La vie paroissiale au 17ème et 18ème siècle

dans la basse vallée du Ciron.

Conférence
par
 
M. Jean DARTIGOLLES.
à
 BOMMES le 8 mars 2002.

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Sommaire:

Le sujet.

La Paroisse, son Curé, son Vicaire.

                                    La Paroisse.

                                    La Dîme.

                                    Le Casuel.

                                    Les quartières.

                                    Les Vicaires.

La pratique religieuse.

                                    Ceux qui vont et ne vont pas à la messe.

                                    Entrons à l'église.

                                    Les fêtes d'obligations religieuses.

                                    Les processions.

La vie matérielle de la paroisse.

 La vie paroissiale sous la Révolution.

                                    La Constitution civile du Clergé.

                                    La chasse aux cloches.

                                    La suppression du culte catholique.

                                    La clandestinité et la Résistance.

 Vers l'Église concordataire.   La normalisation.

Le Sujet. 

De temps immémoriaux et jusqu’à l’entre deux guerres, la religion a profondément irrigué le tissu social de nos villages et même, dans les derniers temps de la période, disons pour fixer nos idées de 1900 à 1930, la religion, qui avait déjà perdu une part assez notable de son influence était encore une valeur de référence fondamentale, ne serait-ce d’ailleurs que pour ceux qui la contestaient. 

Vinrent ensuite, très progressivement, des temps qui ont conduit jusqu’à nos jours, ce que j’appellerai le temps de l’indifférence où finalement les conflits se sont apaisés..

De cette longue, très longue période d’imprégnation profonde, nos sociétés laïques actuelles ont conservé des quantités de souvenirs, ne serait-ce que le calendrier, avec son repos hebdomadaire du dimanche qui est un souvenir religieux, tout comme  7 des 11 fêtes légales que nous connaissons encore qui, elles aussi, ont une origine religieuse.

On ne saurait absolument pas comprendre ce qu’a pu être la vie quotidienne de nos ancêtres si on ne fait une référence constante à la vie paroissiale et religieuse de nos villages.

C’est dire toute l’importance,  pour ceux qui s’intéressent à la chose,  du sujet que nous abordons ce soir, en écartant toutefois de notre propos tout ce qui concerne la vie monastique, qui, elle, constitue un tout autre sujet.

Nous nous en tiendrons strictement à la seule vie paroissiale de nos villages, à travers les 17ème et 18ème siècles, jusqu’au seuil du Concordat du 14 Juillet 1801 qui  a ouvert l’ère de l’Eglise Concordataire. Il a duré pendant tout le 19ème siècle et constitue lui aussi, un tout autre sujet.  

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La Paroisse, le Curé et son Vicaire.

La paroisse et la Dîme.

Chaque village constituait une paroisse dont les limites étaient dans la plupart des cas identiques à celles des communes actuelles. 

A la tête de chaque paroisse, on trouvait un curé nommé par l’archevêque de Bordeaux ou pour la partie la plus haute du Ciron par l’évêque de Bazas. Ce Curé était souvent assisté d’un vicaire. Il y en avait un à Bommes, à Landiras, à Budos, etc.

Dans le vocabulaire ecclésiastique, une cure s’appelait un "bénéfice". Ce bénéfice consistait pour le curé au droit de percevoir une dîme sur les revenus agricoles de sa paroisse.

Ce système était fort ancien, son origine se perdant dans la nuit des temps. C’est Charlemagne qui l’avait institué dans son acte capitulaire d’Herstal  en 779, juste l’année après le désastre de Roncevaux.

Un curé ne recevait strictement aucune rémunération, ni du pouvoir royal, ni de ses supérieurs hiérarchiques. Au contraire c’est lui qui payait une sorte d’impôt qu’on appelait les quartières, dont nous allons reparler. Il le prélevait sur ses dîmes et le versait à l’archevêque pour le faire vivre.

Un curé devait donc vivre sur les ressources locales de sa paroisse, à savoir : les dîmes et le casuel.

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La dîme.

Contrairement à ce que son nom semble indiquer, la dîme ne représentait pas toujours systématiquement un prélèvement uniforme de 10%, des revenus agricoles.

Elle pouvait varier d’une paroisse à l’autre et même varier à l’intérieur d’une même paroisse entre les différentes productions qui lui étaient soumises.

Par exemple, et ce n’est qu’un exemple, on pourrait en trouver bien d’autres, à Budos, la dîme était de 10% sur les agneaux nés pendant l’année, de 12% sur la vendange et de 13% sur les céréales.

Dans certaines paroisses vers la lande, là où les gens étaient beaucoup plus pauvres et où ils avaient davantage de difficultés à vivre, elle se limitait à 8 % seulement sur les céréales, c’est à dire essentiellement sur le seigle.

 Autant dire que ce système liait le niveau de vie du curé au niveau de vie de ses paroissiens. Ceci aboutissait à des distorsions considérables entre les situations des différents curés.

Un curé en Médoc à St Estèphe ou à Pauillac qui prélevait 12 ou 13% de la vendange, dans un pays dont les vins, déjà, à l’époque, atteignaient des  prix situés sur des sommets, vivait littéralement dans l’opulence.

Mais le curé d’Origne ou de Bourideys qui prélevait 8% sur de très maigres récoltes de seigle vivait non seulement  au seuil mais à l’intérieur de la pauvreté.

 Ainsi, il y avait de bons et de mauvais bénéfices ecclésiastiques.  

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Dans certaines paroisses, à un certain moment de leur histoire, et quelquefois il y avait très longtemps, car cela pouvait remonter à un deux ou trois siècles, un curé, un curé de l’époque, avait vendu son droit de percevoir la dîme (il avait le droit de le faire) à un tiers, un seigneur, un riche bourgeois,  quelqu’un en tous cas qui pouvait le payer parce que c’était quand même assez cher, quelqu'un qui payait comptant une grosse somme d’argent; après quoi, c’était lui qui avait le droit de percevoir la dîme sur les paysans.

Le curé, le droit ecclésiastique le prévoyait, devait recevoir, parce qu’il fallait bien qu’il vive, une pension alimentaire. Et vous en connaissez le nom mais vous ne lui donnez certainement pas la même signification: elle s’appelait «  la portion congrue ».

 Cette somme avait été définie une fois pour toutes, en argent du moment où on avait fait la vente, et elle n’était pas révisable. Autant dire qu’au fil du temps, au fil des siècles, toutes les érosions monétaires l’avaient assaillie, et que par conséquent elle était devenue progressivement de plus en plus mince et de plus en plus dérisoire. 

Imaginez en transposant les choses sur le plan moderne, une pension alimentaire de 1.000 Francs or qui aurait été définie à la veille de  la guerre de 14 et serait restée fixée à 1.000 francs jusqu’au 31 décembre dernier lors de la disparition du franc.

Avec 1.000 F or, une personne seule vivait de façon très correcte avant la guerre de 14 et avec 1.000 francs par an en 2001, vous étiez SDF. C’est exactement ce qui s’était produit.

C’est la raison pour laquelle ce terme de "portion congrue" qui signifiait purement et simplement « pension alimentaire » a fini par prendre le sens que vous lui connaissez, c’est à dire celui de « dotation insuffisante ».  

