dans la nef centrale de San Juan est un bon repère pour dater son édification à la fin du XVème siècle.

L'église Santa María conserve sur sa porte Ouest un magnifique exemple d'art gothique tardif hispano-flamenco de Burgos du début du XVIème siècle selon le Professeur Azcarate Ristori.

Le début de la Renaissance fut particulièrement illustré en Alava et surtout à Salvatierra où il eut une résonance particulière à cause du retour à la Couronne après la défaite de son Seigneur le "comunero" comte de Salvatierra.

Le choeur de Santa María est une monumentale oeuvre plateresque construite à partir de 1530 comme exaltation de la victoire de l'Empereur Don Carlos sur le "comunero" mal aimé de ses sujets ; l'aigle impérial se dresse sur deux châteaux avec des lions à leurs portes.

Retour au sommaire.

Il ne reste ni demeure ni édifice civil de la Salvatierra d'Alphonse X et de ses successeurs, tout fut détruit par l'incendie de 1564. 

Seule subsiste "la Casa de las Viudas" la Maison des Veuves, avec un arc très rustique à l'entrée.

 

Avant le feu, la ville avait souffert d'une terrible épidémie par laquelle moururent plus de six cent personnes. 

Après le grand incendie, de nouveaux édifices furent bâtis. 

A cette période furent conçues des oeuvres de grande qualité, surtout dans les églises. 

En particulier, le grand retable de Santa María réalisé entre 1584 et 1623 par le sculpteur de Salvatierra Lope de Larrea.

Au XVIIème siècle fut construit le couvent des Clarisses de San Pedro, orné lui aussi du blason de la ville.

 

A l'intérieur de l'église, on peut remarquer une belle statue de Vierge du XVIIème siècle du style de l'école de Valladolid de G. Femández ainsi qu'une statue de San Pedro de Alcántara.

Retour au sommaire.

   

L'architecture civile.

 

Etudiée par la Professeur Ana de Begoña, elle présente des exemples intéressants de constructions de la fin du XVIèmé siècle et du début du XVIIème.

 

Les "Olbeas" ou arcades datent de la fin du XVIème siècle, elles donnent sur la place San Juan.  

C'était le lieu des marchés de grains, de bétail, des ferias de six jours célébrées en octobre par grâce accordée par Enrique III aux Seigneurs de la ville Don Pedro López de Ayala en 1395.  

Reconstruit après l'incendie, l'hôpital de la Calle Mayor eut beaucoup d'importance dans le vie de Salvatierra. On y était accueilli à l'entrée par une statue del Señor Santiago.  

De nombreuses maisons de la ville conservent des éléments décoratifs du XVIème siècle. Par exemple, la "Casa de los Diezmos" de la rue de la Boucherie porte un écusson avec une tour et trois épis de blé qui signalent la vocation de l'édifice comme maison de grains.  

Une maison très représentative de la seconde moitié du XVIème siècle est celle qui porte le numéro 46 de la "Calle Mayor". 

 

On y accède par un grand arc en plein cintre, une grande fenêtre avec balustrade décorée de moulures et de denticules enrichit sa façade ornée d'un écusson avec les armes des Zuazo, Lazarraga, Arraraina et les cinq châteaux des Heredia.

 

Le XVIIème siècle a marqué également les maisons seigneuriales de la grand rue. Ainsi, le numéro 23, la maison Begoña ; son balcon d'angle, sa porte surmontée d'un écusson avec la tour des Ordoñanas, l'aigle, le cerf des Lazarraga, les lunes, les chaînes et les étoiles des Vicuñas. 

Retour au sommaire.

 

Il faut mentionner aussi la maison des Azcarraga, au numéro 81 ; sa façade principale porte les écussons avec les armes des Zuazos, le grand cordon, la devise "VERITE", et les deux loups des Eulates.  

On peut dater aussi de la fin du XVIIème l'écusson de la maison au numéro 2, avec la tour des Ordoñanas-Vicuñas, et des lambrequins ampoulés et deux grands lions tenants, oeuvre de 1582.  

La maison au numéro 32 de la rue Zapatari est aussi remarquable par son magnifique écusson avec les cordons, les étoiles des Zumalburus et la chaîne, les lunes, les étoiles d'une des branches de la famille Vicuñas, soutenu par deux satyres à l'expression tragique et couronné par de grands lambrequins finement travaillés.

 

Au début du XIXème siècle, le siège des troupes françaises à Salvatierra durant la guerre d'Indépendance laisse des traces ; on peut voir encore comme indiqué plus haut les inscriptions françaises du chemin de ronde de l'église Santa María et l'affiche "Biande" dans une maison de la rue de la Boucherie.  

Les guerres carlistes affectèrent davantage le centre médiéval, et en 1835, la ville changea de physionomie du fait de la démolition des remparts pour fortifier le château de Guevara, vital pour les armées de Don Carlos.

Note: Carlistes : partisans de Don Carlos, frère de Ferdinand VII et prétendant à la Couronne d'Espagne.  

 

Peu à peu, Salvatierra sortit de l'enceinte gothique pour atteindre la voie ferrée alors que s'élevaient de nouveaux édifices.

Retour au sommaire.

Aujourd'hui, existent deux zones industrielles très actives celles de Agurain et celle de Lituchipi, avec des industries surtout métallurgiques, de matériaux de construction, du bois, textiles, et du cuir.

Le dernier recensement de 1993 fait état d'une population de 3971 habitants.

 

Michaela J. PORTILLA

Texte traduit de l'espagnol par Jeanine GAY

 

Retour au sommaire.

 

Extraits du 

"Guide du Pèlerin de Compostelle

à travers le Sud Ouest" 

(XlIème siècle)

 

 

L'un des plus curieux documents que l'on possède sur la Guyenne et la Gascogne au temps des églises romanes est le " Guide du Pèlerin de Saint Jacques de Compostelle ".  

Jacquet.

Ce lointain précurseur du " Guide du Routard " donne non seulement les principaux itinéraires routiers et la description des sanctuaires que visitaient les pèlerins au passage, mais encore des conseils pratiques : comment parer aux dangers du voyage, quelles sont les rivières dont l'eau est potable, les pays où l'alimentation est malsaine, etc.... On y trouve même un petit vocabulaire basque pour demander un logement, du pain et de la viande.  

On a attribué ce guide à un certain Aimeri Picaud, moine à Parthenay Le Vieux.  

Voici la traduction de quelques extraits, pour la partie du trajet entre la Garonne et le pays basque :

 

A près avoir traversé un bras de mer et la Garonne, on arrive dans le Bordelais où le vin est excellent, le poisson abondant, mais le langage rude. Les Saintongeais ont déjà un parler grossier, mais celui des Bordelais l'est davantage. Puis il faut trois journées fatigantes pour traverser les landes bordelaises.

Retour au sommaire.

 

C'est un pays désolé, où l'on manque de tout , il n'y a ni pain, ni vin, ni viande, ni poisson, ni eau, ni sources ; les villages sont rares dans cette plaine sablonneuse qui abonde en miel, millet, panic et en porcs.

 

Si, par hasard, tu traverses les Landes en été, prends soin de préserver ton visage des mouches énormes qui foisonnent surtout là bas et qu'on appelle guêpes ou taons, et si tu ne regardes pas tes pieds avec précaution, tu t'enfonceras rapidement jusqu'au genou dans le sable marin qui là bas est envahissant.

 

Après avoir traversé ce pays, on trouve la Gascogne, riche en pain blanc et en excellent vin rouge ; elle est couverte de bois et de prés, de rivières et de sources pures.

 

Les Gascons sont légers en paroles, bavards, moqueurs, débauchés, ivrognes, gourmands, mal vêtus de haillons et dépourvus d'argent ; pourtant, ils sont entraînés aux combats et remarquables par leur hospitalité envers les pauvres.

 

Assis autour du feu, ils ont l'habitude de manger sans table et de boire tous au même gobelet. Ils mangent beaucoup, boivent sec et sont mal vêtus , ils n'ont pas honte de coucher tous ensemble sur une mince litière de paille pourrie, les serviteurs avec le maître et la maîtresse.

 

En sortant de ce pays, le chemin de Saint Jacques croise deux fleuves qui coulent près du village de Saint Jean de Sorde, l'un à droite, l'autre à gauche : l'un s'appelle gave, l'autre, fleuve ; il est impossible de les traverser autrement qu'en barque.

