Le Vison.

 

Ce petit animal,  
si discret, 
en voie de disparition, 
aux origines controversées,
est encore présent sur la rivière du Ciron. 

Des efforts sont tentés pour sauver l'espèce en préservant son habitat.
Plan National de Restauration du Vison d'Europe.
Mel: vison.europe@laposte.net
Site: perso.wanadoo/vison.europe
Extraits:
Encyclopédie des Carnivores de France.
N°  13. Octobre 1990.
SFEPM. Bohallard. Puceul. 44390 Nord s/Erdre

Auteur: Christian MAIZERET.

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Le Vison d'Europe. 
Mustela Lutreola
 cm

 

 

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MORPHOLOGIE  DU VISON D'EUROPE.

 

 

Le Vison d'Europe est un Mustélidé de taille modeste. Sa morphologie externe est typique de cette famille de Carnivores. 

La tête, légèrement aplatie, se termine par un museau court et large.

Les yeux, nettement écartés, sont petits, un peu allongés. 

Les oreilles rondes ne dépassent que faiblement la fourrure de la tête.

Le cou , assez fort, a un diamètre légèrement inférieur à celui du crâne.

Le corps est mince, s'épaississant au niveau de l'arrière train.    

      

 

 

Pieds antérieurs et postérieurs ouverts pour montrer la palmure.

 

 

 

 

 

Les membres sont relativement courts et les doigts sont reliés par une semi-palmure bien individualisée, recouverte de poils courts. 

 

 

Notons que le Putois est dépourvu de palmure alors que celle de la Loutre est complète. 

 

La queue a une longueur comprise  entre le tiers et la moitié de la longueur tête + corps.

   

La fourrure du Vison d'Europe est relativement courte et dense, moins épaisse sur la queue. Le poil de bourre est brun clair, légèrement moins foncé que le poil de jarre. La couleur générale est particulièrement variable, allant d'un brun-roux relativement clair jusqu'au brun intensément sombre. Les pattes et la queue sont généralement plus foncées, presque noires, surtout à l'extrémité caudale qui peut aussi parfois prendre une teinte rougeâtre. La couleur s'éclaircit quelque peu sur les flancs et le ventre.

 

Le menton et les lèvres (inférieure et supérieure) sont bordés d'un liseré blanc de forme et d'extension variable.

 

 

Différentes formes des tâches blanches sur le museau du vison d'Europe.

 

 

 

 

 

 

Les vibrisses du museau sont relativement bien développées. La poitrine et le cou peuvent être marqués d'une ou plusieurs taches blanches. La présence, le nombre et les dimensions de ces taches sont des caractères particulièrement variables. 

 

 

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C'est ainsi que les visons de France ne présentent une tache pectorale que dans 10 % des cas environ contre 50 % dans le reste de l'aire de répartition.

 

 Sur les onze visons d'Europe capturés au Parc Ornithologique du Teich, en Gironde, aucun ne possédait une telle marque si ce n'est dans un cas quelques poils blancs sur la poitrine d'un mâle.  

Un exemplaire capturé à Loiron (Mayenne) en 1912, actuellement à Londres, présente une très petite tache. C'est également le cas de deux mâles de Charente-Maritime. 

 

En revanche, 40 individus provenant de France, examinés n'en possèdent aucune trace.

 

La mue est relativement tardive. De plus, il semble que cette mue ne soit pas complète, comme chez la très grande majorité des espèces aquatiques, elle serait graduelle. Le pelage d'hiver est en place vers la mi-novembre, son poil est très semblable à celui d'été, il est seulement un peu plus long et plus soyeux. La densité du poil de bourre est pratiquement la même aux deux saisons.

 

La fourrure des jeunes âgés d'une quinzaine de jours est constituée d'une bourre relativement courte et molle. Sa couleur assez terne, gris cendré, s'assombrit progressivement et, vers l'âge de 45 jours, les jeunes sont souvent plus sombres que les adultes. Les poils de jarre apparaissent à la fin du premier été.

 

 

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Le dimorphisme sexuel, comparable à celui du Putois, porte essentiellement sur la taille ; les mâles sont légèrement plus grands que les femelles.  