Il a fallu attendre la fin du 18ème siècle et l’intervention de Louis XVI pour décider de revaloriser ces pensions  en les soumettant à une sorte d’échelle mobile pour que les pauvres curés puissent quand même vivre, enfin ceux  du moins qui se trouvaient dans des situations difficiles.

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Le casuel.

Entre temps comme il avait bien fallu qu’ils vivent, ces curés avaient inventé le casuel, c’est à dire qu’ils faisaient payer leurs services religieux.  Ils prélevaient sur leurs paroissiens une certaine somme pour les enterrements et les mariages.

Mais les paysans n’étaient pas d’accord du tout, et ils avaient raison car ils avaient le sentiment de payer deux fois. Ils payaient une fois leur dîme aux descendants de ceux qui avaient, plusieurs siècles avant, acheté le droit de la percevoir,  et ils payaient le casuel au curé; ils payaient littéralement deux fois. Ceci a soulevé des quantités de procès qui sont allés en appel jusque devant le Parlement de Bordeaux.

Encore faut-il dire que la dîme n’était pas un revenu net, car elle était suivant l’expression du moment « quérable et non portable », ce qui signifie qu’il fallait aller la quérir, c’est à dire que le curé devait aller chercher les agneaux à la porte du parc, qu’il devait aller chercher la vendange au bout des rangs de vignes et qu’il devait aller chercher les gerbes au bord des champs.

Et comme ce n’était pas lui qui le faisait lui-même,  il fallait qu’il embauche des journaliers, des bouviers, pour rapporter tout cela au presbytère. Encore, fallait il battre les gerbes, vanner le grain, le mettre en sac, le porter au marché pour le vendre, fouler le raisin, acheter les tonneaux. Tout cela était à prélever sur le rendement de la dîme. Elle ne constituait donc pas un rendement net.

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Les Quartières.

Mais ce n'était pas encore tout. Je vous ai dit tout à l’heure que les curés étaient chargés de faire vivre leur évêque. Sur ce qui restait de net après avoir payé tous les frais d’exploitation, il fallait qu’ils lui reversent une certaine proportion définie par une commission paritaire épiscopale qui siégeait auprès de l’évêque ou de l’archevêque et dans laquelle les curés de base étaient représentés par deux d'entre eux.

C'est là que se discutait le montant que l’on imposerait au curé de Léogeats, de Barsac, d’Illats, etc. Et alors là, si jamais vous aviez l’occasion, (car on a conservé ces lettres), de mettre la main sur les correspondances entre les curés de base et cette fameuse commission épiscopale, vous auriez une bien triste idée de nos villages : la terre y est toujours ingrate,  le climat y est malsain, les animaux sont chétifs, les paysans sont peu entreprenants, même les abeilles sont atteintes de maladies étranges qui les rendent improductives.

Vous l’avez bien compris, chaque curé essaye d’apitoyer la commission afin de faire réduire le montant de ses quartières. A ma connaissance aucun n’y est jamais parvenu.  

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Les Vicaires.

Et ce n’est pas encore tout. Les curés étaient tenus dans certaines conditions d’avoir un vicaire. Le vicaire était un salarié du curé qui devait le loger, le nourrir, le blanchir et lui verser un salaire.

Dans les paroisses de cette contrée, Landiras, Budos, Bommes, c’était 400 livres par an, c’est à dire le prix d’un troupeau de vaches de 16 têtes ou de 160 têtes de moutons.

Ce montant était prélevé sur le produit de la dîme car, qu’il y ait un vicaire ou pas, le taux de la dîme restait le même. D’après le règlement ecclésiastique de l’époque, ce vicaire était nécessaire à partir du moment où la paroisse réunissait 600 communiants.

Or tout le monde dans le village était réputé communiant, du moins tous les habitants agès de plus de 12 ans. Si vous y ajoutez les enfants, qui étaient fort nombreux à l’époque, compte tenu d'une mortalité infantile absolument désastreuse, un village de 600 communiants représentait environ 1000 habitants : 1.050 à Budos, environ 1.100 à Landiras. C’est à ce niveau là qu’on mettait un vicaire.

Les curés n’ont eu de cesse, et surtout après la dévaluation des monnaies, de chercher à se débarrasser de leur vicaire et ne pas en embaucher d'autre s’ils le pouvaient afin d'alléger leurs charges.  

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A partir de 1770, cela a été partout  à peu près systématique. Mais les paroissiens protestaient véhémentement car ils voulaient absolument un vicaire. La raison en était simple : c’est qu’à l’époque les prêtres n’avaient pas le droit de biner.

« Biner » c’est un terme qui existe encore, dans le langage ecclésiastique, c’est  dire 2 messes dans la même journée ; non bis in idem disait-on dans les séminaires, « non pas deux fois dans la même journée ».

 Actuellement les prêtres ont le droit de biner systématiquement. A l’époque, pour avoir deux messes un dimanche matin, il fallait avoir deux prêtres : un curé et un vicaire.

Les paroissiens étaient très attachés à avoir ces deux offices pour une raison fort simple. Tout le monde allait à la messe et la moitié de la famille partait de la maison pour assister à la première messe qui était très matinale, par ici 6h l’été, 7h l’hiver, laissant l’autre partie de la famille à la maison pour soigner les animaux, pour garder la maison aussi, car les incivilités comme on dit maintenant étaient déjà connues; et après la première messe, les uns rentraient à la maison, à pied tandis que les autres reprenaient le chemin de l'église

Ainsi donc, l’écart entre les deux messes était calculé pour pouvoir aller et revenir  entre la maison et l'église, à pied, et en sabots bien sûr.

Si dans un village un hameau était très éloigné l’écart entre les deux messes était plus grand que dans un village plus concentré.  Pour avoir leur deux messes, les paroissiens voulaient donc absolument un vicaire, vicaire que le curé faisait tout pour éviter.  

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Après avoir tenté de s’expliquer avec lui, et devant ce mauvais vouloir, ils s’adressaient à la justice et demandaient au juge civil de contraindre leur curé à leur fournir un vicaire.

Les tribunaux civils n’étaient pas tellement chauds pour s’occuper de ce genre d'affaires. Systématiquement ils se tournaient vers l’archevêque en lui demandant ce qu'il en pensait.

L’archevêque envoyait alors sur place un commissaire enquêteur. Nous avons quelques uns des procès-verbaux de ces enquêtes, qui sont souvent cocasses.

Tout le monde se réunissait dans l’église, le curé d’un côté et les paroissiens de l’autre. Le commissaire enquêteur est un prêtre de l’archevêché, et son greffier, un jeune prêtre en général.  

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Et voilà à peu près le genre de dialogue qui se noue:

Le curé dit :

« moi, j’ai fait les comptes ; je trouve 588 ou 592 paroissiens», par exemple.

« Pas du tout, répondent ceux-ci : »

« nous avons fait les comptes, et nous en trouvons 607 ou 612 » etc. En tous cas plus de 600.

Et chacun se mettait à compter et recompter: 

« Et celui là, est-ce que vous l’avez compté ?»