 

Maudits soient leurs bateliers ! En effet, quoique ces fleuves soient tout à fait étroits, ces gens ont cependant coutume d'exiger de chaque homme qu'ils font passer de l'autre côté, aussi bien du pauvre que du riche, une pièce de monnaie et pour un cheval, ils en extorquent indignement, par la force, quatre.

Retour au sommaire.

 

Or leur bateau est petit, fait d'un seul tronc d'arbre, pouvant à peine porter les chevaux , aussi, quand on y monte, faut-il prendre bien garde de ne pas tomber à l'eau.

 

Tu feras bien de tenir ton cheval par la bride, derrière toi, dans l'eau, hors du bateau, et de ne t'embarquer qu'avec peu de passagers, car si le bateau est trop chargé, il chavire aussitôt.

 

Bien des fois aussi, après avoir reçu l'argent, les passeurs font monter une si grande troupe de pèlerins, que le bateau se retourne et que les pèlerins sont noyés ; et alors les bateliers se réjouissent méchamment après s'être emparés des dépouilles des morts...  

A Blaye, sur le bord de la mer, il faut demander la protection de Saint Romain ; dans sa basilique repose le corps du bienheureux Roland, martyr ; issu d'une noble famille, comte de la suite du roi Charlemagne, il était l'un de ses douze compagnons d'armes, et, poussé par le zèle de sa foi, il entra en Espagne pour en expulser les infidèles.

 

Sa force était telle qu'à Ronceveaux, il fendit, dit-on, un rocher par le milieu du haut en bas avec son épée en trois coups ; on raconte aussi qu'en sonnant du corps, la puissance de son souffle le fendit de même par le milieu.  

 

Ce corps d'ivoire ainsi fendu se trouve à Bordeaux dans la basilique de Saint Seurin, et sur le rocher de Ronceveaux, une église se construit.

 

Après avoir, dans des guerres nombreuses, vaincu les rois et les peuples, Roland épuisé par la faim, le froid et les chaleurs excessives, frappé de coups violents et flagellé sans relâche pour l'amour de Dieu, percé de flèches et de coups de lances, ce valeureux martyr du Christ mourut, dit-on, de soif dans cette vallée de Ronceveaux. Son très saint corps fut enseveli avec respect par ses compagnons dans la basilique de Saint Romain à Blaye.

Retour au sommaire.

 

Puis, à Bordeaux, il faut rendre visite au corps du bienheureux Seurin, évêque et confesseur; sa fête se célèbre le 23 Octobre.

 

De même dans les landes de Bordeaux, dans une petite ville appelée Belin, on doit rendre visite aux corps des saints martyrs Olivier, Gondebaud, roi de Frise, Ogier, roi de Dacie , Arastain, roi de Bretagne, Garin,.duc de Lorraine et de bien d'autres compagnons d'armes de Charlemagne, qui après avoir vaincu les armées païennes, furent massacrés en Espagne pour la foi du Christ.

 

Leurs compagnons rapportèrent leurs corps précieux jusqu'à Belin et les y ensevelirent avec beaucoup d'égards. C'est là qu'ils gisent tous ensemble dans un même tombeau ; un parfum très doux en émane qui guérit les malades.

Retour au sommaire.

 

 

Bazas,

Une étape sur le chemin

de Saint Jacques de Compostelle.

 

Bazas se trouvait au noeud d'une patte d'oie pour les pèlerins qui cheminaient vers le Tombeau de l'Apôtre Saint Jacques, au fond de la Galice.  

En France, le pèlerinage se répartissait en quatre grandes routes.

Route Bazas-Caprieux.

Pour voir l'image en plein écran.

 

Arrivé à Bazas, il fallait se regrouper avant la terrible traversée des Landes pour affronter un paysage hostile et désolé à Bazas, on devait faire provision de vivres et de bonne humeur.  

 

La devise des pèlerins était :

 "Toujours plus oultre"

  toujours plus loin, tant dans le cheminement que dans le domaine spirituel. 

 

A partir de Bazas, il y avait environ mille kilomètres à franchir, et pas commodes, des montagnes, des hauts plateaux dénudés et arides ! Et le retour à faire !

   

 

Retour au sommaire.

 

CHEMINS EN AMONT DE BAZAS.

Bazas recevait les pèlerins de la Via Perigordensis, ainsi que ceux qui s'étaient regroupés à l'abbaye de la Sauve-Majeure où ils avaient reçu une bénédiction spéciale du Père Abbé.  

La patte d'oie était formée de trois chemins, venant de trois directions :

 

Nord-ouest par le vieux " Chemin Gallien ", depuis Bordeaux par la Brède, Saint-Selve, le carrefour de la voie romaine à Barsac, franchissement du Ciron au pont d'Aulan, Sautemes, Roaillan, Aubiac et Bazas.  

 

Nord par la grande route de Langon qui recueillait les pèlerins de la Sauve Majeure, Cadillac, Saint Macaire. Langon avait un hôpital dédié à Saint Jacques.  

Nord est par la voie de Périgueux,  La Réole, Pondaurat, Aillas, Gajac et Bazas.

 

L'hôpital Saint Antoine de Pondaurat, avec son pont sur la Bassane, était une halte importante qui faisait du bien à mi-chemin entre La Réole et Bazas.

 

Retour au sommaire.

 

CHEMIN EN AVAL DE BAZAS. 

Si jusqu'à Bazas et dès le XIIIème siècle, tout allait à peu près bien pour nos marcheurs, car on trouvait des gîtes d'étape tous les dix à quinze kilomètres où l'on pouvait boire, se reposer, se laver, manger un quignon de pain, la grande aventure commençait au départ de Bazas. 

 

La terrible épreuve des landes faisait l'objet d'un couplet à la chanson des pèlerins :

 

Quand nous fumes dans les landes,

Bien étonnés,

Nous avions de l'eau jusqu'à mi-jambes

De tous côtés.

 

Il était donc nécessaire de se regrouper, s'entraider, serrer les rangs, chanter et prier inlassablement. 


Au franchissement du Ciron, on trouvait la Commanderie de Saint Jacques de Beaulac, ensuite l'hôpital Saint Blaise de Captieux et à partir de là, on empruntait une levée de terre au-dessus des marais qui permettait de circuler à pied presque sec pour se rendre à l'hôpital de Bessaut, à l'Ouest du lieu-dit " Les Traverses.  

 Cette levée passait à "La Rigade", traversait le camp du Poteau, elle existe encore de place en place, mais elle a perdu son nom et son intérêt stratégique.

 

La chaussée, dite autrefois "La Caussade", avait du être reconstruite par empierrement par les Chevaliers de l'Epée devenus cantonniers, qui tenaient l'hôpital de Bessaut .  

Des chênes la bordent toujours. Après, on trouvait Lencouacq, l'hôpital de Canenx, l'hôpital Saint-Jacques du Mont du Marsan, Saint-Sever, Hagetmau, Orthez, Ostabat et le col de Roncevaux.

Retour au sommaire.

 

LE ROLE DE BAZAS

 

Si l'hôpital Saint-Antoine a joué un rôle important, nous n'en avons guère de traces et de documents ; il fut entièrement reconstruit au milieu du XVIIIème siècle, et les archives sont bien maigres.  

Aux Archives Municipales de Bordeaux, on peut compulser les registres des Saints Jacquaires admis, au retour du grand voyage, dans la Confrérie dédiée à l'Apôtre érigée en la basilique Saint Michel de Bordeaux, qui répertorie de 1526 à 1602 des noms de Bordelais.  

Hélas, à Bazas, il n'y a rien de tel, et pourtant il y avait dans la Cathédrale un autel dédié à Saint Jacques, avec dévotion particulière. 

 

L'hôpital Saint Antoine de Bazas existait en 1254 selon un document ancien, mais il était bien antérieur puisque la route Nord-Sud des Antonins fut créée au XIème siècle, reprise au siècle suivant par l'Ordre de Cluny qui installa de façon à peu près régulière des hôpitaux pour pèlerins.  

L'évêque de Bazas et son chapitre cathédral devait jouer un rôle déterminant dans la gestion de cette maison.  

Un document nous renseigne très utilement sur le culte jacquaire au XVIème siècle ; son titre est "Manuel de Bazas, estant euesque le Cardinal d'Albret

Note Explication sur le rituel de Bazas, Revue Historique de Bordeaux Tome XI.X ,Bibliothèque de Bordeaux. Fonds régionaux.

