Les arbres    de la         Vallée du Ciron.

Le Hêtre.

Fagus sylvatica L. (Fagacée)  

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Isabelle Bilger

Cemagref.

Domaine des Barres.

45290 Nogent / Vernisson.

Conserver les ressources génétiques forestières en France.

 

Éric Teissier du Cros, coordonnateur, 1999.

Conserver les ressources génétiques forestières en France.

Ministère de l'Agriculture et de la Pèche, Bureau des Ressources Génétiques.
Commission des Ressources Génétiques Forestières,

INRA-DIC, Paris, 60 pages.

* = Glossaire.

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Caractéristiques de l'espèce.

 Le hêtre commun est le seul représentant du genre Fagus en France. Une espèce proche, Fagus orientalis, est présente dans l'est de l'Europe et en Turquie. Les aires de ces deux esp èces ne se recouvrent pas, mais on trouve des formes intermédiaires notamment en Crimée.

 En France, il est présent presque partout y compris à l'état d'îlots en zone méditerranéenne, mais il est absent dans le Bassin de la Garonne, l'Alsace, la Sologne et la Champagne‑crayeuse. Dans le no rd, il se rencontre essentiellement en plaine, alors que dans le sud il se comporte comme une espèce montagnarde (jusqu'à 1800 m en Corse ou en exposition nord).

Notons que cette répartition est due pour une part à l'intervention de l'homme qui au cours des temps l'a tantôt éliminé (défrichement en Champagne‑crayeuse et dans l'ouest), tantôt favorisé (hêtraie monospécifique de Normandie, reboisement de l'Aigoual) ou a freiné son développement (surexploitation et surpâturage dans le Massif Central et les Pyrénées, traitement en taillis sous futaie favorisant le chêne).

Avec une surface de plus de 1,2 million d'hectares et un volume sur pied de 228 millions de m3, le hêtre couvre 8% de la surface boisée française. C'est la deuxième espèce feuillue après les chênes sessile et pédonculé. Les plantations de hêtre représentent actuellement 6,6 % des boisements financés par le FFN soit 1.140 ha par an.

Le hêtre est une espèce sociale*, sciaphile*, assez longévive (150 à 300 ans) qui atteint habituellement 25 a 30 mètres de haut mais peut aller jusqu'à 45 mètres. Il présente une grande amplitude écologique et notamment une grande plasticité édaphique* mais il ne supporte pas les sols trop hydromorphes* et est assez exigeant sur le plan de l'humidité atmosphérique.

C'est une espèce monoïque* à pollinisation anémophile*. La fructification débute à partir de 40 ans un milieu ouvert et vers 60‑80 ans en peuplement dense. La périodicité des bonnes fainées est de 5 à 10 ans. Les graines (faines) tombent par gravité au pied de l'arbre. Les Oiseaux et les rongeurs en consomment une partie mais ils contribuent également à leur dispersion. 

La reproduction par voie végétative est peu courante, à l'exception des hêtres tortillards (Faux de Verzy,) qui se reproduisent au moins partiellement par marcottage et des peuplement d 'altitude qui peuvent rejeter de souche (traitement en taillis) ou même marcotter.

Menaces sur les ressources génétiques. La reproduction par voie végétative est peu courante, à l'exception des hêtres tortillards (Faux de Verzy,) qui se reproduisent au moins partiellement par marcottage et des peuplement d 'altitude qui peuvent rejeter de souche (traitement en taillis) ou même marcotter.

Le hêtre est soumis a la réglementation sur les matériels forestiers de reproduction depuis 1974.

Auparavant des introductions importantes de provenances étrangères, originaires de I'est de son aire, ont été effectuées. Depuis 1974, les introductions de matériels étrangers sont plus limitées et bien contrôlées. Cependant des transferts entre régions françaises continuent pour pallier les difficultés périodiques d'approvisionnement en graines.

Le risque est d'aboutir a terme a un mitage des populations naturelles par ces plantations d'origine non autochtone* voire inconnue. L'impact de ces transferts de matériel peut faire craindre un abâtardissement (ou pollution génétique) des ressources locales et un défaut d'adaptation de sources venant de l'est de l'Europe (sensibilité aux gelées tardives).

