Edition originale |
VARIÉTÉS L'ABBÉ BAUREIN Réédité en 1876 |
Extrait: Collection Privée |
Saint
VINCENT de NOAILHAN. Nous ne
pouvons pas dire grand chose sur une Paroisse qui nous est inconnue, et
sur laquelle d'ailleurs nous n'avons reçu aucun renseignement local.
Nous savons seulement qu'elle est située dans l'étendue de l'Archiprêtré
de Cernès, et qu'elle est voisine des Landes; aussi ne faut-il pas être
surpris si son ancienne culture consistoit à y faire croître des
millets; au moins étoit-ce en cette nature de denrées qu'étoient
acquittées les redevances dont cette Paroisse étoit tenue envers les
Archevêques de Bordeaux. On
peut juger par là en quelle considération étoit dès lors la Cour de
Parlement de cette Ville, puisque la présence de deux de ses Officiers
étoit suffisante pour contenir la noblesse d'une contrée entière, et
on voit par là quelle étoit la vigilance de cette même Cour, pour
maintenir le bon ordre dans la Province. Si la prétention du Seigneur de Noailhan étoit fondée, c'étoit à sa naissance et non à sa Seigneurie, qu'il en étoit redevable; car une Seigneurie qui n'étoit pas placée dans le Bazadois, ne pouvoit pas lui donner droit à la qualité de premier Baron de cette même Contrée. La Maison de Noailhan étoit d'une noblesse d'autant plus ancienne, que son nom se trouve identifié avec celui de la Seigneurie. On a déjà observé ailleurs que lorsque les surnoms commencèrent à être en usage, ce qui arriva vers le dixième siècle, chacun en prit un à son choix; mais les Nobles préférèrent ceux de leurs Fiefs et de leurs Seigneuries. Dans
ces siècles reculés, l'identité des noms des Seigneurs avec celui de
la Seigneurie, étoit donc la marque certaine de l'ancienne noblesse
d'extraction qu'on ne se procuroit pour lors que par cette voie. Or, on
trouve un Amanieu de Noalhan qualifié Miles,
c'est-à-dire, Chevalier, dans
un titre du 2 Mars 1225. Ce n'est pas P.243 le seul Seigneur de cette Maison dont il soit fait mention dans les anciens titres : Guillaume Seguin de Noalhan est décoré de la même qualité de Miles ou Chevalier, dans une Chartre du 9 Février 1241 : Bertrand de Noailhan est qualifié Domicellus ou Damoiseau dans un titre du 13 Décembre 1262, et dans quelques autres postérieurs; et dans un titre du 10 Mars 1273, il est fait mention d'un Pierre de Noalhan, qui y est qualifié Miles. S'il
existe encore des descendans de cette ancienne Maison en quelque
part de la France, il ne leur sera pas impossible de recouvrer des
documens sur l'ancienneté de leur noblesse, en faisant des
perquisitions dans les anciens dépôts du Bazadois et du Pays Bordelois,
et particuliérement dans ceux des principales Eglises ou des anciens
Monasteres. On a déjà vu par l'extrait rapporté ci-dessus, que le Seigneur de cette Maison disputoit à celui de Roquetaillade la qualité de premier Baron du Bazadois et qu'il étoit à craindre que cette dispute, quoique pendante en justice réglée, n'eût des suites fâcheuses. Il y a lieu de penser que les assemblées qui se faisoient de part et d'autre, étoient composées de la Noblesse du Bazadois et des environs, qui prenoient parti dans cette querelle. Quel qu'en ait été le résultat, il est certain que la prétention des Seigneurs de Noailhan ne devoit pas être dépourvue de quelque espece de droit, dès lors qu'elle avoit été portée en justice réglée. On ne sait autre chose à cet égard, sinon que la Maison de Noailhan étoit aussi ancienne que distinguée, par sa noblesse, dans le Pays Bordelois. Il
y a lieu de penser que dès le commencement du treizieme siecle, les
Seigneurs de Noailhan jouissoient du droit de la haute Justice dans l'étendue
de leur Seigneurie, puisqu'il est fait mention dans les rôles Gascons
des années 1213 et 1214 de certains frais qui avoient été faits pour
l'audition des témoins qui avoient déposé sur le fait de la haute
justice P. 244 Il
paroît par les rôles Gascons des années 1406 et 1407, qu'il fut
question, à cette époque, de la concession de la terre de Noailhan, en
faveur de Charles de Beaumont (2).