Document.

 

Il s'agit d'un rituel du diocèse de Bazas, imprimé à La Réole par Pierre Besson en 1503. 

 

On y trouve parmi beaucoup d'autres rituels ordinaires, les prières pour la bénédiction de la besace et du bâton du pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle.  

On la retrouve, plus explicite, dans une formule de certificat de bonne vie et moeurs pour deux époux se rendant au pèlerinage de Galice

"qui q(ui)dem p(re)dicti parrochiani mei habe(n)t votum aut voveru(n)t visitare eccl(es)ias s(an)cti Jacobi in Galatia et su(n)t iter agentes seu aggredientes... "

 

Cette formule est datée: 

"anno Domini millesimo eccciij".

 

Retour au sommaire.

 

En remontant beaucoup plus haut, nous savons que Bazas fut une petite capitale au Bas Empire romain, et qu'une voie de passage Nord-Sud la faisait communiquer avec les autres évêchés d'Aire sur Adour, Lescar, avec la vallée d'Ossau, le col du Pourtalet ; ce fut longtemps un chemin de transhumance pour les moutons des Pyrénées qui venaient passer l'hiver dans les terres plus chaudes de la vallée de la Garonne.

 

On peut penser que les Romains y avaient installé une "stabula" relais pour gens et bêtes de trait, courriers de poste et voyageurs de toutes espèces.

 

Un autre attrait de Bazas était fourni par les pèlerinages autour des reliques insignes de Saint-Jean Baptiste conservées à la cathédrale ; il y avait six fêtes annuelles, mais celles du 24 Juin étaient les plus courues...

 

Mais hélas, quand on assistait aux fêtes de la Saint-Jean, on ne pouvait gagner la Galice pour le 25 Juillet, le grand pardon, car il y avait encore mille kilomètres environ à franchir !

 

Il est vrai que tous les pèlerins n'étaient pas de pauvres piétons, on trouvait des cavaliers plus aisés, des personnages avec un suite de serviteurs, des gentilshommes, tel ce seigneur de Caumont, près de Marmande, qui nous a raconté son épopée au XIVème siècle et nous a laissé un itinéraire.

 

Si la plupart des pèlerins vivaient de charité à Bazas, d'autres pouvaient s'offrir des auberges, comme celles qui s'appelaient au XVIIème siècle "La Chapeau Rouge", dans la rue Saint-Martin, tenue par la famille Cazemajou, ou "Le Lion d'Or" qui existait déjà !

 

L'hôpital de Bazas présente dans une niche une statue de Saint­ Roch. Saint Roch était un pèlerin de Saint Jacques, toujours associé à un chien qui l'aurait secouru.

Retour au sommaire.

   

LES VESTIGES VISIBLES DU PELERINAGE.

 

En Bazadais, bien des vestiges de cette épopée pieuse ont disparu ; la "levade", ou "caussade", au Sud de Captieux, visible en de nombreux endroits, est émouvante par les souvenirs qu'elle représente et par le travail qu'elle a occasionné.  

Nous n'avons guère de statues, d'autel ou de retable dans nos églises du Bazadais, alors qu'ailleurs en Gironde, à Saint Pierre de la Sauve, à Gradignan, à Carcans, à Lacanau, à Sainte Hélène , au Teich, des statues sont encore à leur place dans les églises.  

Ces humbles églises de la façade atlantique nous remettent en mémoire une autre route qui traversait du Nord au Sud la Gironde et qui n'est pas mentionnée dans les textes.  

Elle était utilisée par les pèlerins de Bretagne, ou de Grande Bretagne, qui débarquaient à l'anse du Gurp dans Montalivet, suivaient la route proche des étangs, du fond du bassin d'Arcachon, et gagnaient une ancienne voie romaine sur Biscarosse et Parentis.  

 

Dans le Bazadais du Sud de la Garonne, il n'y a pas d'église dédiée à Saint Jacques, à part les chapelles des Hôpitaux de Langon et de Beaulac, toutes deux disparues.  

Croix de Saint JACQUES

Mais nous avons au moins une croix de pèlerins en place dans la campagne, au bord Nord de la route peu après le carrefour de Miton en allant vers Gajac, bien humble, qui pourtant a une grande valeur significative. 

 

Peut-être y a-t-il d'autres croix enfouies dans la végétation ?  

Sur la façade de l'église romane de Notre Dame d'Aillas, il y a une scène gravée dans la pierre, bien émouvante : deux personnages sont représentés en pied : à gauche, un pèlerin en marche, avec sa robe courte, son bâton, à droite, le patron, Saint Jacques avec le Livre, semblant protéger l'autre.

 

 La sculpture est vivante, les vêtements sont en mouvement, c'est un bon élément historié que l'on doit dater de la fin du XIIème siècle.

 

Les pèlerins arrivaient de la vallée de la Bassane, découvraient la scène comme pour les encourager, en réponse avec les grandes statues du mur Est de l'église Saint Pierre de la Sauve.  

Retour au sommaire.

Il y a une tradition du passage des pèlerins dans une église disparue, Saint Martin de Conques, qui était une paroisse annexe de l'église Saint Martin de Bazas, et desservie par son curé.  

Cette église aurait abrité des reliques, son emplacement est au Nord de la commune de Cudos.  

Le plus bel ensemble monumental du Bazadais est incontestablement la Commanderie de Pondaurat, qui présente les souvenirs les plus complets du pèlerinage.  

Pondaurat était sur la grande route Nord sud qui depuis Angoulême, Aubeterre, Castillon la Bataille, Bazas, reliait les villes du pied des Pyrénées et les Cols. 

 

On peut penser qu'il s'agit en fait d'un grand chemin néolithique à l'orientation simple, comme on en trouve en Auvergne, le long du Rhône, dans le Poitou et ailleurs.

 

Il fallait franchir un petit ruisseau, la Bassanne, grossie d'un affluent, la Cadane.

 

Un point d'eau ! C'était la fortune ! La possibilité de faire un vivier à poissons, d'entretenir des jardins de légumes, d'avoir un troupeau de gros bétail, des volailles et des pigeons... 

 

De plus, un banc calcaire de bonne qualité permettait d'extraire de la pierre à bâtir solide et belle par sa couleur légèrement dorée.  

Les religieux antonins, de l'Ordre de Saint­Antoine du Dauphiné, se sont intéressés à ce site privilégié dès le XIème siècle, sans doute, et le Prieuré d'Aubeterre sur  Dronne essaima en Bazadais.

Retour au sommaire.

 

Jusqu'en 1776 où l'Ordre de Malte prit en charge Pondaurat, la Commanderie dépendait de la maison mère d'Aubeterre.

 

Un pont solide en pierre fut construit au XIIème siècle, en léger dos d'âne, dont les quatre arches sont suffisamment élancées pour assumer les crues.

 

Il est probable que la pierre neuve, légèrement ocrée, donna au lieu le nom de "Pontdauré" ou en langue du pays Pontdaurat.

 

En aval du pont, il fallait un moulin, et il existe toujours il est habité, il a conservé ses meules qui ne peuvent hélas fonctionner car la chambre des meules est envasée, ensablée.

 

Le bel appareillage des pierres permet de dater ce moulin du XIIIème siècle. Qui dit moulin dit chute d'eau, dénivellation ; l'eau en tombant s'oxygène et devient apte à recueillir un vivier à poissons.

 

En amont, les religieux antonins avaient leur vivier, et pratiquaient la pisciculture.  

La chapelle de pèlerins, dédiée à Saint Antoine, fut reconstruite en ce XIIIème siècle selon un plan curieux, une croix grecque aux quatre branches égales, la première travée de la nef ayant été déparée du reste par un mur, c'était l'endroit où on recueillait les pèlerins avant d'entrer.  

Elle fut arrangée par la suite, on perça la grande fenêtre orientale plus tard.  

Retour au sommaire.

Si la construction dura quelque temps, on peut penser qu'une action déterminante se produisit autour de 1285, au moment où un membre d'une des principales familles bourgeoises bordelaises, Bernard Soler, neveu d'un maire de Bordeaux devenu sénéchal de la Saintonge, était Précepteur de Pondaurat.  