« Oui je l’ai compté ».

« Et celui ci  ?»

« Non je ne l’ai pas compté. Celui là il est à l’armée. »

« Oui mais il reviendra. Il faut le compter »  

Le commissaire enquêteur  qui n’est pas du pays, ne connaît pas ces gens là. Il n’arrive pas à démêler le vrai du faux et sent bien qu’on le mène en bateau, et finalement ne sait trop de quel côté pencher.

Ces affaires ont traîné en longueur. L’archevêque n’était pas du tout pressé de répondre, parce qu'il savait très bien quelle était la situation de ses Curés. Oh ! si cela avait été en Médoc, il n’aurait pas hésité un instant, il savait que le curé avec les revenus dont il disposait pouvait se permettre d’avoir un vicaire, mais, quand il s’agissait de Bommes ou de Budos, c’était nettement moins évident et il tardait à répondre.

Ces affaires ont commencé vers 1770-1775, et ont duré des années et des années. Quand la Révolution est arrivée, en 1789, bien souvent l’évêque n’avait pas encore répondu.  

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La pratique religieuse.

Ceux qui vont et ne vont pas à l'église.

Vous avez bien compris que tout le monde allait à la messe. Ceux qui n’y allaient pas, il y en avait quelques uns, étaient très rares. Oh! personne ne leur faisait de misères mais il pouvait leur arriver des aventures extrêmement désagréables.

C’est par exemple le cas d’une mauvaise surprise qui survint à Jean Maigna qui était de Budos. Voilà qu’il veut se marier avec Pétronille Lafargue qui était de Balizac.

Ils vont chez le notaire de Balizac, car il y avait un notaire à Balizac à cette époque, puis Pétronille va trouver le curé de Balizac :

 « Pourriez-vous publier nos bans ».  Oui, dit le curé et il publie les bans.

Jean Maigna va voir le curé de Budos :

 " Pouvez vous publier nos bans ».  Oui, lui dit le curé, et il ne le fait pas. 

Je vais passer sur les détails parce qu'ils sont rocambolesques. Le temps passe, les mois passent, et le curé dit toujours, « oui je verrai » et jamais il ne publie ces bans.

 Alors Maigna finit par en avoir assez et lui envoie une sommation judiciaire en le sommant de publier ses bans sinon il va l’attaquer en justice. L’huissier se présente au presbytère de Budos. 

Le curé le reçoit très aimablement. « Asseyez vous donc », l’écoute et dit : «je vais vous dicter la réponse »

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cette réponse nous l’avons, car l’huissier sous sa dictée, écrit :

« Que le dit Maigna n’est pas suffisamment instruit de la religion et des principaux mystères pour recevoir les sacrements de pénitence, d’eucharistie et de mariage, s’étant constamment refusé depuis son bas âge à assister au catéchisme et autres instructions qui se font dans ladite de paroisse malgré les avertissements réitérés qui lui ont été faits ».

La même aventure est arrivée en juin de la même année à Pierre Baudron qui voulait épouser Jeanne Mercandie. Même scénario, même silence, même sommation au Curé

Cette fois-ci le curé ne  refusera pas, non, non, non, il dicte à l’huissier qu’il ne s’opposera pas à ce mariage, mais il exige

« que le futur se présente devant que d’épouser pour voir s’il est instruit de ce qu’il doit savoir pour recevoir le sacrement du mariage ».

Je ne sais pas si vous vous rendez compte du jeu du chat et de la souris entre le curé qui est docteur en théologie et le pauvre Baudron qui est totalement analphabète.

Je ne voudrais pas que vous conserviez de ces deux anecdotes une image négative des curés de ce temps. Bien au contraire, nous rencontrons ici et là des gestes de compassion pastorale tout à fait remarquables de la part de certains d'entre eux.

Je vais vous citer par exemple le cas des protestants. Lors de la révocation de l’Edit de Nantes, nous nous rendons difficilement compte du drame que cela a pu être pour les protestants, à vrai dire assez rares, qui vivaient dans nos campagnes. Ils n’avaient plus accès à l’état civil puisque l’état civil était celui des sacrements. On y enregistrait les baptêmes et les mariages religieux.    

S’il n’y avait pas de sacrements il n’y avait pas d’inscriptions sur les registres. Les protestants ne pouvaient plus contracter mariage et leurs enfants n’était plus légitimes. Il y avait là de véritables drames. En ville, c’était un peu différent car les pasteurs tenaient des registres plus ou moins clandestins qui n’avaient pas de valeur légale mais qui avaient le mérite d'exister.

En campagne il n’y avait strictement rien. Alors vous voyez intervenir certains curés, en particulier celui de Noaillan. Si vous cherchez dans les archives de Noaillan, vous trouverez dans son registre des formules telles que celle-ci: « à telle date, j’ai accueilli ce jour à la porte de mon église, un tel, fils de un tel et d’une telle et une telle, fille d’un tel et d’une telle, et je les ai bénits. »

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Et ça c’était en infraction totale avec les ordres de sa hiérarchie ecclésiastique qui ne faisaient que répercuter les ordres de l’administration royale : pas d’état civil pour les protestants.

Mais qui pouvait empêcher un curé de recevoir quelqu’un sur la porte de son église?

Personne. Un curé pouvait toujours recevoir qui bon lui semblait.

Qui pouvait l’empêcher de les bénir ? Personne ; le jour de la Saint Roch, on bénissait même les bestiaux sur la place de l’église. Donc, il n’y avait pas de raison pour qu’il ne les bénisse pas.  Mais nulle part il est dit qu'ils sont Protestants

Ce faisant, il inscrivait cet accueil sur son registre. Certes il ne les avait pas mariés mais il les avait reçus et il les avait bénits et il en restait une trace sur le registre. On pouvait espérer que les enfants qui en naîtraient plus tard, seraient quand même considérés comme légitimes.    

Il y avait autant de profils de curé qu’il peut y avoir de types d’hommes. Il y avait des curés assez imbus de leur superbe et qui regardaient de haut le petit peuple. Ils étaient, disons, peu nombreux.

Et puis il y avait de braves curés qui étaient très, très proches des pauvres gens. Celui de Léogeats qui avait une fortune personnelle assez  considérable, quand il est mort,  a légué toute sa fortune aux pauvres de sa paroisse.

 Il y avait de très braves gens là-dedans : il y avait des curés soigneux, pointilleux, mais ceux là n’étaient pas très nombreux; et puis il y en avait des pagailleux, comme ce n’est pas croyable, il faut voir les registres qu’ils nous ont laissés;c’est une désolation pour ceux qui cherchent aujourd'hui sur les écrits qu’ils nous ont légués.

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Entrons à l'église

Je vais vous convier à pénétrer maintenant avec moi dans l’église. Allons à un office.

Sachez tout d’abord que le français n’y avait pas cours. On n’y parlait que latin pour la liturgie, ou gascon pour la prédication ou pour les annonces.

On s’y tenait debout et si vous étiez atteint par l’âge ou par une infirmité quelconque vous vous débrouilliez pour vous apporter un siège, c'était votre affaire.

