Poésies 

Mémoire de Bommes, livre 

   

 

Sommaire:  Château Barjumeau
   Si le Ciron avait voulu
  Les crues de la Garonne
  Sauternes, fils de Dionysos

 

 

Château BARJUNEAU, à Sauternes (Gironde)

 

Château Barjumeau, sobre Château français,
Modeste est ton habit, mais riche est ta ceinture,
Sertie de ceps jaunis, par la brise courbés,
Parmi les pampres verts étendants leur armure.

 

 

VIN DE HAUT SAUTERNES

 

Blondeur irradiante en mon verre jaloux
Du parfum concentré que dégage ta sève,
Haut Sauternes, ambroisie qu’on doit boire à genoux,
Baisant le sol fécond qui a permis ce rêve.
Nos sens, exacerbés par le furieux courant
D’une vie déchaînée en un constant tumulte,
Y puisent un repos toujours plus attirant,
Et le coeur réjoui de réconfort exulte.

Ni la figue séchée par un soleil ardent,
Ni le miel embaumé, produit des monts attiques,
Ni l’essence éthérée des flores d’Orient,
Ni les fruits plantureux du pays exotique

Aux jeunes, il procure une noble énergie :
Au vieillard épuisé, l’élan généreux,
La femme raffinée, digne fille d’Hygie,
Raffole de ce philtre au charme séducteur.

 

N’atteignent - et de bien  loin - la douceur infinie
De ton suc qui s’affine au long cours des années,
Après le stade bref de la zymotechnie
Mansencau, le Maître, a traité ses vinées.

 

Zélateur des vertus de notre fière race
Qu’hypocondrie et hargne essaieraient d’appauvrir
Du CHATEAU BARJUNEAU le puissant élixir,
Aussitôt convié, chassera la menace.

 

Mémoire de Bommes Livre 4

Transcrit par Isabelle DUCOUSSO

Retour au sommaire

.

Si le ciron avait voulu !
Fantaisie
Air si la Garonne avait voulu.

 

Si le Ciron avait voulu
Lanturlu
Quand il émergea de sa lande,
Entre deux racines de brandes,
Vers l'Océan se promener,
Qui donc eût pu le détourner
De ce dessein autocratique ?
Si le Ciron avait voulu
Lanturlu
Il aurait grossi l'Atlantique.

 

Si le Ciron avait voulu
Lanturlu
Contrariant la destinée,
Poursuivre à l'Est sa randonnée,
S'élancer dans un geste fol
Jusqu'en le fief du grand Mogol,
Au bout de la ronde machine,
Si le Ciron avait voulu
Lanturlu
Il pouvait arroser la Chine.

 

Si le Ciron avait voulu
Lanturlu
Au lieu de traîner sur sa vague
Un vague radeau qui zigzague,
Il possédait tout ce qu'il faut
Pour accueillir un paquebot
Et faire flotter, quoi qu'on die,
Si le Ciron avait voulu
Lanturlu
Des bateaux type " Normandie".

Si le Ciron avait voulu
Lanturlu
Dépasser, de lui rien n'étonne,
Le volume de l'Amazone,
Et record encore plus hardi
La longueur du Mississipi,
Tout simplement, pourquoi le taire,
Si le Ciron avait voulu
Lanturlu
Il faisait le tour de la Terre.

 

Si le Ciron avait voulu
Lanturlu
Quitter son pays de Gascogne,
Il pouvait franchir sans vergogne
La France entière tout de go,
Pénétrer jusque chez les Goth;
S'affranchissant de tout scrupule
Si le Ciron avait voulu
Lanturlu
Il flirtait avec la Vistule

 

Mais le Ciron avait voulu
Lanturlu
Oublier au fil de son onde
L'écho de la sylve profonde,
Goûtant le magique décor
Des ceps fleuris aux pampres d'or,
Il dédaigna la mappemonde
Notre Ciron n'a pas voulu,
Lanturlu,
Disparaître ailleurs qu'en Gironde.

 

Mémoire de Bommes Livre 5

Retour au sommaire

 

Les crues de la Garonne
Les Esprits de la Garonne.

Par André BERRY (1942)


Notre Garonne était déjà gonflée,


Quand un beau jour, ensemble et tout d'un coup,
S'enflèrent l'Aveyron, le Tarn et l'Agoût. 