S'il y a eu des modifications et des ajouts notamment au XIXème siècle, l'église conserve cependant deux témoins précieux aux clés de voûte de la nef : d'abord une croix de Malte à la première travée, symbole de l'appartenance à cet ordre de 1776 à 1790, puis le Tau caractéristique de Saint Antoine à la deuxième travée.

 

La lettre grecque Tau, comme notre T majuscule , était en effet l'emblème de l'ordre de Saint Antoine.  

Au mur extérieur Ouest, des ouvertures ont été bouchées.  

Un mini-cloître existe sur le flanc méridional de la nef, avec une galerie en bois dans une cour intérieure.  

Les bâtiments des religieux ont été reconstruits aux XVIIème et XVIIIème siècles, mais en conservant les vieux murs, et ils sont habités ; la vue sur la façade Sud se mirant dans l'eau de la Bassanne est superbe.  

Mais il s'agissait d'un ensemble monastique d'hébergement, le siège de la paroisse était ailleurs: c'est la petite église Saint Martin de Montphélix, avec son cimetière autour, qui a été récemment couverte et remise en état.

Retour au sommaire.

 

En période d'incertitude, il fallait protéger tout cet ensemble économique et religieux qui constituait une réserve de nourriture et d'objets précieux. On fortifia tous les édifices, et des meurtrières aux angles de tirs bien étudiés protégeaient les alentours de la porte.

 

En plus, tout le village fut muni de bonnes murailles avec la pierre du pays puisqu'au XVIème siècle on l'appelait la bicoque de "Pondaurat".  

Mais hélas, en 1577, les troupes huguenotes du Capitaine Fabas prirent le village, le pillèrent, mirent le couvent à sac, chassèrent les religieux, si bien qu'il fallut reconstruire les bâtiments, ce que fit le Père Thomé.  

L'Ordre de Malte avait mis en place une pharmacie tenue par le Frère Baudesson, qui était un grand connaisseur en plantes médicinales, où l'on venait s'approvisionner; ce fut quelque temps une des premières pharmacies rurales du pays.  

Saint Antoine est toujours associé à un cochon, on peut penser que, selon l'habitude, il y avait un élevage de porcs à cet endroit: la graisse de porc présente en effet des propriétés curatives dans certaines maladies de la peau.

Retour au sommaire.

   

LE RAYONNEMENT DE LA SAUVE MAJEURE

 

Il n'est pas possible de parler du pèlerinage de Compostelle en Gironde sans évoquer la puissante abbaye Notre Dame de la Sauve Majeure, qui rayonna dans tout le grand Sud Ouest. Fondée en 1079, elle connut au XIIème siècle une apogée, avant la période de la Guerre de Cent Ans.

 

Elle jouait le rôle de point de ralliement pour les pèlerins qui étaient préparés pour le grand départ, encouragés, bénis par le Père Abbé.

 

Son rôle fut aussi de créer des prieurés ruraux, de financer la construction d'églises, de faire la promotion pour que les paysans mettent en culture l'Entre-Deux Mers, d'organiser la vie sociale et économique par l'implantation de marchés.  

La plupart des prieurés se trouvaient dans l'Entre-deux-Mers, mais en Bazadais, la Sauve avait fondé et construit le Prieuré de Notre Dame du Bourg, à Langon.  

Il n'en reste que quelques murs misérables, sur place, alors que les belles sculptures ornent une nouvelle chapelle de Langon aux Etats-Unis, sur les bords de l'Hudson, faisant partie du Musée des Cloîtres du Metropolitan Museum de New-York. Nous n'avons pas su conserver notre patrimoine !

 

C'est à l'église Saint Pierre de la Sauve qu'on peut admirer les principales sculptures compostellanes: 

 

-au mur Est, à l'extérieur, quatre grandes statues dans des niches semblent accompagner du regard, le plus loin possible, jusqu'au haut des collines, les voyageurs; il y a d'abord Saint Pierre reconnaissable à sa grande clé, la Vierge assise tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux, Saint Jacques bénissant au chapeau aux bords rabaissés, puis Saint Michel dans sa représentation habituelle terrassant un dragon ; c'est de la très bonne sculpture de la fin du XIIème siècle, aux draperies très élaborées.

 

L'abbaye de la Sauve avait quelques petits prieurés en Bazadais,:

 

-celui de Niac se trouvait aux confins de Brouqueyran et de Cazats (Il s'agit probablement de l'endroit indiqué "Monge" ou "Les Monges". "Monges" ou "La Mongie" dans Brouqueyran. Monge signifie " Moine " en patois du pays.)

 

-celui de Lagardère dans Antagnac, dont dépendait l'église de Sillas, et des terres du côté de Casteljaloux. Mais ce n'étaient que de petites granges agricoles.

Retour au sommaire.

 

CONCLUSION.

 

Les pèlerins, quand il faisait beau et qu'ils n'étaient pas trop fatigués, flânaient, allaient prier devant des reliques, des sanctuaires, des points remarquables, ou faisaient ce que nous appelons aujourd'hui du tourisme.

 

Certainement que plusieurs fois les pèlerins s'écartèrent des routes principales pour aller admirer le tombeau du Pape Clément à Uzeste, pour prier devant les statues de la Vierge aux églises de Notre Dame d'Aillas, Notre Dame de Bijoux dans Birac, Fargues près de Langon pour se faire héberger par les moines cisterciens du Rivet dans l'ancienne paroisse de Rieunave et gagner des indulgences.

 

On peut penser aussi qu'ils béaient d'admiration devant les formidables châteaux de Roquetaillade, Villandraut, ou Budos, qu'ils allaient se mêler aux foules joyeuses des marchés et foires du Bazadais, qu'ils participaient aux pèlerinages locaux où on les interrogeait, on leur demander d'où ils venaient, qu'est-ce qu'ils avaient vu, su, entendu...

 

Il y a tout cet aspect "relationnel " du pèlerinage qu'il faut envisager. On les recevait dans les familles car ils avaient des choses intéressantes à dire, à l'aller, mais encore plus au retour. 

 

A une époque où l'information ne circulait que par la voie orale, un pèlerin et bavard et gai était une bénédiction !

 

Des relations commerciales prenaient naissance au cours du voyage, peut-être des mariages, des réceptions réciproques, des courants de contacts. Souvent celui qui partait n'avait pas grand chose à perdre, et il revenait "riche" de son grand voyage.  

Retour au sommaire.

La grande aventure en était une, certes, mais en plus des satisfactions pieuses il y avait des bonheurs d'enrichissement intellectuel et relationnel. Il faut effacer ces clichés trop souvent propagés de pèlerins besogneux, efflanqués, tristes et considérant le pèlerinage comme une punition pour des fautes commises !  

Le bon vin dont on parle dans la chanson du pèlerin, qu'on dispensait en traversant la Guyenne, devait bien contribuer à rendre la marche un peu moins dure...

 

Lorsque nous partîmes de France

Tristes et marris

 Nous quittâmes Pères et Mères,

Tous nos Amis.

Au coeur avions si grand désir

De voir Saint Jacques,

Avons laissé tous nos plaisirs

Pour ce voyage,

Nous passâmes dans une ville

Nommée Bazas

Et fûmes à l'hôtellerie

Etant fort las

Et puis nous

fûmes visiter la cathédrale

En demandant la charité

Sans grand scandale.

 

Retour au sommaire.

Chanson de pèlerins.

Texte extrait de "Cathédrales du Sud-Ouest au fil des ondes", par Gil Reicher 

 

 

Pierre COUDROY DE LILLE

 

Bibliographie :

Catalogue de l'exposition "Hôpitaux de pèlerins" Cadillac (1967).

Dom Biron : Précis de l'Histoire religieuse de Bazas, publié à Bordeaux en 1925.

Dom Biron : notes manuscrites.

   

Retour au sommaire.

 

 

Saint Antoine et l'hôpital de Bazas.

 

   

Saint Antoine est né en l'an 256, dans une famille égyptienne très aisée. Il fréquenta les plus grandes écoles de son temps ; il devint orphelin à vingt ans.  

A la mort de ses parents, il vendit tous ses biens, quitta ses nombreux amis. Poussé par son désir de perfection, il se retira dans le désert de Thébaïde en Haute Egypte où il vécut de façon ascétique.  

Cependant sa réputation de sainteté s'étendit au loin et ses disciples vinrent à lui pour mener son genre de vie. Il créa pour eux deux monastères non loin du Nil. Ces fondations ne tardèrent pas à se montrer insuffisantes, d'autres furent instituées dans la région.