La taille de celles-ci atteint 87 % de celle des mâles et ces derniers sont nettement plus lourds, environ un tiers de plus. De ce fait, les mâles paraissent plus trapus et la tête a un profil plus accentué. D'après les données du Sud-ouest de la France, le poids moyen des femelles atteint 68,9 % de celui des mâles

 

Le baculum ou os pénien mesure entre 34,8 et 37,3 mm. Il présente une spatule terminale tournée vers la droite.

 

 

Parmi les Mustélidés français, le Vison d'Europe (Mustela lutreola) s'intercale par la taille, entre l'Hermine (Mustela erminea), nettement plus petite et avec laquelle il n'y a pas de recouvrement des dimensions, et deux espèces dont les femelles ont des tailles très proches de celles du mâle: le Putois (Mustela putorius) et le Vison d'Amérique (Mustela vison).

 

 

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A distance, Vison d'Europe et Vison d'Amérique sont très semblables par la forme générale du corps et par sa couleur. Toutefois, l'animal en main, un certain nombre de différences apparaissent.

   

Pour le même sexe, le Vison d'Amérique est plus grand que l'européen d'environ 60 %.  

Chez l'espèce européenne, la tache blanche du museau s'étend sur le menton et la lèvre supérieure alors que chez le Vison d'Amérique, elle est, généralement, limitée au menton.

 

Ce critère ne semble pas absolu, des observations citent des visons d'Amérique ayant la lèvre supérieure blanche. En revanche, un animal avec du blanc uniquement à la lèvre inférieure peut être identifié avec certitude comme vison américain.

 

En liaison avec d'autres caractères, en particulier la taille, la couleur de la lèvre supérieure demeure un bon critère de différenciation des deux espèces.

 

Vison d'Europe et Putois : Les différences de morphologie externe sont plus marquées à l'encontre de Mustela putorius.  

 

Si les deux espèces ont des marques blanches sur la tête, elles sont nettement plus développées chez le Putois adulte, s'étendant sur les joues et allant jusqu'à isoler un masque sombre autour des yeux.  

La bordure des oreilles est également plus claire. Les poils de jarre sont plus longs et plus sombres, presque noirs. Le poil de bourre, plus clair, presque gris, est très visible sous le poil de jarre. Les pattes ne sont pas palmées.

 

Masque d'un Putois.

Les différences morphologiques observées entre ces deux espèces peuvent s'expliquer en grande partie par l'adaptation à la vie aquatique du Vison d'Europe :

- la queue du Vison d'Europe, plus grande que celle du Putois, est mieux adaptée à un rôle de gouvernail durant la nage ;

- les membres proportionnellement plus courts et les palmures du Vison d'Europe en font un meilleur nageur mais un moins bon marcheur que le Putois ;

- la dentition du Vison, moins robuste mais plus préhensile que celle du Putois, convient mieux à la capture d'animaux aquatiques.

 

Au regard des éléments du paragraphe précédent, il semble que le Vison d'Europe et celui d'Amérique aient plus de points communs qu'ils n'en possèdent chacun avec le Putois.  

Cette similitude peut s'interpréter soit par l'existence d'une parenté étroite entre les deux espèces, soit comme le résultat d'adaptations convergentes dues à un mode de vie semi-aquatique commun.

 

Possibilités d'hybridation : Des hybrides entre Mustela lutreola et Mustela putorius ont été signalés à plusieurs reprises en U.R.S.S. et en Finlande par les mammalogistes soviétiques.

 

En 30 ans d'observation il n'a jamais été vu d'animaux susceptibles d'être des hybrides dans le sud-ouest de la France où les deux espèces coexistent. Des croisements expérimentaux entre le Vison d'Amérique et le Vison d'Europe ont été tentés. L'accouplement ayant réussi, les embryons se sont toutefois résorbés  

 

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Évolution de la répartition en Europe.

   

 

On ne connaît pas de fossiles de Mustela lutreola, à l'exception de deux crânes trouvés à Vlaardigen, près de Rotterdam (Pays-Bas).  