 

Acquis de la recherche.

Les premiers résultats des tests comparatifs (INRA) montrent que le débourrement végétatif et la fibre torse* sont sous fort contrôle génétique. Par contre, la hauteur et la forme sont sous fort effet du milieu et sont généralement corrélées négativement.

L'étude enzymatique, portant sur 150 populations françaises (Université de Bordeaux), a mis en évidence une structuration géographique suivant quatre grands groupes : Nord, Massif Central, Alpes et Pyrénées, Cette dernière zone peut être à nouveau subdivisée en fonction de la longitude (trois zones) et de l'altitude. 

Les marqueurs moléculaires (ADN du chloroplaste*) n'ont pas révélé de structuration nette mais ils ont permis de distinguer quelques populations originales.

 

Mise en oeuvre du réseau conservatoire.

Devant l'impossibilité de suivre les transferts de matériel à l'échelle de la France, la création d'un réseau conservatoire constitué d'un échantillon de populations représentatives de la hêtraie française a paru utile. L'objectif est de conserver à long terme, in situ et de façon dynamique, une trentaine de populations autochtones bien identifiées en les préservant de toute pollution génétique. L'échantillon à conserver a initialement été choisi en tenant compte de la diversité des conditions écologiques an sein de l'aire nationale. 

Des études génétiques basées sur des marqueurs neutres* sont ensuite venues valider et affiner cet échantillon.

Le réseau de conservation in situ de hêtre a été mis en place en 1994. Il est actuellement constitué de 27 unités conservatoires. Cet échantillon est représentatif à la fois des différentes zones où le hêtre est abondant (répartition basée sur le découpage des régions de provenance : 20 unités correspondent à des peuplements classés  et des hêtraies en conditions marginales (peuplement en limite altitudinale ou en station marginale dans le sud) ou présentant un phénotype* particulier (Faux de Verzy). Chacune de ces unités est constituée d'un noyau dur (de 7 à 40 ha) et d'une zone d'isolement (de 34 à 253 ha).

Ces unités conservatoires seront régénérées naturellement en laissant agir la sélection naturelle, Elles continueront pour la plupart à être gérées dans un objectif de production de bois en veillant à ce que les interventions sylvicoles ne perturbent pas l'évolution de la diversité génétique (nombre minimal et répartition des semenciers).

Le hêtre est l'une des espèces concernées par le réseau Euforgen* "feuillus sociaux".

 

Perspectives :

Compte tenu des résultats des études génétiques, ce réseau sera complété par quelques populations supplémentaires représentatives des Alpes et des Pyrénées.

Références bibliographiques :

Demesure B., Comps B., Petit R., 1996. Chloroplast DNA phylogeography of the common beech (Fagus sylvatica L.) in Europe, Evolution, 6, 2515‑2520.

Dupré S., Thiébaut B., Teissier du Cros E., 1985. Polycyclisme, vigueur et forme chez de jeunes hêtres plantés (Fagus sylvatica L.) , Rev. For Fr., 6, 456‑464.

Roman-Amat B., 1995. Patrimoine génétique des espèces forestières autochtones françaises, connaissance-conservation. Bulletin technique, ONF, 30, 1‑17.

Teissier du Cros E., Kleinchmit J., Azoeuf P, Hoslin R., 1980. Spiral grain in beech, Variability and heredity Silvae Genet 1, 5‑13.

Teissier du Cros E., (Coordonnateur), Le Tacon E., Nepveu G., Pardé J.,Timbal J., 1981. Le Hêtre. Département des Recherches Forestières, INRA Éditions, 613p.

Teissier du Cros E., Thiébaut B., 1988. Variability in beech : budding, height growth and tree form, Ann. Sci. For., 4, 383‑398.

Vernier M., Teissier du Cros E., 1996. Variabilité génétique du hêtre. importance pour le reboisement en Picardie et en Normandie, Rev. For. Fr, 1, 7‑20 (Annexe sur le réseau conservatoire de hêtre).

 

Réalisé   le 20  janvier  2007

 André Cochet

Mise sur le Web   janvier 2007

Christian Flages

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