 

Antoine les visitait régulièrement, encourageant les moines. Au bout d'un certain temps, il quitta ses disciples pour s'installer dans une caverne au pied du Mont Colzim et cultiva un petit jardin pour assurer sa subsistance.  

Il passa plusieurs années dans cet ermitage puis revint auprès de ses frères. Il se rendit en Alexandrie, afin d'appuyer l'Evêque d'Alexandrie Athanase dans sa lutte contre les Ariens, il se lia d'amitié avec lui. Athanase après la mort de l'Ermite survenue en 356 environ s'attacha à rédiger sa biographie.  

Cette vie d'Antoine d'abord rédigée en grec en 360, puis traduite en latin, connut un immense succès dans tout le monde chrétien et contribua d'une façon très importante au développement du monarchisme.  

Saint Antoine Le Grand devint le Père des Moines d'Occident.  

Athanase avait certes inséré dans son ouvrage des renseignements historiques, mais aussi des faits extraordinaires et, miraculeux. Néanmoins il découvrait la lutte qu'Antoine dut mener contre les tentations si bien que la "tentation de Saint Antoine" est plus connue comme thème d'art que la doctrine ascétique du personnage.  

Saint Antoine avait demandé à ses disciples de l'ensevelir dans un lieu secret. Cependant sa tombe fut découverte vers 560 et ses restes portés en Alexandrie.  

Retour au sommaire.

Plus tard un seigneur du Dauphiné appelé Jocelyn prit possession de ses reliques. Vers 1050, il les emmena en France et fit construire pour elle une Eglise à la Mothe Saint Didier, localité qui s'est ensuite appelée Saint Antoine en Dauphiné.

 

Antoine avait demandé qu'on ne parle pas de lui. Le Moyen-Age eut une grande vénération pour lui. Notamment, on l'invoquait pour la guérison d'une sorte d'inflammation appelée "feu sacré", puis "feu de Saint Antoine " (il s'agissait en fait de l'érysipèle).

 

On prit l'habitude d'amener à Saint Antoine en Dauphiné les personnes atteintes de ce mal. On créa bientôt pour elles un hôpital dans lequel se dévoua une confrérie de religieux dite des Antonins, continué par l'Ordre de Malte au XVIIIème siècle.

 

On sait que l'imagerie populaire présente volontiers Saint Antoine accompagné d'un cochon. On croit généralement que cet animal symbolise les tentations impures qui assaillaient le saint.  

La vérité est peut-être différente. Selon certains auteurs, les moines hospitaliers du Dauphiné élevaient des porcs pour subvenir à l'entretien de leur établissement et laissaient ces bêtes en liberté dans la localité afin de trouver de quoi se nourrir.

 

Chacun de ces cochons portaient une clochette, marquant son appartenance à l'hôpital. La population ne manquait pas d'apporter d'abondants restes aux cochons de Saint Antoine traduisant ainsi sa vénération pour le pieux ermite d'Egypte.

Retour au sommaire.

 

Un document relate les cérémonies officielles survenues à Bazas les 7,8,9 et 10 juin 1739 relatives au transfert des reliques de Saint Vincent de Paul dans la chapelle de l'Hôpital Saint Antoine.

 

Saint Vincent de Paul est décédé en 1660, et fut canonisé en 1737. La chapelle de l'Hôpital Saint Antoine s'avérait être en raison de son origine hospitalière l'unique sanctuaire digne de recevoir les reliques de Saint Vincent de Paul qui avait été de longues années au service des pauvres.

 

Certaines bazadaises se souviendront que leurs grands-mères venaient avant la guerre de 40, faire une prière à Saint Antoine, déposer une obole de un franc, et signer leur nom sur un registre.  

C'était une coutume de ce temps. Il existe dans la chapelle de l'hôpital un tableau accroché à l'un de ses murs latéraux, représentant Saint Antoine. J'ai connu ce tableau avant mon départ de Bazas en 1944, et à cette époque, on trouvait un petit cochon aux côtés du personnage de Saint Antoine, comme le veut la légende. A mon retour à Bazas en 1971, j'eus la surprise de constater que le petit cochon avait été recouvert de peinture . Peut-être certaines personnes ignorant la légende avaient-elles trouvé inconvenable la présence de cet animal dans une chapelle ?

 

Soeur Marie-Thérèse ROUX

 

Références :

 "Des Saints et des prénoms"  Alain Guillermeau. Ed. du Centurion. 

"Histoire du Christianisme" Ed. du Centurion.

 

Retour au sommaire.

 

   

 

L'HOPITAL SAINT ANTOINE DE BAZAS.

  Suivons le guide :

 

0n y exerce la charité depuis bien longtemps. Malades, infirmes, pèlerins y ont trouvé secours et assistance, repas et couchage. Tout ce faubourg Nord de Bazas est lié aux activités charitables, aussi à l'artisanat des tanneries le long du ruisseau de Saint Vincent qui servait d'égout vers le Beuve.

 

Le savant, Dom Biron a trouvé des textes mentionnant l'Hôpital dès le XIIIème siècle, mais il semble bien qu'il faille le faire remonter à l'aube du Moyen Age. Le patronage de Saint Antoine est en effet révélateur d'une autre époque.

 

L'ordre religieux des Antonins fut créé en Dauphiné en 1070 pour soigner les malades, et l'abbaye mère existe toujours. C'est un des plus beaux monuments de l'Est de la France.  

Pour secourir les voyageurs, les religieux avaient organisé tout un réseau de maisons hospitalières le long des grands chemins (que l'on ne peut qualifier de routes) et Bazas se trouvait à un point clé de la grande route Nord-Sud des Antonins, depuis Poitiers vers les Pyrénées.  

Il y avait l'hôpital St Antoine d'Aubeterre, puis on passait l'Isle au pied de l'Hôpital St Antoine, ensuite la Dordogne.

 

Dans l'Entre-deux-Mers, la Commanderie St Antoine du Queyret hébergeait, on franchissait la Garonne sous le Prieuré St Pierre de La Réole, puis c'était la Commanderie St Antoine de Pondaurat, dépendante d'Aubeterre, Bazas, La Commanderie St Jacques de Beaulac et la route de Roquefort à Mont de Marsan, par la "levade".  

Bazas recevait aussi les voyageurs qui avaient traversé la Garonne à Cadillac ou à Langon et se trouvaient donc au centre d'une patte d'oie de chemins.

Retour au sommaire.

   

L'HOPITAL AVANT SA RECONSTRUCTION.

 

On peut penser que l'Hôpital primitif était géré par les Chanoines du Chapitre Cathédral de Bazas avec quelques religieux, sans doute Antonins. A Bazas, il n'y avait pratiquement que le Chapitre à avoir les ressources terriennes suffisantes pour de telles dépenses alimentaires et autres.

 

Le grand événement du XVIIème siècle fut la fondation des "Filles de la Charité" par St Vincent de Paul et sa fidèle Louise de Marillac en 1634. Ce sont les femmes qui allèrent se dévouer totalement, en un ordre religieux, pour servir les malheureux.  

L'Hôpital de Bazas fut affilié le 25 Mai 1698, et les documents sont conservés précieusement dans ses archives. Le curé de Fontet, Pierre Soubès, fut envoyé à Paris par l'Evêque de Bazas qui était Mgr Jacques- Joseph de Gourgues, le créateur du Grand Séminaire devenu le Lycée.

 

Un contrat fut passé avec le Supérieur général de la Congrégation, Nicolas Pierron et Julienne la Boue, Supérieure de la Communauté parisienne, pour fournir trois religieuses afin de desservir l'Hôpital de Bazas géré par des Syndics et des administrateurs payant d'ores et déjà les voyages des trois filles de Paris à Bazas.  

Un certain nombre de conditions furent fixées pour l'alimentation, le linge, etc... et ce nombre de trois religieuses s'est maintenu jusqu'à une date récente où l'Hôpital a été affilié aux Services de Santé. Le modèle fixé était l'établissement d'Agen fondé en 1686.

 

On aurait aimé connaître ces religieuses parisiennes intrépides qui prirent leur bâton pour servir au loin, à Bazas, mais leur modestie nous les fera ignorer. Il semble que la première supérieure fut Soeur Gabrielle Duluard qui exerçait encore ses fonctions en 1732.  

Retour au sommaire.

 

LA RECONSTRUCTION DE L'HOPITAL.