Il n’y avait qu’un banc dans l’église, un banc de bois clos avec une barrière en bois, qui se trouvait soit en face de la chaire, soit dans le choeur de l’église.

C’était le banc du seigneur et de sa famille. Si vous saviez tous les litiges qu’il y a pu avoir sur ces affaires de banc du seigneur. Il pouvait y avoir plusieurs familles nobles dans une même paroisse, à Sauternes, il y en avait 7 ou 8; dans Bommes 2 ou 3;  à Budos 2 ou 3 également.

Mais il n’y avait qu’une famille qui avait droit au banc, celle du Seigneur du lieu, les autres étaient des nobles certes, mais ils n’avaient pas droit au banc. Seul le seigneur avait le "droit de banc". Il y eut à ce sujet bien des litiges.

La seigneurie à certains moments de l’histoire avait pu être partagée entre deux frères, ou vendue partiellement. A qui, en pareil cas,  allait le banc ? A telle partie ou à telle autre ? Chacun voulait le banc.  De là découlaient des contestations sans nombre.

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Que dire de l’aventure survenue à Jean Zaccharie de La Faurie, qui était seigneur d’Uzeste. Il vivait à Paris dans l’Ile Saint Louis et n’était jamais venu à Uzeste. On ne l’avait jamais vu.

C’était des hommes d’affaire qui géraient la seigneurie d’Uzeste et qui tous les ans lui envoyaient les revenus de la propriété qu'il dépensait allègrement à Paris.

Pris d’un soudain désir d’exotisme Jean Zaccharie de La Faurie se décide tout à coup à tenter l’aventure du voyage de Paris à Uzeste, car c’était une aventure, et il vient frapper à la porte de l’église d’Uzeste le 17 mai 1731 au matin.

Il avise le curé qui était là et lui dit :  « je veux m’asseoir dans mon banc ». Catastrophe! Ce banc, par accident, 4 ou 5 ans plus tôt, avait brûlé. Et comme on n’avait jamais vu le seigneur et qu’on pensait bien qu’on ne le verrait jamais, personne n’avait vu d’urgence particulière à le reconstruire.

Alors M. de La Faurie se met à trépigner sur place. « Mon banc, je veux mon banc, je veux m’asseoir dans mon banc ». Affolement général, scandale. On court chercher le notaire, on l’arrache à son étude, il n’a même pas le temps de tailler ses plumes, on sort du papier timbré, et il commence à écrire;

« Le quel dit seigneur, étant venu au présent lieu d’Uzeste en la dite qualité de seigneur du lieu, pour jouir des honneurs, droits et prérogatives attachés à la dite qualité,  est entré dans le choeur du présent lieu où il a trouvé son banc détruit en grande partie par le feu; en sorte que le dit seigneur n’a pu y prendre sa place; ce qui l’a obligé pour conserver ses droits de demander à Maître Jean Dubédat, prêtre, de lui faire apporter un prie-Dieu et un fauteuil à côté de son dit banc jusqu’à ce que le dit seigneur ait donné les ordres nécessaires pour faire construire un autre banc convenable, le  dit prêtre reconnaissant que le dit seigneur doit avoir tous les honneurs etc. »

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Bref, vous l’avez compris c’est une affaire de lèse-seigneurie pour bien peu de choses vous semble-t-il. Et bien ce n’était pas du tout l’avis du seigneur parce que ce banc était en quelque sorte le symbole des honneurs qui lui étaient dûs.

Qu’est ce que c’étaient que ces honneurs ? C’était pour le seigneur des droits spéciaux, comme occuper dans les processions de la paroisse une place de choix, par exemple celle qui était juste devant le prêtre, devant le Saint Sacrement.

 C’était le droit dans certaines paroisses d'entrer dans l’église par une porte qui lui était réservée, à lui et à sa famille, et qui n’était pas la porte de tout le monde.

C’était, de manière plus générale, dans toutes les paroisses, le droit à l’encens.

Le prêtre qui commençait un office prenait l’encensoir et encensait trois coups en direction du crucifix, puis il encensait l’autel, trois fois à droite, trois fois à gauche, puis il descendait les marches de l’autel et se tournait vers le seigneur en lui envoyant trois coups d’encensoir; après quoi il se retournait vers l’ensemble de l’assemblée et lui adressait les trois derniers coups d’encensoir.

Imaginez le dépit des autres nobles, perdus dans l'Assemblée, qui devaient se contenter de partager l'encensement collectif avec les narines roturières voisines.

Il en découlait des jalousies et des contestations sans nombre.

Ce qu’ils ne savaient pas et que nous savons maintenant, c est que l’essentiel de la fumée d’encens est constitué de benzo pyrène qui est un cancérigène très puissant.

Dans le choeur de la cathédrale St André, un jour de grand messe pontificale, il y a 10 à 12 fois plus de pollution que dans n’importe quel embouteillage à Bordeaux sur les quais à la mauvaise heure. Cela, ils ne le savaient pas.

Ne riez pas de ces petites mesquineries. Pensez plutôt à ce que les générations futures découvriront dans les archives municipales ou départementales de notre temps. Ils y trouveront quantité de correspondances demandant des sauf conduit, des passe-droits, des places de parking réservées et Dieu sait quoi encore et dont ils feront eux aussi, dans deux ou trois siècles quelques gorges chaudes sur notre dos.   

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Les fêtes d'Obligations religieuses.

On allait beaucoup à l’église et il y avait un nombre de fêtes d’obligation absolument ahurissant.

Au 17 ème siècle dans le diocèse de Bordeaux, et c'était à peu près la même chose dans celui de Bazas, il y avait 144 jours fériés par an. Si vous faites le compte de nos 52 week-end à 2 jours, plus 11 jours de fêtes légales plus les congés payés, vous n’arrivez pas à ces 144 jours.

Et c’était proprement catastrophique; parce que ces fêtes légales étaient chômées et d'un chômage strictement respecté. Or une bonne part de la population rurale était constituée de journaliers, qui, s’ils ne travaillaient pas,  n’étaient pas payés.

Avec les 221 jours qui restaient et les maigres salaires qu’ils recevaient, il fallait faire vivre leur famille pendant 365 jours.

Pour vous éclairer un peu, pensons par exemple aux fêtes de fin d’année : le jour de Noël, le 25 décembre était férié, mais le 26 l’était aussi, non pas parce que c’était le lendemain de Noël mais parce que c’était la St Etienne, que St Etienne est le premier martyre et que c’était une fête d’obligation.

Le 27 était férié aussi parce que c’est la St Jean l’Evangéliste; et puis le premier de l’an était aussi une fête d’obligation, non pas parce que c’est le 1er de l’an qui est une fête civile, mais parce que c’est la Circoncision, et que la Circoncision était encore une fête d’obligation.

 Et puis le 6 janvier, l’Epiphanie, était une autre  fête d’obligation, et si vous ajoutez les 2 dimanches qui inévitablement se trouvent dans cette période, vous avez 7 jours fériés sur 13 jours du calendrier.