Le Vison européen était autrefois présent dans toute l'Europe moyenne et, au Nord, jusqu'à la Finlande et les côtes septentrionales de l'U.R.S.S. Il n'en est plus de même aujourd'hui. A l'ouest d'un bloc encore assez homogène (U.R. S. S., Roumanie), l'espèce n'est signalée qu'en France et en Espagne.  

Mustela lutreola s'éteignit en Hollande probablement pendant la seconde moitié du siècle dernier mais un individu fut encore tué dans ce pays entre 1828 et 1887.

 

L'espèce aurait disparu de Tchécoslovaquie, la dernière capture datant de 1908, en Moravie . Un animal fut capturé en Hongrie, à proximité du lac Balaton, en 1952.

L'espèce existait encore en Pologne au début de ce siècle.

Les populations se trouvaient menacées d'extinction en Finlande, au milieu de ce siècle.

En Allemagne, les captures signalées au XXème siècle concernent le Vison américain, celui d'Europe aurait disparu à la fin du siècle dernier.

En revanche, outre les populations françaises, l'espèce est représentée dans le nord de l'espagne. Les premières données pour ce pays dateraient de 1951.

 

Trois exemplaires ont été capturés dans les provinces basques (Tolosa et Villabona) sur le Rio Oria. Plusieurs autres ont été découverts au cours des années suivantes.  

 

Les auteurs du récent Atlas des Vertébrés du Pays Basque (1985) estiment qu'il s'agit d'une arrivée récente et remarquent, en outre, que la pollution de la rivière Oria (province de Guipuzcoa) est devenue telle que le maintien de l'espèce y est peu probable.

 

 

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Évolution de la répartition en France.

 

 

Les renseignements concernant la France sont plus nombreux. En 1831, la galerie de zoologie du Muséum National d'Histoire Naturelle acquit un «Vison du Poitou».

 

On signala la présence de l'espèce dans la région atlantique et enfin en 1843 il est inclut dans une faune de la Charente-Inférieure.

 

Par la suite, sa répartition est  précisée à l'ouest, de la Seine-Maritime jusqu'au département des Landes. Le Vison d'Europe a été également cité et observé sur les cours d'eau du Bassin Parisien,  du Massif central en 1895 ; de l'Allier en 1898, du Cantal, du Jura en 1863 et des Vosges en 1896.

 

A la fin du XIXème siècle, le statut spécifique du Vison de France demeure très controversé. Confondu avec le  Putois ou le Vison d'Amérique,  ce n'est qu'en 1914 que le Vison d'Europe est définitivement reconnu comme espèce distincte appartenant à la faune française.

 

 

Interprétation des données de répartition.

 

L'évolution des populations de l'ouest de l'Europe, leur répartition actuelle en deux blocs distincts et la diminution inquiétante de leurs effectifs ne sont pas faciles à comprendre en l'absence de données précises et nombreuses.  

Alors que la présence du Vison d'Europe est reconnue en Europe Centrale dès le milieu du XVIème siècle, il est étonnant que la première mention de l'espèce ne date que d'un siècle et demi en France et de moins de 50 ans en Espagne.

 

Pour l'expliquer, on avance trois hypothèses :

 

L'espèce existerait en fait depuis bien longtemps à l'Ouest mais serait restée inconnue des piégeurs, chasseurs et naturalistes français. 

 

Il existait une confusion entre le Vison d'Europe et le Putois, sur le terrain. Mais il peut paraître étonnant que seuls les naturalistes français aient fait cette erreur aussi longtemps. 

 

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De plus, du point de vue économique, sa fourrure, quoique moins précieuse que celle du Vison d'Amérique, aurait dû attirer l'attention car c'est une de plus belles disponibles en France, ce qui aurait dû contribuer à faire différencier l'espèce par les piégeurs et les fourreurs.

 

Putois.

Vison d'Europe.

 

 

 

La ressemblance, qui est réelle, n'est toutefois pas de celles qui peuvent résister bien longtemps à un examen attentif.  

   

 

 

Une autre hypothèse: le petit nombre des naturalistes existant dans la France de l'Ouest au cours des derniers siècles ainsi que la méconnaissance des fourreurs qui, en 1980, ignoraient encore l'existence d'un Vison d'Europe. 