 

Ce fut une affaire considérable : les bâtiments, probablement vétustes, réclamaient une modernisation, la chapelle devait être refaite, et ce chantier semble s'être produit entre 1730 et 1739, date de consécration de la nouvelle chapelle.  

Une pierre tombale trouvée dans la chapelle de droite et remisée récemment près de la sacristie nous renseigne sur une religieuse qui joua un rôle clé dans le chantier :

 

"Ci-gît Marie Montié qui  par ses soins et son habileté a fait construire cette .... (Maison ?) décédée le 24 juillet 1778".

 

On aimerait connaître l'architecte qui organisa la disposition des bâtiments, qui surveilla les travaux, mais nous n'avons pas de certitude. Néanmoins, une forte présomption pèse sur le principal architecte résidant à Bazas, qui se nommait Gabriel Marsaudon. C'est lui qui construisait dans ces années 1730 le Présidial de Bazas, devant la Mairie, et qui édifia entre 1740 et 1750 le château des Evêques de Bazas à Gans.

 

Une indication nous est fournie dans les registres paroissiaux de Guiron et l'Hôpital où, à la date du 26 décembre 1767, est inhumée dans la chapelle 

"Delle Marguerite Legrand, veuve de feu Marsaudon, architecte de 61 ans, habitant depuis un an dans l'Hôpital".  

Or, il n'y avait que les religieuses et les bienfaiteurs à avoir droit aux tombes privilégiées.

 

Les religieuses firent coïncider le 7 juin 1739 la consécration de la nouvelle chapelle avec les fêtes qui marquèrent à Bazas la canonisation de St Vincent de Paul, presque un enfant du pays.  

Retour au sommaire.

Il y eut une procession solennelle avec tous les notables, qui se renouvela le dimanche suivant, et les prêtres mentionnèrent qu'il y eut en ces jours environ 3.000 communions. Des reliques de St Vincent sont données par le Supérieur de l'Ordre des Missions "en un reliquaire doré en forme de buste des morceaux du corps et un fragment de ses habits à son décès."

 

Un descriptif de la chapelle dressé en 1739 nous dit que l'on vient de bâtir un petit clocher sur le frontispice pour lequel le chapitre a donné une cloche pesant un quintal. Au sanctuaire est un nouveau retable.  

La lampe d'argent donnée par Monseigneur est placée à la chapelle en l'honneur de St Vincent. La chapelle de St Vincent qui vient d'être finie est du côté de l'Evangile, l'autel de St Antoine est en face. Il y a un très beau retable à St Vincent, 2 beaux tableaux de chaque côté de la nef et 4 autres qui représentent les vertus cardinales. Au milieu de la nef est un beau lustre doré avec 12 bougies.

 

Mais les travaux n'étaient pas finis. En 1766 une imposition supplémentaire est demandée par les jurats de Bazas pour divers travaux à la chapelle, la jurade fournissait en 1774 le bois pour réfection du retable; enfin, en 1774, une partie de l'hôpital était reconstruite.

 

L'Hôpital bénéficiait de diverses ressources, notamment des revenus de la Commanderie de Beaulac avec un moulin qui lui avait été cédé. Mais les soucis financiers ne manquaient pas aux religieuses.  

Voici quelques Supérieures : 

Soeur Marie-Thérèse de Rancourt jusqu'en 1745, puis Jeanne Godefroy qui mourut en 1767, Soeur Marie Montier, décédée en 1778.

Retour au sommaire.

 

L'HOPITAL SOUS LA REVOLUTION ET L'EMPIRE.

 

Les décrets de l'assemblée nationale législative qui supprimaient les ordres religieux, nationalisaient les biens du Clergé, et chassaient les réguliers comme les séculiers, firent une exception pour les ordres hospitaliers, en ce sens que les religieuses étaient requises pour rester sur place et continuer leurs services. 

 

Ainsi, nous savons qu'en 1792, les trois religieuses étaient : Antoinette Barrié, Supérieure, 60 ans, Félicité Foumié, 34 ans, Anne Alaluquetas, 26 ans. Elles restèrent mais eurent mille difficultés pour se procurer des ressources afin d'assurer l'hébergement.

 

Elles furent expulsées le 20 Octobre 1793, et remplacées dans la direction de l'Hospice par la citoyenne Thérée et ses deux filles, dont " le civisme était pur". 

 

Mais, sous leur conduite, l'Hospice arriva promptement à la ruine. Dans son procès-verbal du 20 Vendémiaire an IV, le Secrétaire de la Commission dut déclarer que toutes les ressources de l'Hôpital étaient épuisées et que l'on était à la veille de manquer "entre autres choses de pain", sans lequel, pensait-il, rien ne pouvait aller.

Pendant ce temps, les Filles de la Charité " étaient en prison"

 

Elles en furent relâchées à condition de prêter serment. Elles furent recueillies par des catholiques dévoués : Mrs Bonfils, Dupont et Raymond. Elles allaient en costumes laïques porter des consolations et des secours aux pauvres malades.

  "SaintVincent de Paul et la Révolution Française" (Annales de la Mission, page 365) Yves Maria Salern.

   

De grosses difficultés survinrent sous le Premier Empire, à partir de l'été 1808, où il fallut soigner les blessés de la Grande Armée en guerre en Espagne. Les hôpitaux de la route depuis Bayonne étaient pleins, ils furent logés à Mont de Marsan, à Bazas, à Bordeaux, quitte à se trouver entassés, surchargés.

 

Les religieuses de Bazas envoient des doléances au Commissaire des guerres de Bordeaux, le 4 février 1810 :

 

Retour au sommaire.

"L'hospice civil de Bazas, créé pour le soulagement des pauvres de la commune se trouve comme autrefois composé de 2 salles, l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes. Dans l'état primitif, il y a 6 lits dans chaque salle mais aujourd'hui 12 lits chez les hommes, 8 lits chez les femmes. L'hospice civil peut recevoir en ce moment 20 militaires et en doublant les lits 40. (c'est à dire que la salle des femmes avait été supprimée pour elles)

 

Mais il faudrait alors évacuer les malades civils, comme on l'a pratiqué depuis le passage des troupes extraordinaires des militaires qui se rendent en Espagne ou en reviennent... Des travaux considérables pourraient être faits... On pourrait aller jusqu'à 80 malades.... Mais les immeubles ont été vendus comme biens nationaux, les créances sur les particuliers sont mal payées, il est dû à l'hospice 4000 francs pour les enfants abandonnés, plus de 12000 francs pour l'hébergement des prisonniers espagnols de 1808...

enfin, d'énormes soucis.

 

D'après les registres des décès de la ville de Bazas, voici un tableau qui montre l'activité de l'hôpital et la misère des guerres : ces 7 années furent terribles, et les Supérieures qui eurent le mérite de les gérer furent Soeur Guillon jusqu'en 1811, puis Soeur Anne Plaige.

 

Décès de l'hospice civil de Bazas.

 

Années.

Soldats.

Prisonniers Espagnols.

1808

48

11

1809

20

19

1810 7 1
1811 9 10
1812 15 3
1813 63 2*
1814 61 2
Total 223 47*
*Plus un prisonnier anglais.

     

Retour au sommaire.

Une copie de l'inventaire mobilier de la chapelle, de la sacristie et de la pharmacie de l'hôpital de Bazas dressé le 24 décembre 1811 a été conservée dans les archives et nous donne de nombreux renseignements : il y a 3 chambres : celle du bureau, celle des soeurs, celle de la lingerie, la salle des hommes avec 13 lits, celle des femmes avec 7 lits, l'infirmerie, la souillarde, la cuisine garnie, la buanderie enfin la pharmacie où sont détaillés les pots en faïence, chevrettes, cantines de verre, bouteilles, flacons, carafes. Les ornenents et vases sacrés de la chapelle sont passés en revue.

 

Dans la chapelle, une plaque émouvante rappelle que le 18 janvier 1792 fut inhumé ici le dernier évêque de Bazas, Mgr Jean Baptiste Amédée de Grégoire de Saint Sauveur, 

"ci-devant évêque de Bazas qui, par la suppression de son siège en était devenu simple citoyen, âgé d'environ 83 ans."

 

      Pierre CO UDROY DE LILLE.

 

 

Retour au sommaire.

 

PRESENTATION ARCHITECTURALE.