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Je pourrais vous refaire le même calcul sur la semaine Sainte, par exemple, et pour la Pentecôte où même le mardi de Pentecôte était un jour d’obligation. L’Eglise a fini par s’émouvoir des plaintes qui montaient jusqu'à elle de la part de ces pauvres gens qui n’arrivaient plus à survivre.

C’est au début du 18ème siècle qu’on a réduit de façon drastique ce nombre de jours fériés.  Sur le diocèse de Bordeaux, c’est Monseigneur de Maliban qui a ramené, peu après 1730  le nombre de ces fêtes à 22, qui avec les 52 dimanches et les quelques recouvrements possibles font à peu près 72 jours fériés par an. Ce qui fit d’un seul coup une réduction de moitié.

Ces jours là, on allait à la messe et l’après midi bien souvent, aux vêpres également. On s’y rendait à pied par un long cheminement à travers la campagne; c’était un temps où l’on marchait beaucoup.

Mais ces marches constituaient pour ces gens là un temps qui n’était pas pour eux désagréable et qu’ils considéraient très volontiers comme un temps de loisir. On parlait, on échangeait des nouvelles, des idées. En partant du point le plus éloigné de la commune, on s’arrêtait prendre les amis, les parents, les connaissances sur le parcours et des quatre coins de l’horizon on convergeait vers l’église.

 C’était un moment assez prisé des jeunes, parce que, par convention, on admettait que les garçons et les filles cheminant vers l’église puissent marcher ensemble; en laissant trois ou quatre pas d’avance aux parents, si on ne parlait pas trop fort, on suscitait des occasions de complicité donnant l’impression qu'elles se développaient à l’insu des parents.

La seule chose qu’ils oubliaient c’était que leurs parents étaient allés à la messe avant eux…….

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Les processions.

Ceci nous amène à parler des processions. Il y avait deux types de processions : les processions régulières et les processions exceptionnelles.

Les processions régulières étaient les Rogations, la Fête-Dieu, l’Assomption et puis la Fête du lieu.

Les exceptionnelles, ce n’était pas le curé qui en décidait, seul l’archevêque avait le droit de le faire; l’archevêque décidait des prières par exemple pour obtenir la pluie ou au contraire des prières pour qu’elle s’arrête, ou encore des prières pour enrayer une épidémie ou même quelquefois, le cas échéant, pour obtenir le rétablissement de la santé du roi.

Donc ces processions voyaient l’ensemble de la commune se retrouver dans l’église. Elles commençaient par quelques prières puis partaient, de reposoirs en reposoirs, suivant un itinéraire qui était soigneusement prévu à l’avance.  On cheminait dans la campagne et on revenait quelques heures plus tard jusqu’à l’église.

Ces processions en milieu rural ont duré jusqu’à la dernière guerre et les plus anciens d’entre vous les ont connues et y ont même peut-être participé. L’Eglise les a aujourd’hui abandonnées.

Mais on ne peut pas empêcher une société de processer. Ce doit être inscrit dans les chromosomes humains, il s'agit d'un phénomène de sociologie. Vous avez des représentations de processions sur les murs des palais assyriens, 15 siècles avant Jésus Christ, vous avez des représentations de processions peintes sur le tombeau d'Hatshepsout dans la vallée du Nil, 5 siècles avant Jésus Christ.

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Vous avez la procession des Panathénées au fronton du Parthénon; vous avez des processions à Rome, en Chine, chez les Incas et Dieu sait où encore…..

Tout le monde a toujours processé tout au long de la vie de l’humanité et jusque dans nos temps modernes où une forme laïque des processions, est devenue la manifestation.

 Tout le monde processe, d’ailleurs, y compris les gendarmes, et je vous mets au défi de me trouver la différence qu’il peut y avoir entre une procession et une manif.

D’un côté vous avez les banderoles, de l’autre des bannières; vous avez des chants que l’on a créés pour la manif, tandis que de l’autre côté on chantait des hymnes;

Vous avez des cris d'un côté et les acclamations de la litanie des saints de l'autre; vous avez le pas de la procession qui était toujours lent et majestueux, vous aviez  autrefois dans certaines processions des roulements de tambour qui scandaient la marche mais vous avez aussi des tambours également dans les manifs et pour la même raison.

Les mêmes similitudes se retrouvent dans les motivations. On faisait des processions pour obtenir quelque chose du Ciel, tout comme maintenant on demande quelque chose à Bercy. Ajoutez à cela qu'il y avait et qu'il y a toujours des haies de curieux pour regarder passer le défilé tandis que certains allument des fumigènes évoquant irrésistiblement les vapeurs de l'encens d'autrefois.

Je ne vois aucune différence entre ces deux modes d'expression, le besoin de procession est sociologiquement incontournable

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Le Catéchisme et les Prières.

Les enfants du catéchisme apprenaient leurs prières en latin.

Pourquoi donc les auraient-ils apprises en français puisqu’ils ne le comprenaient guère mieux que le latin. A tant que faire,  autant donc les apprendre en latin, ce qui leur procurait au moins l'avantage de les reconnaître  au passage dans le cours des célébrations liturgiques.

Et ceci a duré très longtemps. J’ai un arrière grand père paternel qui,  en 1850, avait appris toutes ses prières en latin; il récitait son Pater et ses Ave en latin.

Savoir s’il pouvait les dire en français, je suis incapable de vous le dire parce qu’on ne l’a jamais entendu le faire dans la famille. Mon grand père, quant à lui disait ses prières en latin mais les connaissait également en français. Cela a donc duré très longtemps.

A côté des prières liturgiques, celles qui étaient utilisées par l’Eglise, il y avait tout un florilège de prières en gascon. Des prières très fraîches, très naïves et très spontanées qui malheureusement n'étaient qu'orales et sont bien souvent perdues. On en a sauvegardé quelques unes, j’en recherche constamment et serais heureux d'en découvrir de nouvelles.  

Ces prières sont très intéressantes car elles nous montrent qu’elle a été la formation religieuse de ceux qui les ont conçues. Leurs inspirations sont très différentes.

Je vous en citerai deux. La première est un angélus que j’ai recueilli dans la région d’Illats et Barsac. Il relève d’une spiritualité tout à fait moderne car il s’agit d’une religion d’amour et de pardon, ce qui est une approche très moderne de la religion.  

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« Angélus de Notre Dame, prends mon corps et sauve mon âme.

Va te confesser, raisonnablement, la table est mise à tout instant,

celui qui fera bien, celui qui fera mal, jamais le Bon Dieu ne l’abandonnera.

Ange du Ciel, d’où venez-vous ?

Je viens vous apporter une petite clarté de JÉSUS CHRIST couronné,

Ainsi soit-il. »

Vous avez bien noté : même celui qui fera mal, jamais le Bon Dieu ne l’abandonnera.

Or, la seconde prière que j’ai recueillie du côté d’Auros, La Réole et sur la rive droite de  la Garonne, est d’une inspiration tout à fait différente; Elle est d’inspiration janséniste, c’est à dire d’une religion de rigueur, d’une religion de jugements et de sanctions, dans laquelle le pauvre pêcheur a peu de chance de rémission.

C’est une femme, la Berbette d’Arriou, qui arrive au Ciel.

« La Berbette d’Arriou arrive au ciel.