 

La peau de Vison ne valait pas plus qu'une peau de Putois. Si la distinction avait, comme c'est probable, était faite seulement par les piégeurs, on peut noter qu'au début du siècle la valeur d'une peau de Putois (ou de Vison) n'atteignait que 30 à 32 francs alors que celle d'une Martre valait de 225 à 230 francs en 1923.  

Le prix du Vison européen n'était même pas mentionné. Les naturalistes espagnols ont une opinion identique concernant le Vison des provinces basques.

 

L'espèce aurait été introduite, volontairement ou non, par l'Homme vers la fin du XVIIIème siècle. Le rythme rapide de parution des publications scientifiques ayant pour objet la première mention de l'espèce dans les différents départements de la façade atlantique pourrait témoigner soit d'une introduction répétée en différents endroits, soit de la libération massive d'un grand nombre d'individus se dispersant rapidement.  

Toutefois l'espèce n'a été recherchée systématiquement en France qu'après la parution de la première donnée, l'intérêt des naturalistes étant éveillé.

 

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On pourrait trouver des exemples analogues; celui de l'étude récente de la répartition en France de l'Oreillard méridional, Plecotus austriacus, en est une bonne illustration. Cette espèces de Chauve-souris (chiroptère) qui n'a été différenciée qu'en 1960.

 

L'espèce a atteint la France par suite d'une extension de son aire de répartition. Celle-ci aurait débuté vers le milieu du XVIIIème siècle, à une époque où le taxon disparaissait d'une grande partie de l'Europe Centrale. Elle aurait eu alors une rapidité comparable à celle observée dans l'Oural, soit 900 km en une soixantaine d'années.

 

 

Dans ces conditions, il est très probable que le Vison aurait été mentionné dans les départements de l'est de la France avant ceux de la façade atlantique. Ce n'est pas le cas. 

 

Il y aurait une relation entre cette hypothétique extension de l'espèce à la fin du «petit âge glaciaire» dont le XVIIème siècle a été la période la plus froide. La Vison d'Europe aurait, d'après cet auteur, entamé son extension vers l'Ouest à la faveur d'un réchauffement du climat.

 

L'existence de l'espèce dans le nord de la Russie et en Sibérie laisse toutefois supposer que les basses températures ne sont pas pour elle un facteur limitatif.

 

Cela  ne tient pas compte du fait qu'au siècle dernier Mustela lutreola fut découvert par des zoologistes. Il était déjà là mais non reconnu comme espèce distincte. C'est ce qui vient de se produire en Espagne. Voir aussi l' Atlas des Mammifères du Pays Basque (1985).

 

La diminution des effectifs, allant jusqu'à la disparition totale de l'espèce a souvent été en relation avec l'arrivée du Vison américain, échappé d'élevages. Les deux espèces sont vicariantes et semblent utiliser la même niche écologique, l'espèce américaine présentant un léger avantage, lié sans doute à une plus grande adaptabilité. 

 

Pourtant, le déclin était amorcé bien avant l'arrivée de Mustela vison et, en admettant qu'une compétition s'instaure, elle ne peut qu'accélérer le phénomène mais n'en est pas la cause initiale. De même, la pollution de l'eau est postérieure au déclin. Le piégeage excessif pourrait également jouer un rôle complémentaire.

 

En 1867, la France produisait et vendait chaque année 100.000 peaux de Putois parmi lesquelles il y avait vraisemblablement des Visons... D'autre part, l'espèce est peut-être anthropophobe et disparaît quand la population humaine augmente.

 

En conclusion, dans l'état actuel des connaissances, il ne nous semble pas possible de statuer avec certitude sur l'origine de la population française du Vison d'Europe et en particulier sur les dates et les modalités de son apparition.

 

 

 

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Répartition actuelle du Vison d'Europe en France.

 

 

D'après les données de l'enquête menée à l'occasion de la parution de l'Atlas National (1984), l'aire de répartition en France englobe les départements de la façade atlantique. Depuis 1950, date choisie pour le départ de l'enquête, des observations ont été faites depuis les Côtes-du-Nord jusqu'à la frontière espagnole. Les bassins de la Garonne et de la Charente sont encore fréquentés et l'espèce survivrait peut-être également dans le nord de la Brenne.

