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Recueil      
  des      
    Brochures et écrits 
     

publiés

 
   

depuis 1839 jusqu'à ce jour  (1880.)

   

Henry de Lur-Saluces.

Dates.

Titre. Pages.

24 mai 1863

Lettre 

208/210

 au rédacteur du 

"Journal de Bordeaux".

 

Monsieur,

Trois fautes d'impression ont été commises hier soir, dans la lettre que vous avez publiée.

Elles en altèrent le sens.

Après cette rectification, j'ajoute deux mots maintenant sur les reproches nouveaux que vous m'adressez.

Vous assurez que je sais pessimiste.

Je ne suis point pessimiste, puisque ma circulaire dit :

«J'ai une foi profonde dans l'avenir de la France ; je ne la vois pas à l'apogée de sa grandeur et reprochée du point où commence la décadence ; je la vois, au contraire, marchant à la tête de l’humanité ; je parle à mes compatriotes le langage qui me paraît devoir être parlé à des hommes libres ; les immenses progrès faits dans nos campagnes depuis trente ans me font espérer que je serai entendu, etc. « 

Faites prononcer ce credo à un pessimiste, et vous verrez quelles grimaces il fera.

Je n'avance point en hésitant et en m'appuyant sans cesse sur des citations que j'emprunte à mes précédents écrits, pour assurer ma marche, ainsi que vous le dites encore.

Page 209

Je marche au contraire en parfaite sécurité, parce que j'ai la prétention et la conviction d'avoir toujours été conséquent avec moi-même.

Je n'ai eu aucun rôle politique à jouer, et sans doute mon mérite n'est pas très grand, parce qu'il est beaucoup plus facile d'être logique face à face avec un écritoire qu'au maniement pratique des affaires.

Cependant, tant d'autres qui comme moi se sont bornés à livrer leurs élucubrations au public sont allés de la liberté sans frein au despotisme sans mesure, du Saint Simonisme échevelé à une dévotion officielle qui étonne plus qu'elle n'édifie, que j'ai bien le droit de prouver qu'on n'a pas les mêmes contradictions à me reprocher.

Non, Monsieur, non, veuillez croire que ma marche, au contraire, est des plus fermes.

Je suis comme la locomotive qui peut dire . Voilà où j'ai passé, voilà ou je vais.

Et cette comparaison, qui, par parenthèse, me semble fort juste, servira, je l'espère, à prouver au journal la Nation, qui a bien voulu s'occuper de moi et dont vous reproduisez l’article, que je suis loin d'avoir les chemins de fer en horreur... Je voudrais seulement qu'ils fussent employés à l'usage des voyageurs et non à l'usage des élections.

Je voudrais aussi que la Nation ne prit pas ma réponse au Temps  pour une circulaire aux électeurs. Mais ceci est un détail.

Maintenant, monsieur, vous ne me refuserez pas le droit qu'a tout homme critiqué de trouver l'article qui le concerne mauvais.

Je déclare donc que le vôtre me parait tout à fait manquer de logique et cependant un passage a si bien mon approbation, que je suis très disposé, à cause de la satisfaction qu'il m'a procurée, à ne plus faire attention à tout le reste.

Page 210

Vous donnez à une mesure récente de M. Le comte de Persigny le caractère d'une exécution politique au profit de la probité.

Ici, Monsieur, on ne peut qu'applaudir, et si M. de Persigny déploie en toute chose la même fermeté pour le bien, non seulement les indépendants, mais encore les opposants seront avec lui, et nous marcherons à toute vapeur et en paix vers les développements du progrès pacifique.

Je le désire et je le souhaite.

Je vous envoie à la hâte cette réponse, dès huit heures du matin ; ma précédente lettre a attendu près de quarante heures ; cette oraison est un peu longue pour une simple lettre, alors que la veillée entière des élections n'a que quatre cent quatre vingt heures.

Agréez, monsieur, l'assurance de ma parfaite considération.

 

   

Table des matières.

 

Réalisée le 10 septembre  2005  André Cochet
Mise sur le Web le  septembre  2005

Christian Flages

 

 

 

Page 200