Entre l’archange Saint Michel

"Saint Michel le messager,

Jésus où le trouverai-je ?"

"Assis sur sa petite pierre plate, dans son petit verger, son petit livre à la main,"

Il a lu une fois, il a lu deux fois,

Il appelle tous les pêcheurs.

"Pêcheurs venez tous".

Le plus petit y est allé

L'âme du corps lui a  tremblé.

Il y a là une petite planchette ni plus large ni moindre que le cheveu de la petite tête

Celui qui fera bien passera.

Celui qui fera mal, au fond tombera en s’écriant Jérusalem !»

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Et cela se termine sur une phrase désabusée : « Que n’ai-je fait moi de tout mon temps ?»

Vous voyez bien la différence qu’il peut y avoir entre ces deux inspirations.

Tous ces braves gens n’avaient eu d’autre formation religieuse que celle que leur donnait le curé du village; des curés qui restaient longtemps sur place, 20 ans, 30 ans, 40 ans, parfois.

Le curé Jacques Dorat était arrivé à Budos en 1739 et il en est parti en 1790 : il y est donc resté 51 ans. C’est donc dire qu’il a formé plusieurs générations. Si le curé était d’inspiration janséniste, tout le village le devenait du fait de sa prédication, et pour peu que le curé soit un peu sensible aux sortilèges de l’enfer, tout le village pouvait basculer dans la superstition.

On raconte qu’un jour de Saint Georges, à Bourrideys, le curé avait organisé une procession à l’intérieur de l’église, depuis le choeur jusqu’à la statue de Saint Georges qui se trouvait près de la porte.

Un Saint Georges terrassant le dragon sa lance pointée vers le bas, vers la gueule du monstre. Et voilà que le bedeau, après avoir copieusement encensé la tête du Saint  se pencha discrètement à l’oreille du curé et lui demanda à mi-voix :  "Et à cette mauvaise bête monsieur le curé…????…!!" 

Et le curé, perplexe, regardant le dragon lui aurait répondu aussi discrètement : "donne lui quand même un peu de fumée…."

Face aux mystère des puissances occultes, il lui paraissait bon de prendre quelques précautions. Au surplus dans les prières, on avait le souci de n'oublier personne. Un proverbe très répandu dans nos landes ne disait-il pas :  

«  à chaque saint, son cierge ».

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La vie matérielle de la Paroisse.

Reste à voir maintenant comment s’organisait la vie matérielle de la communauté paroissiale.

Il fallait assurer les dépenses; et des dépenses il y en avait….

L'entretien des bâtiments de l'église et du presbytère, et ce pouvait être parfois  très lourd lorsque apparaissaient par exemple des problèmes de toiture ou de fissures dans les voûtes ou dans le clocher sur des constructions qui , déjà, à l'époque, pouvaient avoir quatre ou cinq siècles.

L'achat des ornements liturgiques, des statues, des bannières.

Beaucoup plus quotidien: le salaire du bedeau qui faisait aussi, souvent, office de chantre.

N'oublions pas non plus le luminaire qui constituait un poste de dépense important; on ne connaissait que les cierges de cire d'abeilles et la moindre chandelle valait à elle seule l'équivalent d'une journée de travail féminin.  

Le Curé ne contribuait en rien à ces frais là. C'était l'affaire de la Paroisse.

C'est ainsi que chaque Paroisse était dotée d'une Institution de gestion dénommée " la Fabrique" qui était chargée de gérer tout cela.

Ses membres dénommés Fabriqueurs ou encore Fabriciens, c'est tout un, étaient élus par les paroissiens et tenaient des comptes de gestion dont ils répondaient devant la communauté.

Nous avons évoqué les dépense mais quelles étaient les ressources ? C’étaient essentiellement les dons.

En premier lieu les quêtes mais le produit en était très modique car l’argent était rare. Il ne circulait guère chez les Paysans que des pièces de bronze et d’argent. Seuls les nobles, les riches bourgeois, les marchands disposaient vraiment de numéraire.

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 Que donnait donc un paysan à la quête ? Souvent une poignée de seigle.

Si vous passez un jour par Saint Léger de Balson arrêtez-vous devant son église . Sous le porche, à votre droite, dans un grand banc de pierre, vous verrez un trou circulaire  qui y est percé. Sous ce trou, on attachait un sac et c'est là qu'en entrant, on déposait l'offrande de sa poignée de seigle.

Le rendement des quêtes était donc très minime. Mais il y avait aussi et surtout les legs testamentaires.

Rares étaient les testaments qui, des leurs dispositions, ne prévoyaient pas de laisser quelque chose à la Fabrique.

Ces legs étaient souvent modestes, quelques livres tout au plus, mais ils pouvaient être parfois beaucoup plus importants en particulier de la part de ceux qui n'avait plus de proche famille. La Fabrique pouvait ainsi hériter d'une prairie, d'une lande, ou même, à l'occasion d'une métairie toute entière.

C'est ainsi qu'au fil des siècles elles s'étaient constitué un patrimoine foncier plus ou moins important; quelquefois dérisoire, d'autres fois fort appréciable, cela dépendait, dans chaque paroisse, des hasards de l'histoire..

Ce patrimoine, la Fabrique le gérait en ayant recours à l’adjudication. Certains services paroissiaux étaient de même soumis à  l'adjudication. Ainsi en allait-il de la sonnerie des cloches.

Vous auriez pu concourir chaque année et surenchérir pour obtenir de la Fabrique  la concession exclusive de  la sonnerie des cloches.

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A Sauternes, Bommes, Pujols ou Budos, il vous en aurait coûté 12 à 15 livres selon le montant qu'aurait atteint l'enchère.

L'adjudicataire versait à la Fabrique le prix que l'on avait atteint  et recevait les clés du clocher pour les douze mois suivants. Après quoi, tout au long de cette période , et selon un tarif convenu, il facturait aux Paroissiens ses diverses prestations : sonneries des baptêmes, mariages, obsèques etc. Il n'était donc rémunéré de sa peine que si le total  de ses prestations  dépassait le prix de l'enchère qu'il avait consentie.

Une seule ressource, une seule, échappait à la fabrique : c’était le produit du "plat des captifs " qui était en général géré  par un notable du village, quelquefois le Seigneur lui-même, ou un juge ou un notaire par exemple.

Le plat des captifs était une institution tout à fait particulière; c’était un plat que l’on passait à certaines fêtes, où chacun mettait son obole plus ou moins forte et qui était confié au notable désigné.

Ce produit était remis chaque année aux Pères de "la Merci"  qui s’étaient fait une spécialité de racheter sur les marchés aux esclaves du Maghreb les esclaves chrétiens enlevés par les barbaresques sur la Méditerranée et vendus en Alger comme on disait alors.  

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La vie paroissiale sous la Révolution.

Cette vie paroissiale dont nous venons d’esquisser quelques grands traits devait se prolonger jusqu'à la fin de 1789.

Le 2 novembre 1789, l’Assemblée Constituante vota la confiscation des biens du clergé. C'était, en particulier, la fin de la dîme dont le système, nous l'avons vu, remontait à 779, soit donc exactement 1.010 ans.