 

Quelques données plus à l'Est sont incertaines. L'examen de la carte de répartition conduit à une remarque : il semble que les départements où les données sont incertaines constituent une sorte de voie de pénétration en France vers le littoral atlantique et que ces données pourraient être le reflet d'une occupation très fugace de ces régions. Ceci viendrait étayer l'hypothèse d'une colonisation récente de l'aire de répartition actuelle à partir de populations d'Europe Centrale.

 

Certaines régions de France n'ont, semble-t-il, jamais hébergé le Vison d'Europe. Ce sont les hautes montagnes (Alpes, Pyrénées) et la région méditerranéenne, y compris la Corse.

 

   

 

 

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ÉCOLOGIE ET BIOLOGIE.

 

L'écologie du Vison d'Europe est très mal connue. La majorité des travaux ont été réalisés en U.R.S.S. Les données de l'un d'entre nous apportent toutefois quelques précisions ponctuelles quant au régime alimentaire et à la reproduction en France.

 

Le régime alimentaire du Vison d'Europe, tel qu'il est décrit par les auteurs soviétiques, montre que l'animal est peu exclusif dans son alimentation. En fait, tous les types de proies disponibles sont consommés.

 

La plus grande partie de la nourriture est fournie par les différentes espèces de Rongeurs plus ou moins aquatiques. Il s'agit essentiellement du Campagnol amphibie et du Rat musqué, là où cette espèce a été introduite.  

 

 

 

La faune plus spécifiquement aquatique forme l'autre grand volet de ce régime alimentaire. Le Vison d'Europe peut capturer des poissons pesant jusqu'à 1,500 kg, mais semble susceptible de se passer de ce type de nourriture (il a été signalé dans des secteurs à biomasse piscicole très faible). 

 

Il consomme également beaucoup d'amphibiens, de crustacés (écrevisses, crabes d'eau douce en Europe orientale), de mollusques et d'insectes de grande taille. Parmi les proies secondaires, on a pu noter des oiseaux, des reptiles et aussi de la nourriture d'origine végétale. On signale que le Vison d'Europe peut stocker de la nourriture dans son gîte.  

 

Une prédominance des mammifères dans le régime a pu être notée en hiver. Les données provenant essentiellement de régions à hivers très froids, cet aspect du régime alimentaire est probablement lié au gel des rivières qui entraîne une moindre disponibilité des autres types de proies.  

 

A ce sujet, on note qu'il peut y avoir concentration de visons à la saison froide dans des secteurs où les cours d'eau ne gèlent pas par suite de l'accélération de leur courant. Les individus peuvent alors effectuer des déplacements de plus de 10 km pour rejoindre de tels sites.

 

Dans le sud-ouest de la France, le régime ne paraît pas très différent. Quinze analyses de contenus du tube digestif ont pu être faites. Les restes de Mammifères ont été trouvés dans dix cas. Ils appartiennent à des espèces semi-aquatiques (Rat musqué, Surmulot) mais aussi à des espèces terrestres, voire fouisseuses (Campagnols sp., Campagnol roussâtre, Microtus sp., Taupe). 

 

Des restes d'Amphibiens étaient présents dans 2 analyses; des Oiseaux (deux cas) et des Poissons (deux cas dont un Gardon) apparaissent aussi.  

Aucune variation saisonnière du régime alimentaire ne peut être soupçonnée à partir de données aussi réduites. On peut seulement signaler que le Vison d'Europe est, en France, très probablement opportuniste avec une prédominance de Mammifères dans le régime, en liaison peut-être avec l'abondance de ces Vertébrés. Aucune nourriture d'origine végétale n'a été trouvée.

 

 

 

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Comportement de reproduction.

 

 

La période de rut survient tôt au printemps, de février jusqu'en avril, dans la partie la plus septentrionale de l'aire de répartition. En France, nous avons capturé fin janvier, dans la même journée, un couple dans deux pièges distants d'une dizaine de mètres. Les animaux étaient très probablement en rut : testicules du mâle très développés et vulve de la femelle élargie. 

