Faits mémorables

Première page de garde.

de l'histoire de

Seconde page de garde.

France.

par
L. Michelant.

    précédé   d'une introduction par M. de Ségur.

  de l'Académie Française  

            Illustré de 120 tableaux de M. Victor Adam.

        Gravés par les premiers artistes de Paris.

 Didier Libraire-Editeur
 Quai des Augustins, 35.
Paris.   1844

  Aubert et Cie, Editeurs.
Place de la Bourse, 29.

 Béthune et Plon
Imprimeurs
Paris

Sceau de l'imprimeur.

Cet ouvrage fait partie de la collection de Christian de Los Angeles. 

C'est une présentation des faits historiques quelque peu inhabituelle à notre époque.

Ces 120 relations de faits précis nous font redécouvrir quelques pages de l'histoire millénaire de notre Pays.

L'ouvrage d'origine est en mauvais état.

Zoom sur les images.

Table chronologique des faits mémorables.

 

 (1) Nous avons pensé ne pouvoir donner ne plus juste appréciation
 du livre que nous publions, ni une meilleure introduction aux
 "Faits Mémorables de l’histoire de France,"  
que ces pages extraites du remarquable ouvrage de M. de Ségur 
placé par tant d’excellents travaux au rang de nos meilleurs historiens. 

INTRODUCTION.(1)

  

La gloire de notre nation ne craint aucune comparaison avec celle de Rome et nous pouvons fièrement opposer notre Clovis à son Romulus, Charles Martel à Camille, Charlemagne à César.

Nos Godefroy, nos Raimond, nos Du Guesclin, nos Dunois, nos Bayard, nos Coligny, nos Montmorency, nos Catinat, nos Turenne, nos Villars, nos Condé peuvent marcher à côté de ses consuls, et de nos jours une foule de héros égalent tous ceux de la Grèce et de l'Italie.

Saint Louis, Charles V, Louis XII, Henri IV semblent avoir été vivifiés par l'âme des Antonins ; Louis XIV, comme Auguste, a donné justement son nom à son siècle ; depuis, un nouvel Alexandre a brillé et a disparu ainsi que le Macédonien : génie

Immense, universel, conquérant rapide, guerrier long temps indomptable, aussi belliqueux que Trajan, il a porté notre gloire, nos armes et son nom en Afrique, en Germanie, en Italie, en Espagne, en Scythie, au centre de l'Asie, et, comme lui, a perdu ses conquêtes pour avoir refusé de leur fixer des bornes, laissant à la fois après lui la renommée de la gloire et de l'infortune.

Sully, L'Hôpital et d'Aguesseau, célèbres par leurs vertus autant que par leur habileté; l'immortel Bossuet, le touchant Fénelon, l'illustre Montesquieu, le sublime Corneille, l’inimitable Racine, ce Montaigne si original, ce Molière et ce naïf La Fontaine, qui n'ont point eu de rivaux dans leur genre ; enfin un nombre prodigieux d'écrivains brillants, d'ingénieux moralistes de poètes harmonieux, de savants profonds et d’éloquents Orateurs ne nous laissent rien à envier pour les palmes de la chaire. du barreau, de la tribune, du théâtre et pour toutes les couronnes que décernent les muses

Nos découvertes dans les sciences, nos progrès dans les arts, le perfectionnement de l'agriculture et de toutes les industries. le pinceau des Poussin, des Lesueur, des David : le ciseau de Puget, de Houdon, de Pigal et de leurs émules : la création de nos machines, la diversité de nos métiers, les prodiges de nos manufactures, la destruction de tout esclavage, la variété et la multiplicité des jouissances qui embellissent la vie des citoyens de tous les rangs, des laboureurs comme des citadins, nous feraient trouver aujourd’hui si elles reparaissaient, Athènes sauvage et Rome barbare.

Soyons donc fiers de notre siècle et de notre France, de cette France que l'Europe liguée a tant redoutée dans ses triomphes, quelle a respectée encore dans ses défaites et que ses efforts réunis ont ébranlée sans pouvoir l'anéantir.