En contre partie il était prévu d'assurer un traitement aux prêtres et aux évêques. C'était certes une révolution, mais le nouveau système était acceptable et, pour beaucoup de Curés, représentait même un incontestable progrès. Ne valait-il pas mieux un traitement régulier plutôt que de courir derrière des vendanges, des gerbes et des agneaux ? Sans oublier l'avantage de n'avoir plus à entretenir l'Evêque puisque lui-même percevait un traitement.

Seuls les Curés exerçant en pays riche, le Médoc par exemple, ont pu voir se dégrader leur situation d'exception. Ce ne fut pas le cas chez nous.

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La constitution civile du Clergé.

  Il en alla tout autrement lors de la promulgation de la Constitution Civile du clergé votée le 12 Juillet 1790. Sans entrer dans le détail de ce texte fondamental, nous en retiendrons trois points essentiels:  

L'organisation territoriale l’Eglise devait être désormais calquée sur le découpage administratif de la France; c'était tout à fait acceptable, les limites des Evêchés avaient connu pas mal d'évolution au fil de l'histoire, une de plus ne poserait guère de problème.

Les prêtres et les Evêques devaient prêter serment de fidélité à la Constitution. Cela pouvait poser quelque cas de conscience, mais l'Etat ne demandait pas de signer un chèque en blanc car cette constitution était déjà connue  et promulguée et ne comportait aucune disposition contraire  à l'exercice de la religion ; au demeurant, il y avait un précèdent rassurant puisque Louis XVI , même lui, avait prêté serment de fidélité au soir de la journée du 10 Août

Enfin, et surtout, les nominations aux postes ecclésiastiques seraient prononcées par l'Etat et c'est ce dernier point qui, essentiellement était inacceptable pour l'Eglise. Elle ne pouvait renoncer à la désignation de sa propre hiérarchie, élément fondamental de son indépendance au regard du pouvoir politique.

Et pendant les 8 mois qui suivirent, il ne se passa pas grand chose. Rome étudiait l'affaire. Mais à ce terme,  le 10 Mars 1791  le Pape Pie VI condamna formellement les dispositions de cette loi.  

Le clergé français se partagea en deux groupes:

Les Prêtres et les Evêques qui passèrent outre à la condamnation de Rome et qui acceptèrent de prêter serment devinrent les prêtres " Constitutionnels" ou "Jureurs." 

Ceux qui se soumirent à la décision de Rome et refusèrent le serment, devenant ainsi des "Réfractaires."

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Dans notre région, il semble qu'il y ait eu un peu plus de réfractaires que de jureurs, mais pas beaucoup plus. Dans l'ensemble, le Clergé se partagea à peu près par moitié.

Dès l'été 1791, les autorités civiles commencèrent à chasser les prêtres réfractaires de leurs postes pour les remplacer, là où ce fut possible , par des Curés Constitutionnels.  

Là où ce fut possible, car la moitié du Clergé faisant défaut on ne put pourvoir toutes les paroisses.

Si Landiras et Budos virent arriver un nouveau Curé, Balizac attendit plus de trente ans avant d'en voir revenir un, et certaines paroisses, comme Origne, ne retrouvèrent jamais plus de Curé titulaire jusqu'à nos jours. C'est donc dire combien ces évènements furent décisifs pour la vie religieuse locale.

Et pourtant, tout ceci se passa dans une relative indifférence de nos populations locales. Tout à la différence de pays comme la Vendée où les nobles utilisèrent les convictions religieuses  populaires à des fins politiques, nos contrées restèrent calmes.

Toute cette agitation insolite dépassait ces braves gens. Jureur ou pas, ils n'en avaient rien à faire; il leur fallait un Curé pour baptiser leurs enfants, marier leurs jeunes et enterrer leurs parents, le reste ne les concernait pas.

Les choses commencèrent à changer au printemps 1792. Le 27 mars, l'Assemblée Législative  décida de bannir et de déporter les prêtres réfractaires; le 26 août suivant elle les somma de quitter la France dans les quinze jours. Nos populations rurales commencèrent à s'émouvoir.

Que l'on mette leur Curé en retraite pour leur en donner un autre ne les avait pas bouleversé, surtout, et c'était souvent le cas, s'ils avaient été en conflit avec lui à l'occasion de controverses ou de procès. Mais qu'on lui cherche noise et le banisse était tout autre chose. Les litiges passés étaient leur affaire et les villageois virent d'un fort mauvais œil que des gens de l'extérieur viennent mettre le nez dans la vie locale.

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La chasse aux cloches.

Et ce fut bien autre chose lorsque le Gouvernement commença à s'en prendre aux cloches de leur église. Des lois d’avril et de Juillet 92 décidèrent que dans chaque commune ne subsisterait qu’une seule cloche et que toutes les autres, dénommées désormais, "superflues" seraient descendues et fondues pour en faire de la menue monnaie ou des canons.

La chose fut, partout, très, très mal prise.

Il y eut là-dessus un répit de quelques mois pendant lesquels il ne se passa rien. On put croire, un peu naïvement que l'affaire avait été plus ou moins oubliée.

Pas du tout.

Au mois d'octobre 1793, un peu partout dans nos villages, on vit arriver des gens qui descendirent ce cloches dites "superflues" et les emportèrent pour les fondre.

Ceci créa un véritable choc. Le clocher dans village était un point de ralliement identitaire et les cloches constituaient des symboles auxquels chacun était très attaché.

Et ce choc fut d'autant plus ressenti qu'il se situa dans le moment précis où l'on remettait en cause tous les points d'ancrage de la vie quotidienne.

C'est très exactement dans le même temps que le calendrier républicain venait apporter trouble et confusion dans les foyers. On avait l'habitude de semer les carottes pour la Saint Blaise, on faisait partir les contrats de la Saint Michel, et il n'y avait plus ni Saint Blaise, ni Saint Michel, ni aucun autre Saint à qui se référer. Il n'y avait même plus de dimanches qu'avaient remplacés des décadi dont ils n'avaient rien à faire.    

Et ce n'est pas tout, car c'est aussi dans les mêmes semaines que l'on introduisit le système métrique condamnant à tout jamais les livres, les pintes et boisseaux. Les exercices de calcul mental auxquels nous contraint le passage à l'Euro nous offrent une très modeste idée des perturbations  qu'ont pu connaître ces braves gens en ce temps là.

C'est dans cette ambiance qu'il ont vu charger leurs cloches sur des charrettes et qu'ils les ont vu disparaître aux détours de leurs chemins , en route pour Cadillac où elles étaient rassemblées.  

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La suppression du culte Catholique.

Bientôt dans une escalade de plus en plus rapide, en novembre 1793, le culte Catholique fut purement et simplement interdit et cela, qu'il fut Constitutionnel ou non, la prohibition fut générale.

Les objets du culte en or ou en argent furent saisis en avril 1794. A cette occasion furent établis des inventaires très précis qui nous ont été pour la plupart conservés. Ils sont très instructifs.