Ceux qui, de loin, entendirent la trombe,
Epouvantés, gagnèrent les coteaux,
Et, du versant, virent comme une trombe
Arriver la masse des eaux.

Tel un seul bloc de chevaux à la charge,
Le flot passe, si puissant et si large.
Qu'en peu d'instant, des fermes aux châteaux,
Sur ses deux bords, il changea tout en tombe.

Il emportait dans ses rudes bouillons
Les gens avec les biens roulés en tourbillons.
Dans la distance, en pleines eaux bâties,
Saint Macaire et Langon semblaient sur pilotis.

Une heure encore, et de toute la plaine,
Sous la bise aigre et les oiseaux criards,
Il ne restait qu'un laguneux domaine,
Les platanes pour nénuphars

Où les hameaux, les villages, les villes,
Pour un moment formaient de faibles îles,

Où, soit rangés, soit vaguement épars,
Peupliers, tours, poteaux pointaient à peine,
Jusqu'à noyer digues et parapets
Montaient les flots plus noirs, plus lourds et plus épais.

Et des objets, des corps de toutes sortes
Filaient sur l'eau; des hommes retournés,
La croupe au ciel, et puis des femmes mortes,
Montrant au contraire le nez.

Se dandinant passaient de grosses outres;
C'étaient des boeufs. Tout droit, fonçaient les poutres.

Des bâtiments, par morceaux, entraînés;
Les toits rompus couraient après les portes.
Suivaient ce train des poulets par milliers,
Des cortèges d'habits, de coiffes et de souliers.

Comme tonneaux, au penchant des collines,
Cela roulait, sur les piles des ponts,

Rebondissait, se cognait aux ruines,
S'empêtrant dans les faibles fonds.

Les grands noyers semblaient chargés de singes; 
Gens qui hurlaient en agitant des linges;

D'autres, montés aux faîtes des maisons, 
Contre le flot raidissaient leurs poitrines; 
D'aucuns, leur porte, ou leur toit pour radeau, 
Ramaient, à moitié nus, drapés dans un rideau.

Si loin, pourtant, les ondes étalées 
Ralentissaient leur redoutable cours, 
Puis dégageaient digues, routes, allées, 
Bancs de boue et restes de bourgs,

Et dans la vase, au tiers ensevelies, 
Reparaissaient des maisons démolies. 
On appelait des gens qui restaient sourds; 
On appelait des bêtes envolées.

Les canards seuls, par des cris incongrus, 
Répondaient, préservés, au nom des disparus.

Ainsi la terre était assez marrie; 
A peine était un seul souffle tiré 
De tout ce qui, dans la calme prairie, 
Avait récemment respiré.

Trop bien avait de la rude Garonne 
Avait à ses doux bords paru l'âme félonne. 
Trop avaient cieux, ondes et nuit conspiré, 
Et maintenant, comme une moquerie,

Peignant de frais épaves et toits béants, 
L'inutile arc-en-ciel brillait sur ce néant.

 

 

 Mémoire de Bommes livre 8

Retour au sommaire

 

 

 

SAUTERNES, FILS DE DIONYSOS.

Brigitte FAURE, 1997

Oh, Sauternes! Vin de joie
Soleil en Bouteilles
Lorsque je te déguste
Mon palais en émoi
De douceur s’émerveille.
Joyau de ce terroir
Que la vigne nous donne
Le temps est plein d’espoir
Avec la main de l’homme.
Les brouillards du Ciron
Caressent les grains de velours
Le soleil et la saison
Tendrement leur fait la cour,
Né de cette union
Botrytis cinerea,
Précieux champignon
Offre son pourri délicat
Au sémillon,
Muscadelle et sauvignon

 

Vendangé grain par grain
Délicatement pressé
Elevé avec soins
Par le maître de chai,
Le nectar délicieux
Pour être à l’apogée
Dans le chêne précieux
Des mois doit séjourner.
Oh, Sauternes ! Vin d’amour
Aux arômes délicats,
A la robe dorée,
Après ce long parcours
Tu nous combles de joie.
Nos papilles s’éveillent
Jamais on ne t’oublie
Or en bouteille
Source de ce pays
Vin que j’aime, Oh ! Sauternes
Devant toi, je me prosterne.

 

 

 Mémoire de Bommes livre 4

Retour au sommaire

 

Réalisée le 14 mars 2002  André Cochet
Mise ur le Web le  mars 2002

Christian Flages

Mise à jour le