Si on consulte ces mêmes rôles aux années 1415 et 1416, on y voit
qu'il fut de nouveau question de la concession de la terre de Noailhan,
et de quelques autres Seigneuries, en faveur du même Charles
de Beaumont. (3) On
voit par là, et par une infinité d'autres exemples, que ces sortes de
concessions de la part des Rois d'Angleterre n'étoient pas à perpétuité
: ils en gratifioient ceux qu'ils jugeoient à propos, et ordinairement
ceux qui étoient le plus en faveur. Une
grande partie des Seigneuries du Pays Bordelois passerent peu à peu sur
la tête de ce particulier qui devint dans la suite un grand et puissant
Seigneur, dont les terres et héritages sont tombés au pouvoir de
l'illustre maison de Durfort-Duras, ainsi qu'on l'a déjà vu dans le présent Ouvrage. Il ne paroît pas que les anciens Seigneurs de Noailhan aient été rétablis dans la possession de cette Terre pendant le temps que les Rois d'Angleterre ont été les maîtres de cette Province : il semble même qu'on est autorisé à assurer le contraire, d'après ce qu'on lit dans les rôles Gascons (t. 1, p. 235), qu'en l'année 1451, la terre et le domaine de Noailhan furent donnés à Baudinot Gassies, homme d’Armes. Il
pourroit être arrivé que les anciens Seigneurs de Noailhan, qui n'en
avoient été dépouillés que pour avoir embrassé le parti des Rois de
France, y furent rétablis lorsque ceux-ci eurent fait rentrer sous leur
domination la province de Guienne; mais nous ne pouvons rien assurer à
cet égard. Il ne faut pas être surpris si, n'ayant reçu aucun détail sur cette Paroisse, nous nous soyons étendu sur ces anciens Seigneurs. Nous ignorons s'il y existe un ancien château : nous savons seulement qu'il y en existoit un dans le temps que la Guienne étoit sous la puissance des Anglois. Cette
Paroisse est placée sur la rive gauche de la Garonne, à trois lieues
de distance de ce Fleuve, et à neuf lieues de Bordeaux. Quoique nous
n'ayons reçu aucun document sur le genre de culture observé dans cette
Paroisse, nous ne croyons pas nous écarter du vrai, en disant qu'il ne
differe guere de celui qui est pratiqué et en usage dans la contrée
des Landes de Bordeaux : nous voyons au moins que les redevances
auxquelles cette Paroisse étoit assujettie envers les Archevêques de
cette Ville, s'acquittoient en millets, qui sont incontestablement des
denrées des Landes. Nous
nous sommes procuré, par toute autre voie que par celle de M. le Curé
de Noailhan, les éclaircissemens qui suivent : en premier lieu, qu'il
se tient deux foires dans cette P.246
Paroisse, dont la premiere est fixée au 23 juillet, et la Il faut néanmoins convenir que tout le terrein n'y est pas de cette nature, et qu'il y existe des fonds en bois taillis, en pacages et en prairies; mais celles-ci sont exposées aux fréquentes inondations de la petite riviere du Siron, qui traverse les extrémités de cette Paroisse……. en troisieme lieu, que le chemin de Preignac à Villandraut, passe dans cette Paroisse, et que ce chemin est mauvais en bien des endroits ……..... en quatrieme lieu, que celui de Noailhan à Langon, n'est guere plus commode…… .... en
cinquieme lieu, qu'il existe dans Noailhan une Chapelle sous
l'Invocation de Saint Michel, placée à la distance de près de six
cens pas de l'Eglise Paroissiale, et que le Cimetiere de Noailhan, qui
n'est pas placé auprès de celle-ci, ainsi qu'il est d'usage, est situé
aux environs de cette Chapelle. On observera que l'Auteur du Dictionnaire Universel de la France, et M. l'Abbé Expilly, ne font aucune mention de cette Paroisse sous la dénomination simple de Noailhan; mais qu'à force de chercher, on a enfin trouvé qu'il en étoit question dans l'un et l'autre Auteur, sous le mot Motte de Noailhan. Nous
avons été d'autant plus aise de cette découverte, que, nous ne nous
plaisons pas à trouver les Auteurs en défaut. Nous nous croyons néanmoins
obligé à relever les erreurs qui peuvent s'être glissées dans leurs
Ouvrages, par rapport au Diocese de Bordeaux, uniquement dans la vue
qu'elles ne se perpétuent pas. L'Auteur, par exemple, du Dictionnaire Universel de la France, appelle ce lieu la Motte Nouaillon; mais sa vraie dénomination est la Motte Noailhan. Cet
Ecrivain lui attribue 4510 habitans. M. l'Abbé Expilly la nomme Motte
Nouaillan, dans laquelle il compte 1000 feux, qui donneroient,
suivant son calcul, 5ooo habitans. Cet Auteur la place à trois lieues
S. 0. de Langon, et à sept et demie S. E. de Bordeaux. Il paroît,
d'après ces deux Ecrivains, que la population est assez considérable
dans le lieu de Noailhan, quoique placé dans le voisinage des Landes. (1) De expensis allocandis super examinatione testium super
facto alti justiciatûs de Novelhan (Noalhan).
(Rôles Gascons, t. I, P. 45.) (2)
De concedendo Karolo de Beaumont
terrant de Noailhan, et costumam vinorum vocatam Loissac, apud
Burdegalam. (Ibidem,
t.
i , p. 191.) (3)
Pro eodem Carolo, de terrd de
Noailhan, cum aliis terris et tenementis in Burdegalesio, etc. (Ibid.,
P. 200.) (4)
Rex concessit Bernardo Angevin, terram vocatam de Noailhan et de
Salaunes. (Ibid.,
p. 211.) |
Réalisée le 6 octobre 2002 | André Cochet |
Mises ur le Web octobre 2002 |
Christian Flages |
Mise à jour le |
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