On peut y voir qu'aucune de nos paroisses, ni Budos, ni Landiras, ni Pujols ne disposaient d'objets en or. On n'y trouve que des objets en argent et encore, dans la plupart des cas, s'agit-il d'objets plaqués et non en métal massif. Cela donne un bonne idée du niveau de fortune tout  fait  modeste des ces communautés rurales.

Nous sommes là sous la Terreur.

Une véritable folie de destruction s'empare du Gouvernement de la République. Devant la Convention, le 26 février 1794, Saint Just proclame: "Ce qui constitue la République, c'est la destruction totale de ce qui lui est opposé."

Et ce fut pris au pied de la lettre.

Les châteaux, les églises, les statues, et même les archives furent considérés comme des opposants, passifs certes, mais opposants tout de même et par conséquent, à terme, voués à la destruction.

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Et c'est tout simplement parce que cela n'a duré que quelques semaines que nous n'avons pas connu de plus grands ravages. Il faut effet du temps pour détruire un château ou une église, par contre quelques instants suffisent pour brûler un paquet d'archives et ce fut pour l'histoire une véritable catastrophe.

Quelques voix courageuses s'élèvent alors, en particulier celle de l'Abbé Grégoire, un incontestable Républicain, mais aussi un homme soucieux de préserver le patrimoine national. Et du courage, il en fallait alors, sous la Terreur pour oser affronter les Jacobins.

L'Abbé Grégoire s'émeut de ce gâchis et dénonce la stupidité de ces destructions. C'est lui qui, dans un rapport déposé sur le bureau de la Convention, le 13 septembre 1794, inventa le mot "vandalisme", un mot que l'on voit paraître ici pour la première fois et qui devait malheureusement connaître le succès que nous lui reconnaissons aujourd'hui.

C'est ainsi qu'il écrit:

« on ne peut inspirer aux citoyens trop d’horreur pour ce vandalisme qui ne connaît que la destruction ».

Hélas ! il ne fut ni écouté, ni suivi.

Les ordres de destruction lancés par le pouvoir central se faisaient littéralement fanatiques et surtout menaçants. Les municipalités recevaient des instructions comminatoires en vue de pourchasser le moindre indice de culte. Et on leur demandait de répondre et de rendre compte. C'est ce qu'elles font dans un style qui, sous l'empire de la crainte et de la terreur, est parfois aussi délirant que celui des instructions qu'elles recevaient, telle cette lettre du 8 juillet 1794 écrite par le maire de Balizac :  

« Tous les signes de  féodalité sont absolument détruits, dans notre ci-devant église, les autels renversés, toutes ces divinités de bois en pièce; enfin il n’est pas de connaître si jamais il s’y est dit une messe ».

Nous sommes là à 20 jours de la chute de Robespierre.  

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La Clandestinité et la Résistance.

C’est le temps, où la nuit après avoir enfermé les chiens au coeur des maisons, des ombres furtives se glissent  sur les sentiers de la lande. Des ombres se dirigent vers quelque bergerie isolée, ou comme à Budos, vers un chai de Médouc, autant de points de ralliement connus par, le bouche à oreille, et là, à la lueur vacillante d'une modeste bougie un Prêtre réfractaire  célèbre une rapide messe basse sur un autel improvisé, quelques planches jetées sur deux barriques faisant généralement l'affaire. Sitôt l'office terminé, le célébrant s'évanouissait dans la nuit.

Le pays étaient revenu au temps des catacombes.

Il y eut des dénonciations suivies de chasse à l'homme et d'arrestations. A Budos, l'Abbé Saint Blancard fut appréhendé au quartier de Médouc et conduit à Langon sous bonne escorte. Il devait y mourir quelques jours plus tard.

Après le 9 thermidor et la fin de la Terreur, on aurait pu croire que cela allait se calmer.

Eh bien pas du tout !

Deux ans après, en avril 1796, sous le Directoire, un régime pourtant jugé relativement libéral, voilà que sortent de nouvelles interdictions de sonner la cloche unique demeurée au village. Une interdiction formelle et réitérée, et cela, la population ne l'accepte pas….

Passe encore de n'avoir plus de messe, mais enterrer ses morts sans sonnerie de cloche était inacceptable aux yeux de tous.

"On l'a enterré comme un chien " disait-on.

Ici ou là, quelques municipalités plus audacieuses que d'autres entraient en résistance et osaient faire sonner leur cloche en dépit de l'interdiction. Ici encore, des dénonciations s'en suivaient. Ces cloches étaient déclarées coupables, aussitôt descendues et brisées sur place "pour l'exemple".  

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Quelques municipalités un peu plus futées et surtout plus prudentes essayaient de ruser. On le voit bien dans cette lettre écrite par le Maire de Saint Symphorien:

«  Citoyens,, je crois devoir vous observer que les incendies sont malheureusement fréquents dont la majeure partie proviennent des feux que les bergers mettent dans les landes,  que l’appel du peuple par la cloche serait d’une nécessité absolue dans ces circonstances surtout dans un pays isolé comme celui ci ».

Nous sommes le premier mars 1796; il y a belle lurette que la Terreur n'est plus qu'un mauvais souvenir et pourtant la réponse des autorités départementales est négative.

Il semble qu'en ces matières, certaines contrées ont pu être soumises à des pressions plus fortes que d'autres. Cela a pu tenir au fanatisme plus ou moins affirmé de tel ou tel dirigeant local.

En tous cas nos villages de la Vallée du Ciron n'ont pas été épargnés. C'est ce qui explique pourquoi, en ce pays, nous avons conservé si peu de cloches anciennes.

Pour ma part,  je n'en connais que trois:

Une à Léogeats de 1654,

Une à Pujols de 1682,

Une à Préchac de 1705.

Et encore celle de Léogeats a-telle peut-être dû son salut à sa modeste dimension.

Elle est si petite que vous pourriez l'emporter sous le bras; allez donc la voir un jour en passant, elle est bien visible dans son clocher, c'est la plus ancienne de toute la contrée.  

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Vers l'Église concordataire. La normalisation.

Il faudra attendre le Consulat et l’Empire pour voir se rétablir progressivement une situation plus normale qui aboutira à la conclusion avec Rome du Concordat signé par Bonaparte le 14 Juillet 1801, il prévoyait le rétablissement en France du culte catholique.

Au terme de toutes ces péripéties,  l’influence de l’église restait considérable. Peut-être même politiquement plus considérable qu'elle ne l'avait été sous la monarchie absolue. Les hauts dignitaires du clergé, après la Restauration, siégeaient de droit à la Chambre des Pairs, la Chambre haute du parlement.

Mais au niveau de nos villages, son autorité n'était plus tout à fait aussi grande qu'elle avait pu l'être avant la Révolution.

Le Curé restait un notable local et était incontestablement reconnu comme tel. Mais il lui fallait bien, ici ou là, s'accommoder d'une certaine contestation laïque. C'était le début d'une longue mutation  qui à travers tout le XIXème siècle devait encore connaître  de rudes convulsions jusqu'à la séparation définitive de l'Église et de l'État en 1904.  

Mais ceci est une autre histoire.

Jean DARTIGOLLES.

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Réalisée le 27  juillet  2002  André Cochet
Mise sur le Web     juillet  2002

Christian Flages

Modifié le   

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