 

L'ensemble tel qu'on le découvre depuis la rue Saint Antoine pourrait être daté du XVIIème siècle par l'ordonnance des volumes et les références du vocabulaire architectural. En fait, nous savons que la plupart des travaux de construction sont postérieurs et l'agrafe d'une arcade intérieure porte la date de 1737.

 

Le plan obéit à une composition classique : un corps central flanqué de petits pavillons d'angle (réalisés par des tours pigeonniers) et des ailes en retour d'équerre qui définissent une cour.  

Cette cour, de dimensions modestes, est fermée par un mur d'enceinte et un portail placé dans l'axe médian. Le corps central est couvert par une charpente dite "à la Mansart", caractéristique de l'architecture française aux XVIIème et XVIIIème siècles. 

 

Le brisis est revêtu d'ardoises de même que la toiture pentue des pavillons d'angle. Au sommet de ceux-ci ont été placés des épis de faîtage en zinc, terminés par une girouette figurant un dauphin.

 

Girouette à Dauphin.

Comment expliquer le remplacement du coq traditionnel par un dauphin à la queue empanachée à chacune des deux girouettes de l'Hôpital de Bazas ?

 

Il est possible qu'une part du financement de la reconstruction de l'hôpital ait été faite par le Roi et la Cour, et qu'en reconnaissance on ait figuré l'emblème du Dauphin royal, fils de Louis XV. 

Voici comment on peut l'expliquer : Mgr Mongin fut évêque de Bazas de 1724 à 1746, 

Auparavant il fut Précepteur chez les Princes de Bourbon Condé, du Duc de Bourbon, l'aîné, né en 1692, et du Comte de Charolais, né en 1700. 

Par eux, Mgr Mongin ftéquentait la Cour, approchait le Roi et la reine; il était Académicien depuis 1708, et fut un Prédicateur célèbre à Versailles et auprès des Grands.

 

Retour au sommaire.

0n trouve deux niches encastrées dans le mur Est situé tout contre la cour d'arrivée du nouvel hôpital.

Saints Roch et Raphaël.

Hôpital de Bazas.

Elles contiennent chacune la statue d'un Saint.

 

 Saint ROCH dans la niche de gauche. Saint Roch fut vraisemblablement un pèlerin languedocien qui se rendit à Rome dans le second tiers du XIVème siècle. Sur le chemin du retour, à Plaisance, il contracta la peste et dut se retirer dans un bois des environs, où il fut nourri par son chien qui allait chaparder du pain dans les maisons voisines, Il guérit miraculeusement de cette maladie.

Dans la vénération qui entoura son nom par la suite s'est exprimée l'angoisse des hommes de ce temps face à la maladie et à la mort qui les menaçaient quotidiennement, mais aussi leur confiance dans l'intercession d'un pauvre pèlerin que Dieu avait guéri de la peste en lui conférant le pouvoir d'en délivrer ceux qui se placeraient sous sa protection.  

La statue de Bazas représente Saint Roch portant la barbe, signe distinctif du voyageur Il porte les attributs habituels du pèlerin : le chapeau à larges bords et le bourdon.

Il soulève sa tunique pour montrer sa cuisse gauche porteuse d'un bubon pesteux. Il est accompagné par son chien.

 

L'archange Saint Raphaël dans la niche de droite. Raphaël est un nom de fonction qui signifie en hébreu: Dieu a guéri.

 

Dans l'Ecriture, il est un ange gardien et un ange médecin qui guérit Tobie de sa cécité. Il est considéré comme le protecteur des médecins, infirmières , soignants de toutes spécialités, mais surtout des apothicaires. La statue de Bazas le représente en train de lutter contre un poisson redoutable qui s'était attaqué au fils de Tobie.

 

Remerciements à Maître P. Darriet pour la diffusion de ces informations.

 

Retour au sommaire.

Les différents corps du bâtiment présentent des chaînages d'angle harpés avec bossages, également caractéristiques de l'époque.  

La façade principale est régulièrement percée de hautes baies rectangulaires avec appuis saillants moulurés et linteaux en arc brisé. L'encadrement en pierre de taille de la porte d'entrée est souligné par un tore semi-circulaire.  

Une terrasse surélevée de trois degrés et limitée par un garde­corps à balustres carrés en poire, a été établie sur la largeur créée par l'avancée des deux tours; cette élégante disposition souligne le soin apporté au projet, en cela aussi conforme au modèle de la "demeure à la français ".  

Sur le côté gauche a été construite la chapelle.  

Sa façade composée suivant un axe vertical répond avec sobriété aux canons du classicisme même si le fronton triangulaire qui la termine a été curieusement tronqué pour correspondre aux exigences du plan.  

Le portail, en arc plein cintre, est encadré par deux pilastres à chapiteaux toscans surmontés d'un entablement et d'une corniche. Au dessus, un cartouche, qui devait être orné d'un motif ou d'une inscription aujourd'hui effacés.

 

Les deux statues d'anges posées sur la corniche sont des rajoûts.  

La date 1772 est inscrite sur le couronnement en ferronnerie qui surmonte la grille du portail d'entrée de la cour.  

Cet ornement est sans doute contemporain des piles de pierre avec leurs beaux vases d'amortissement qui encadrent l'ouverture.  

Retour au sommaire.

Par contre, la grille proprement dite est en fonte moulée et date seulement de la fin du XIXème ou du début du XXème siècle, elle a malheureusement remplacé l'ouvrage primitif.

 

Une visite des combles du bâtiment central permet de s'apercevoir que la charpente a été entièrement refaite à une époque proche (tout en respectant la conception d'origine).  

La couverture en tuiles "de Marseille" s'est substituée alors à une couverture en tuiles canal qui siérait mieux à la typologie de la construction.

 

Côté jardin à l'Est, la façade, linéaire, est simplement marquée par les ressauts de la partie centrale.  

Le principal élément de décor est le balcon du premier étage avec garde-corps en fer forgé sur lequel s'ouvre une porte­fenêtre. Le comble se signale par trois lucarnes dont le style et la facture sont de la fin du siècle dernier, reconstruites en même temps que la toiture comme les souches de la cheminée.  

Ces lucarnes, pour être plus récentes, reprennent certainement une disposition qui existait dans les années 1730.

 

Dominique LAMBERT.

 

Retour au sommaire.

 

Bazas

une " halte"  

sur le chemin d'aujourd'hui

 

Sur la route de St Jacques, le pèlerin de Compostelle doit faire des étapes pour nourrir et reposer son corps.

Mais il est merveilleux de constater que toutes ces étapes sont aussi pour lui des haltes porteuses de richesses : richesses spirituelles (la cathédrale de Bazas en étant un témoin privilégié), richesses humaines (le pèlerin s'arrête pour rencontrer l'autre), richesses culturelles (émerveillement devant les sites).

 

Car si la marche est majeure dans l'expérience du "Chemin", elle n'est pas la seule : l'étape, le refuge en font partie intégrante pour ne former qu'un tout.  

Le pèlerinage est à la fois un voyage (se mouvoir, évoluer dans l'espace, effectuer un parcours) et des étapes (arrêts qui donnent ou redonnent sens à la démarche... ) 

 

Tout pèlerin aimera parler à son retour de son expérience de la route mais aussi de ses rencontres, de ses réflexions qui sont nées et ont pris corps à l'occasion des haltes salutaires.  

Bazas se trouve sur la route de Vézelay qui prend sa source à Gdansk en Pologne. Les marcheurs accueillis sont donc en majorité belges, allemands, danois et bien sûr français.  

Localement, le pèlerin arrivant à Bazas vient de La Réole, Pondaurat et va vers Captieux, Retjons, Roquefort. 

Retour au sommaire.

 

L'étape bazadaise est " obligatoire " à en croire le dernier guide européen de Compostelle : " Bazas est une des étapes les plus extraordinaires sur le chemin de St Jacques... "

Pour cela, l'accueil doit être organisé pour que le pèlerin ne chante pas le verset du psaume 141 "Pour moi il n'est plus de refuge, personne qui pense à moi" !

 

Les origines du petit refuge.

 

Devant le nombre toujours croissant des demandes d'accueil de nuit, le Secours Catholique de Bazas a construit en 1989 un abri pour recevoir les "pèlerins" du XXe siècle : sans domicile fixe, routards, personnes en difficulté, chercheurs d'emplois saisonniers.  

