TEXTES EN GASCON.

 

Ma Garbetto.

(Ma petite gerbe)

 

Pour rire et pour pleurer.

Poésies.

 

Pre ride et pre ploura.

 

Pouesios.

 

Broutilles pour attiser nos tendresses Broustillos pr'attidouna nostos amous

 

Récits et poésies en Langue d'Oc (contrée de Lesparre) avec traduction de l'auteur.

 

Abbé D-M. BERGEY. Curé de Saint Emilion 
ex-Aumonier Militaire du 18 ème R.I.

Edition de la Revue Méridionale.  5 rue Fondaudège. Bordeaux. 1923.

Collection Christian de Los Angeles.

 

La Chanson du Paysan.

 

(A mon Père.)

 

La Cansoun daou Paisan.

(A moun Pay..)

 

Ces textes sont issus d'un livre ancien.
Photocopiés et scannés avec reconnaissance de caractères.
Ils peut subsister des erreurs, surtout en gascon.

Prière de nous les signaler. ancochet@wanadoo.fr

 

Où vas-tu donc, paysan, avec ton vieil aiguillon?

Je vais chercher à l'étable une autre « culadière, », (1)

Mettre à mes boeufs le joug, les « juilles », la « rontière »

Et charger ma charrue pour aller «  faire cavaillon ».

An bas doun, païsan, en toun beil aguilloun ?

Baouc querre, a la pargaou, eno aouto culadeyro,

Mette à mous béous lou dzugn, las dzuillos, la rounteyro,

Et carga moun cabat pr'ana ha cabailloun.

 Où vas-tu donc, paysan, avec ta hache aiguisée?

Je vais à la forêt fendre du bois pour notre « fagottier »

Souches, bûches, débris de pins, pour pouvoir, le soir,

Tout l'hiver, en jouant à « la bourre », passer la soirée.

An bas doun, païsan, en ta hatso agudádo ?

Baouc aou bos hènde boys, pré noste hagoutey

Sócos, búscos, espourg, pré poudé, lou dessey,

Tout l’iouhern, en bourrants, passa la desseyràdo.

Où vas-tu donc, paysan, dès que tu es réveillé? 

Pendant que la ville dort, qu'elle s'amuse ou gaspille,

Avant le soleil levant, j'aiguise ma faucille,

Et, pour qu'ils aient tous du pain, je mais moissonner mon blé.

An bas doun, païsan, des que sès rebeillat ? 

Tant que la bilo drom, que s'arraillo o gaspillo,

Aouan lou sou luan, agúdi ma faoucillo,

Et, pre qu'áyen touts pan, m'en baouc sega moun blat.

Tu as pleuré, paysan !  Raconte-moi tes peines.

Je pense la nuit, le jour, à mes pauvres petits :

A la guerre où l'on meurt, mes quatre étaient partis:

Deux tués... les deux autres... nous sommes toujours sans nouvelles...

As plourat, païsan, Counto me tas misèros ?

Pensi la neyt, lou dzoun à mous praoubes petits :

A la guerro, an l'oun mo, mous quate èren partits :

Dus tuats... Lous dus aouts... sèn toujoun sens nouèros...

Où vas-tu donc, paysan, endimanché? 

Je vais prier le Curé de préparer sa cloche,

Et puis ma belle-soeur de nettoyer la broche :

Nous allons faire baptiser mon sixième enfant.

An bas doun, païsan, en dimèche bestit ? 

Baouc prega lou Curé de prepara sa clocho,

Apey ma bero so de netteya la brocho

Anan ha batisa moun cheysième petit.

Où vas-tu donc, paysan, avec ta faux sur l'épaule ?

Je vais ramasser, sur la prairie, trois fourchées de foin,

Et me faucher du trèfle, à gauche du hangar,

Pour mes lapins, mon âne et ma vieille jument.

An bas doun, païsan, en toun dail sé l'espalo ? 

Baouc amassa, saou tréouts, tres hourcados de hèn,

Et me faoutsa daou trele, a gaoucho de l'empèn,

Pre mous lapïns, moun ase et ma beillo cabalo.

Où vas-tu avec ton couteau, dès la pointe du jour ? 

Je vais épamprer ma vigne, éclaircir la feuillée,

Sortir le « bois. gourmand », jusqu'à la veillée,

Pour pouvoir sulfater pour la seconde fois !

An bas en toun coutet, dés la punto daou dzoun ? 

Baouc escoumbra ma bigno, esclarci la heilládo,

Tira lou boys grouman, trunquos à la beilláclo,

Pré poude sulfata ma secounda façoun.

Où vas-tu donc, paysan, avec ton (piurc » et tes sacs ? 

Je vais, au champ arracher des pommes de terre,  sans façons,

Nous les mangeons à moitié avec nos deux porcs ...

Quelques betteraves, aussi, pour mes boeufs et mes vaches.

An bas doun, païsan, en toun piurc, tas sacos ? 

Baouc aou cam darriga patatos, sens façouns,

Las mïndzan a meytats en nostes dus tessouns,

Quaouquos rabos, tabè, pré mous beous et mas bacos.

Où te hâtes-tu, mon homme, avec tes pantolons tout neufs ? 

A l'église je vais prier pour la semaine.

J'ai compris que les fleurs, le vent, l'eau, la manne,

Le soleil, les raisins, le grain : tout vient du Ciel.

An t'acouytes, moun home, en toun pantin tout nèou ?

A la gleizo m'en baouc prega pré la semáno.

Ey compres que las flous, lou bèn, l'aygo, la máno,

Lou soureil, lous radïns, lou grun : tout bèn daou Cèou.

 Où portes-tu, paysan, tes fleurs frafchement cueillies? 

Je vais au bourg, dans le champ où dorment tous les miens,

M’agenouiller, prier pour mes pauvres parents.

Comme mon coeur.. toujours leurs tombes sont fleuries.

An portes, païsan, tas flous frescos cuillídos ?

Baouc aou bourg, dens lou cam an dromen touts lous mènts,

M'adzenouilla, préga, pré mous praoubes parènts.

Coume moun co... toujoun lus toumbos soun flourídos.

Où vas-tu donc, paysan ? Te voilà tout courbé?

Mon voyage est fini ... Je m’en vais trouver ma terre...

Je l'ai aimée toujours ... Pour que je me repose, elle m'appelle

A côté de mes vieux... dans l’Immortalité...

An bas doun, païsan ?... te bala tout voutat ?

Moun biadze es fenit... M'en baouc trouba ma terro.

L'ey aymado toujoun... Pre me paousa m'appèro...,

Aou coustat de mous beils,... dens l'Immourtalitat...

  Mai 1923. May 1923.

(1) « culadière » :   grande cheville plantée dans le timon de la charrette derrière le joug, pour permettre de faire reculer les boeufs attelés.

• Rontière, petit coussin.

• Juilles, lanières de cuir qui servent à fixer le joug sur la tête du boeuf.

 

D-M. BERGEY.

   

Réalisée le 1 octobre 2004

 André Cochet

Mise s<ur le Web le     octobre 2004

Christian Flages

Mise à jour le

                 

 

Retour au répertoire.