 

 

La durée de la gestation semble très variable: 35 à 72 jours.  

L' imprécision dans ces données provient probablement du fait qu'il peut y avoir une ovo-implantation différée de courte durée, mais ce phénomène ne semble pas systématique.

Après l'accouplement, la femelle s'isole le temps de la gestation et de l'élevage des jeunes.

   

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Croissance et élevage des jeunes.

 

Les naissances ont lieu en avril-mai (plus tard dans les régions septentrionales). Les portées comptent de deux à sept jeunes avec une moyenne de 4,7.  

La sex-ratio est égale à un à la naissance, soit un mêle pour une femelle.

 

Les nouveau-nés pèsent de 7,6 g à 9,5 g. ; la longueur tête + corps est alors de 57 à 82 mm et celle de la queue est de 15 à 18 mm. Les jeunes ouvrent les yeux à un mois et les premières dents apparaissent au début du deuxième mois.

 

Le sevrage a lieu aux alentours de la dixième semaine et les groupes familiaux se défont en août, rarement plus tard. La dispersion des jeunes se fait dans un rayon d'une dizaine de kilomètres. La taille moyenne des portées à la fin de l'élevage étant de 3,5 jeunes, la mortalité juvénile peut donc être estimée à environ 25 %. 

 

Les jeunes atteignent leur maturité sexuelle l'année suivant la naissance.

Les femelles se développent plus vite que les mâles.

 

Dans le Sud-ouest de la France, trois femelles gestantes portaient sept (4 et 3) et deux fois six (3 et 3) embryons. Le 16 août, une femelle était en lactation. Ces données correspondent à celles des auteurs soviétiques qui notent qu'il peut y avoir une seconde portée durant l'été, si la première a été menée à terme suffisamment tôt ou si elle a été détruite. Nous n'avons fait aucune observation à ce sujet.

 

 

 

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Utilisation de l'espace.

Bien que les petits cours d'eau forestiers semblent être son biotope de prédilection, le Vison d'Europe fréquente un grand nombre de milieux comme marais, lacs et étangs, à condition toutefois qu'une végétation terrestre dense soit présente. Il semble éviter les grands cours d'eau.

 

Le Vison d'Europe est relativement sédentaire. La dimension de son espace vital varie de 20 à 100 ha.

 

Le Vison s'installe dans les terriers situés dans la berge et entre les racines des arbres de la ripisylve. Il peut indifféremment creuser lui-même ses refuges, ou utiliser, après les avoir agrandis, des abris aménagés par d'autres espèces (Rongeurs).  

Son gîte est tapissé d'un litière de végétaux secs. Il peut aussi gîter en plein air, au milieu des roselières. Il utilise parfois les arbres creux et les amoncellements de bois morts flottés.

 

 

 

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Mortalité, parasitisme, maladies.

 

Les principaux compétiteurs du Vison d'Europe sont la Loutre, le Putois et les grands oiseaux rapaces diurnes et nocturnes. L'Homme demeure le principal prédateur comme nous l'ont confirmé dans le Sud-Ouest des données récentes et ponctuelles.  

Certains facteurs défavorables comme la raréfaction des proies, les périodes de gel prolongées, les changements de niveau de l'eau, la déforestation et la pollution des cours d'eau ont des effets dont l'ampleur est très mal connue. Plusieurs auteurs notent une certaine variabilité des densités de population.

 

Certains auteurs estiment que le Vison d'Europe peut fréquenter des cours d'eau pollués.

Le Vison d'Europe semble héberger de nombreux parasites. On a  dénombré quatorze espèces de trématodes, deux de cestodes et onze de nématodes. Il présenterait en particulier souvent une infestation des sinus frontaux par des nématodes du genre Skrjabingylus qui provoquent des déformations osseuses. Sur les nombreux crânes d'animaux du Sud-Ouest, aucune trace de ce parasite n'a été trouvée.

 

On connaît fort peu de choses relatives à l'acuité des sens. Quelques recherches ont été faites cependant sur la vision des couleurs. On a pu montrer que le Vison d'Europe différenciait clairement le rouge et le vert du gris et, moins bien, le jaune du bleu.

