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Recueil      
  des      
    Brochures et écrits 
     

publiés

 
   

depuis 1839 jusqu'à ce jour  (1880.)

   

Henry de Lur-Saluces.

Dates.

Titre. Pages.

13 mai 1863

Lettre 

202/203

 au rédacteur du 

"Temps".

 

Monsieur,

 

Je viens de lire votre dernier numéro, et je vois que vous supposez ce qui n'est pas.

Il y a déjà bien assez de la confusion des idées en France, il est inutile d'y joindre la confusion des crûs...

C'est à mon cousin le marquis de Saluces qu'appartient le premier vin de Sauterne et non à moi, qui ne possède qu'un crû de beaucoup inférieur.

Vous êtes plus près de la vérité lorsque vous ajoutez qu'il faut un certain courage pour accepter la lutte contre M. Pereire et les promesses de chemins de fer.

Il faut bien reconnaître en effet que, dans ce moment, les intérêts matériels sont à l'esprit public, à peu près ce qu'est l'oïdium à la vigne : ils en corrompent les fruits, bien plus ils attaquent l'arbre lui même.

Faut-il désespérer pour cela ? ... Jamais !

En outre, il se trouve, comme conséquence des élections, le budget à voter ; ceci est l'intérêt matériel universel.

 Or, il me semble, tout en reconnaissant l'incontestable supériorité de mon honorable concurrent sur les questions de finances que je serai plus indép...,

« Il venait d'être défendu aux candidats de l'opposition de s'intituler candidats indépendants. »

Page 203

j'allais me servir d'un mot malséant,  que je serai plus intolérant que lui si je découvre une dépense superflue.

Les électeurs seront-ils aussi frappés que moi de cette probabilité ? Voilà ce que j'ignore...

Dans tous les cas, ainsi que vous avez pu le voir puisque vous avez pris la peine de lire ma circulaire, je me tais sur ces questions.

Je ne parle pas non plus des vignes, elles ont fait leur temps, même dans notre pays. Dieu veuille qu'il en soit ainsi bientôt des chemins de fer.

Mais je m'adresse à l'opinion ; je demande qu'un des gouvernements les plus forts qui aient jamais existé accorde cette liberté de discussion si nécessaire à tous.

Ne serait-ce que celle de 1819, qui fut donnée au milieu des conspirations, des violences et des misères que la guerre civile et la guerre étrangère laissent après elles.

Enfin, je fais le très peu que je puis faire pour empêcher l’esprit public de s'éteindre dans la contrée que j’habite …Comme aussi je replante des vignes au milieu des vieilles souches qui meurent par l'oïdium.

Espérons, Monsieur, qu'avant peu l'esprit public sera plein de vie et, en même temps de sagesse ;

Espérons encore, que les vignes se porteront mieux ; de telle sorte que le vin et la liberté seront à l'usage de tout le monde.

Je ne doute pas que vous ne joigniez vos voeux aux miens, et c'est dans cette pensée que je me dis, Monsieur, votre très humble serviteur.

 

 

 

Table des matières.

 

Réalisée le 10 septembre  2005  André Cochet
Mise sur le Web le  septembre  2005

Christian Flages