C'est ce même abri qui accueille les pèlerins de St Jacques. Ce fut un chantier effectué par les bénévoles du Secours Catholique, aidés par un maçon ayant été lui-même accueilli quelque temps auparavant.  

Même l'aumônerie des jeunes s'y est associée en trouvant un peu d'argent pour financer les matériaux.  

Depuis sa naissance, de nombreuses personnes ont bénéficié de cet accueil. Il est un lieu de passage pour, en principe, une seule nuit, et peut recevoir deux personnes.  

Abri succinct, il demandait d'une manière urgente des améliorations. C'est la Mairie de Bazas qui, cette année, a pris en charge la totale rénovation du local : toiture neuve, aménagement des sanitaires (absents jusque là), bonne électrification pour le chauffage...

 

Retour au sommaire.

Que trouve le pèlerin arrivant sur Bazas ?

 

Tout d'abord l'accueil d'une personne. En effet, ce sont des bénévoles qui consacrent du temps à accueillir, guider et accompagner les futurs "habitants". Les pèlerins y sont très sensibles. 

 

Solitaires ou en couple, originaires souvent de pays étrangers, ils aiment à entrer en contact avec des gens du coin et c'est toujours une grande chaleur humaine qui se dégage de ces rencontres.

 

Un vrai logement. Sujets à émerveillement : des draps (alors qu'ils ne connaissent depuis des mois que leurs sacs de couchage !), une douche avec l'eau chaude ...  

Merveille, car si en Espagne les refuges sont nombreux et organisés, en France, le pèlerin est confronté à une course d'obstacles pour trouver un accueil, et cela, pas toujours avec succès...  

Une table. Il est en effet possible de prendre un petit quelque chose de chaud grâce au réchaud ; mais l'hôpital peut fournir aussi un sandwich. Dans le cas d'un S.D.F., le Secours Catholique fournit aussi un colis repas mais les pèlerins sont en général totalement autonomes.  

A travers tout cela, la "Halte" de Bazas semble correspondre à l'attente du pèlerin de Compostelle. Ainsi à son départ tôt le matin, nous sommes sûrs qu'il porte "dans son sac" jusqu'auprès de St-Jacques quelque chose de son repos à l'ombre de la Cathédrale St-Jean-Baptiste.

Francis AYLIES.

 

Retour au sommaire.

 

   

La Vie de l'Association.

 

 

La sortie annuelle des Amis de la Cité de Bazas se déroula sous le beau temps jusqu'à présent traditionnel.

 

La Bergerie de Gattemina.

 

La région choisie fut celle, voisine, des " Lugues ", partie lot et garonnaise de l'Albret qui, pour des raisons historiques et judiciaires, présente un caractère assez spécial.

En effet, contrairement aux autres parties de l'ancien duché d'Albret, confisqué en entier à la Révolution, cette région des Lugues, qui était du ressort du Parlement de Toulouse, fut restituée à la famille de la TOUR D'AUVERGNE, héritière des Ducs de BOUILLON, et de ce fait, ne possède pas de communaux.

 

Elle échappa donc aux ventes de 1857 et aux "modernisations" locales qui s'en suivirent. Son habitat et ses monuments ayant conservé l'aspect qu'ils devaient avoir à la fin du XVIIIème siècle. 

 

Ce pays, quoique reboisé en entier par des propriétaires particuliers, est resté fort intéressant au point de vue architectural.

 

Le premier édifice visité fut, à la sortie du village de LARTIGUE, la métairie de HOURTAN, du début du XVIIe siècle, qui renferme une cheminée monumentale de style Renaissance, surprenante dans un environnement plutôt modeste. 

 

Sans doute cette maison fut-elle bâtie à l'époque par quelque Cadet de Gascogne plus riche de souvenirs de la Cour de Paris que d'écus !

 

Derrière la maison de Hourtan, l'assemblée put admirer la bergerie de GATTEMINA (nom gascon de la chenille processionnaire !)

Retour au sommaire.

 

Cette construction, à cour fermée, est un intéressant spécimen de ces édifices ruraux, chefs d'oeuvres des charpentiers du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle qui étaient naguère assez nombreux mais qui, à l'instar des curieuses bergeries de plan circulaire, ont pour la plupart disparu depuis la guerre de 1914.

 

Quelques tours de roue nous menèrent ensuite, au bout d'une piste forestière récemment empierrée, à l'importante chapelle de GOUTS, que la carte Michelin orthographie "GOUX" (les cartographes du siècle dernier, peu soucieux des noms locaux, sont d'ailleurs coutumiers du fait. 

 

C'est ainsi qu'ils ont baptisé "Luxurguey" le petit château de M. de Lafage situé près d'ALLONS, ce qui amenait son voisin M. Jacques LEMOINE, le regretté fondateur du Journal Sud-Ouest à se demander quel genre de luxure pouvait bien être pratiqué dans ce coin reculé de la lande !  

Mais que, l'on se rassure, il y a certainement moins de "luxure" à cet endroit qu'ailleurs, ce lieu devant être orthographié "Luc suriguey" c'est-à-dire "le bois aux mulots" ou sourigues en gascon. Ce qui est plus convenable !

 

Mais revenons à la Chapelle de GOUTS dont l'importance est surprenante en plein milieu des bois et à quelques mètres du Ciron. 

 

Les chroniques locales nous apprennent que cet édifice fut construit au XIVe siècle pour être une annexe de la paroisse d'ALLONS. 

 

Peut-être un gué sur la rivière incita-t-il ses constructeurs à édifier à cet endroit un sanctuaire et une étape pour les pèlerins de St-Jacques de Compostelle ?

Retour au sommaire.

 

En tous cas, une communauté de bûcherons s'installa très tôt autour de la chapelle pour alimenter en bois des verreries et au XVIIIe siècle la population de GOUTS était supérieure à celle d'ALLONS.

 

Grâce à l'obligeance de l'adjoint au Maire de cette commune, qui vint sur place nous ouvrir les portes de la chapelle, nous pûmes en admirer l'intérieur, du gothique le plus pur, et constater qu'il existe sous le crépi des murs des traces de fresques du XIVe siècle dont le dégagement et la restauration mériteraient à être rapidement entrepris.

 

Cet édifice, placé au début sous l'invocation de St-Jean-Baptiste (St-Christophe, patron des voyageurs, étant celui de l'église d'Allons) fut placé par la suite sous celui de Saint-Clair à cause des sources voisines, souveraines parait-il contre les maladies des yeux.  

Un pèlerinage y réunit encore, chaque année, une nombreuse assistance.

 

Après GOUTS, la caravane se rendit au Château de TOURNEUVE dont il reste encore une tour en " garluche " du XIVe siècle, édifiée comme sa soeur la Tour d'Avance, sur les frontières du Duché d'Albret.

 

Une piste forestière, plutôt difficile à parcourir, nous conduisit enfin au Château de CAPCHICOT, maison forte du XVIe siècle, encore bien conservé, qui est l'objet d'une légende dont Henri IV est naturellement le héros. 

 

On raconte en effet que ce roi, chassant dans ses forêts, perdit un soir ses compagnons et vint demander l'hospitalité à un charbonnier dont la cabane s'élevait à cet endroit.  

Retour au sommaire.

Pour le remercier, il gratifia son hôte de solides subsides qui permirent à ce dernier d'élever là son château.  

L'histoire serait jolie si les archives de Capchicot ne nous apprenaient pas que ce château appartenait à l'époque à une famille de LAVAYSSIERE dont un représentant fut assassiné au moment des Guerres de Religion par son voisin Trajan de PIIS, dont les démêlés avec la justice alimentèrent la chronique criminelle de la région.

 

L'heure de midi étant dépassée, les participants se rendirent à ESCAUDES où un menu régional fort agréable leur fut servi au restaurant " L'Escaudais ". Pendant le trajet, ils purent admirer de nombreuses maisons à colombages, la plupart fort bien entretenues, qui font le charme de cette région peu connue des Lugues.

 

Après le déjeuner, l'excursion se termina par la visite du beau château du BOSCAGE, récemment restauré, véritable bijou du XVIIe siècle lui aussi plutôt ignoré de nos concitoyens malgré sa proximité de Bazas.

 

Jean REGLAT.

 

 

 

Retour au sommaire.

 

Réalisée le 20 août  2002  André Cochet
Mise sur le Web   septembre  2002

Christian Flages

Retour page d'accueil de Bernos-Beaulac