 

 

 

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Les Rapports avec l'homme.

 

Le Vison d'Europe est protégé en France mais la protection de l'animal lui-même n'a aucun sens si son milieu de vie n'est pas également préservé. Or, il est certain que les 20 dernières années ont vu les zones humides se restreindre considérablement. Le débroussaillage des rives et la rectification des cours d'eau ont certainement rendu inhospitaliers des secteurs où le Vison était présent. Le drainage et l'assèchement des marais ont probablement contribué à réduire et à morceler l'aire de répartition de l'espèce.

 

Les outils législatifs pour protéger le milieu de vie des espèces en voie de raréfaction existent (mise en réserve, arrêtés de biotopes, études d'impact et mesures compensatoires ... ) mais ils ne sont utilisables que s'il existe une volonté affirmée de prendre en compte les facteurs de l'environnement dans tous les types d'aménagement envisagés au même titre que les facteurs économiques et sociaux. Des solutions peuvent être proposées si les données scientifiques existent et si les exigences de l'espèce sont définies.

 

La coexistence dans le même milieu d'une espèce protégée et d'une espèce indésirable présentant des moeurs voisines pose des problèmes quant à la gestion de la faune. 

 

En France, la présence du Rat musqué, (Ondatra zibethicus) dans tous les secteurs fréquentés par le Vison d'Europe peut avoir un impact négatif sur cette dernière espèce lorsque des campagnes de destruction de rongeurs sont organisées. Même si les «accidents» sont très rares (et ils sont loin d'être exceptionnels), leurs impacts sont difficilement estimables sur une population au statut précaire.  

Ce risque est encore accru si le Vison d'Amérique voit son statut modifié du fait des prédations dont il est responsable sur la faune gibier de certaines régions (Bretagne). On peut alors s'interroger sur la fiabilité des méthodes utilisables pour limiter cette espèce tout en respectant le Vison d'Europe à l'aspect et aux moeurs si semblables.

 

En France, un travail important reste à faire sur le problème de la répartition de l'espèce. Actuellement, seul le piégeage permet de vérifier la présence de l'animal en dehors de la découverte d'individus morts et de l'observation directe d'animaux vivants. 

 

L'observation des traces d'activités (empreintes, fèces, ... ) qui ont beaucoup d'importance dans l'étude des Mammifères, n'est guère utilisable car il est très difficile de différencier de cette manière les deux espèces de Visons et le Putois. 

 

Une étude fine des fèces de ces animaux par l'analyse des sels biliaires par exemple pourrait éventuellement fournir un outil de diagnose intéressant pour l'étude de répartition.  

Les problèmes liés à l'utilisation de l'espace par l'animal demanderaient également un effort de recherche. La taille des domaines vitaux, le comportement social, la typologie des milieux fréquentés et les facteurs limitant sont des éléments à prendre en compte si l'on veut élaborer une politique de protection et faire des propositions dans le cadre de l'aménagement du territoire et en particulier la gestion des zones humides.  

Des travaux pourraient être entrepris dans cette optique dans les zones humides de l'Ouest de la France. Les équipes qui travaillent actuellement sur la Loutre en Bretagne et dans le Marais Poitevin tentent de rassembler les données sur l'écologie des deux espèces de Visons. 

 

L'essentiel semble actuellement d'empêcher l'utilisation de pièges qui noient les individus (pièges à Rat musqués) ou les tuent (pièges à mâchoires non homologués).  

La démographie, l'état des populations et les compétitions interspécifiques, en particulier avec le Vison américain parfois présenté comme une des causes des raréfaction de l'espèce, restent encore des aspects presque inconnus de l'écologie du Vison d'Europe.

 

 

 

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Sommaire:
Morphologie du Vison d'Europe.
Evolution de la répartition en Europe.
Evolution de la répartition en France.
Répartition actuelle en France.
Ecologie et Biologie.
Comportement de reproduction.
Utilisation de l'espace.
Mortalité, maladies.
Les rapports avec l'homme.

 

Réalisée le 10 octobre 2003  André Cochet
Mise ur le Web le   octobre  2003

Christian Flages

Mise à jour le 

                 

 

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