Mais, avant décrire les fastes de la France, parcourons rapidement ceux des Gaulois et des Francs. nos aïeuls ; remontons orgueilleusement à la source de notre existence et de notre gloire ; saluons avec respect nos vieux et rustiques monuments ; pénétrons dans les vastes et sombres forêts qui ombrageaient notre berceau.

Au signal de la destruction de l’Empire romain en Italie, l’occident est devenu la proie des sauvages guerriers du Nord : une moitié du monde s’est vue esclave et musulmane, l'autre chrétienne mais barbare : les arts, les lumières, les richesses, la civilisation de tant de siècles ont fui devant le fer des celtes et des Scandinaves ; l'Olympe est sans dieux. le Parnasse sans muses. 

Le voile sombre de l'ignorance s'est étendu sur ces belles contrées où les sciences jetaient naguère un si vif éclat :  ce Capitole où montaient tant de triomphateurs, ce Forum où Cicéron enchaînait par son éloquence une foule attentive, cette superbe

Rome que Virgile enorgueillissait en ressuscitant les héros troyens, cette cité célèbre où les vers harmonieux d'Horace disposaient le cruel Octave à faire chérir le pouvoir d'Auguste, où le sévère Tacite faisait pâlir les tyrans, ne retentissent plus que des cris de guerre des Hérules, des Goths et des Lombards.

L'indomptable Espagne a succombé sous les coups des Suèves, des Visigoths ; les Vandales l'ont traversée pour ravager l'Afrique.

Enfin la Gaule, depuis longtemps plus tranquille, plus riche, plus florissante que l'Italie; la Gaule, inondée par un torrent dévastateur de Goths. de Bourguignons, de Huns, d'Allemands, d'Alains et de Francs, a vu ses champs dépouillés, ses écoles désertes, ses temples renversés, ses cirques détruits, ses villes incendiées.

La Gaule, jadis la terreur de Rome et l'effroi de l'Asie ; la Gaule, qui coûta dix années de travaux à César; la Gaule, rempart inexpugnable de l'empire contre les Germains ; la Gaule, si heureuse sous les Antonins, si paisible sous Constance, si chère à Julien, la Gaule est devenue l'esclave de mille tyrans.

Nous la voyons couverte d'épaisses ténèbres. mais elle n’est qu'abattue et non détruite ; à la lueur sanglante des glaives meurtriers qui se choquent dans son sein, admirons ses efforts pour se relever !

Bientôt elle va civiliser ses farouches vainqueurs ; bientôt cette Gaule fameuse, se frayant une nouvelle route à la gloire, va, sous le nom brillant de France disputer encore à Rome son antique renommée, fonder un nouvel empire d'Occident, servir d'exemple au monde par ses lois, l'étonner par ses triomphes, l'éclairer par ses chefs-d'oeuvre, l'enrichir par son commerce et répandre la splendeur de son nom et de ses armes jusqu'aux extrémités de la terre.

C'est de cette France prospère que doit s'élever un nouveau monde. plus durable, plus riche, plus puissant, plus éclairé que l'ancien ; c'est de cette France glorieuse que sortiront tant de royaumes célèbres, tant de génies immortels : c'est cette France, Capitole des héros modernes, asile des sciences, musée des arts, Panthéon de tous les talents, dont on a voulu retracer l'histoire.

Qu’à ce beau nom de France la vieillesse se glorifie par ses souvenirs ! que l'âge mûr suive avec fierté les progrès de la grandeur, toujours croissante pendant quinze siècles, d'un empire qui ne laisse point encore prévoir sa décadence ! que la jeunesse surtout étudie avec ardeur ces fastes d’un pays dont elle est l’espoir !

Puisse ce vaste tableau de la France antique et moderne inspirer le respect pour nos lois, l'attachement inviolable à la liberté, et surtout l'amour sacré de la patrie ! C'est lui seul qui a dicté cet ouvrage, c'est lui seul qui lui donne quelque espoir de succès ; et, en cédant à son inspiration, on n'a invoqué d'autre muse que la vérité.

          

Table chronologique.

 

 

Réalisée le 20 novembre  2005  André Cochet
Mise sur le Web le  novembre  2005

Christian Flages