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La
GARONNE André
REBSOMEN FERET
et fils éditeurs |
Passage concernant: NOAILLAN |
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A
une faible distance de Villandraut, toujours en suivant la vallée du Ciron,
se rencontre le château de Noaillan, situé à l'est de la rivière, et qui
est possédé par M. Georges Guillot de Suduiraut.
Cette
forteresse présente un plan polygonal fort irrégulier et clos de murs.
L'ensemble se compose aujourd'hui de bâtiments d'exploitation agricole au
nord-est et au sud-est, au sud, de l'ancienne chapelle du château, et à
l'ouest, du château proprement dit.
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Le gros mur d'enceinte de cette dernière partie, qui paraît être du XIIIe siècle, commence près de l'église par les restes d'une ancienne poterne; il se continue par une petite tour ronde suivie un peu plus loin d'une grosse tour, également ronde, qui devait servir de donjon, et contre laquelle s'appuient les appartements seigneuriaux du XIVe siècle, dont il demeure encore les fenêtres à meneaux.
Des
lices où l'on peut facilement se promener entourent les anciens remparts et
dominent une vaste prairie. Ce château est fort bien tenu, aussi bien que des
ruines peuvent l'être sans perdre leur cachet archaïque. Quelques arbres
ombragent ces débris sans les étouffer et le lierre enveloppe discrètement
ces restes du passé.
L'ancienne
chapelle du château, maintenant église paroissiale, élève dans les airs
son clocher pignon percé de cinq baies et se compose de trois nefs et de
trois absides circulaires. Celle du centre est ornée de chapiteaux intéressants.
L'histoire
de la seigneurie de Noaillan nous révèle qu'elle était une des plus
anciennes du Bordelais. Amanieu de Noaillan, chevalier, nommé dans un titre
du 2 mars 1225, fut un des soutiens d'Henri III d'Angleterre à la bataille de
Taillebourg, en 1242.
Plus tard, le 19 mars 1274, Bertrand de Noaillan reconnaît tenir du roi Edouard ler le château de Noaillan « au devoir d'une lance d'esporle à muance de seigneur », et ce qu'il possède dans la paroisse de Salles, au devoir d'un « autour saur ».
Le même jour, un de ses parents, Guillaume de Noaillan, reconnaît devoir au duc d'Aquitaine une paire de gants. Le roi d'Angleterre compte sur l'appui du sire de Noaillan, ainsi que le prouve la lettre qu'Edouard Il écrivait à Amanieu de Noaillan, en 1312, pour lui demander ses chevaux, ses armes et ses soldats.
En
1322, il le convoquait pour la guerre d'Ecosse. En 1373, le seigneur de
Noaillan prêtait serment de fidélité au prince de Galles. Mais peu d'années
après, la famille de Noaillan abandonne son château d'origine qui passe à
la famille de la Motte. Gaillard de la Motte en était seigneur en 1383.
Au
commencement du XVe siècle, les rois d'Angleterre reprennent Noaillan pour le
donner à des vassaux d'une fidélité plus sûre que celle des La Motte, et
le concèdent enfin, en 1428, à Bernard Angevin, qui, de simple clerc, était
devenu un des plus puissants seigneurs de la province, chancelier d'Aquitaine
et membre du grand conseil.
Après la conquête de la Guyenne par les Français, les la Motte recouvrèrent Noaillan.
L'un d'eux, Jean de la Motte, recueillit la riche succession laissée par le maréchal Xaintrailles, son oncle, et sa famille demeura à Noaillan jusqu'en 1567.
Cette année-là, François de la Motte vendit les terres de Noaillan et de Léogeats à Jean Le Berthon, conseiller au Parlement de Bordeaux, pour la somme de 12.000 francs bordelais.
Un long procès commencé à la même époque et achevé en 1578, rendait Noaillan à dame Marie de Ballanguier, douairière de la Motte, mère de François Il de la Motte (dont nous avons déjà parlé à propos du château de Castelnau de Mesme) et annulait sans doute la vente dont nous parlons.
Ce
François Il de la Motte eut pour fille Guyonne de la Motte, marquise de
Castelnau, qui épousa, en dernier lieu, Jean d'Espagnet, et déjà connue du
lecteur.
Enfin
Jean Duroy, conseiller au Parlement de Bordeaux, achetait la moitié de la
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terre
de Noaillan, dont le reste appartenait à la famille de Piis. Vers 1700, les
Duroy de Suduiraut faisaient l'acquisition de cette part et demeuraient ainsi
seuls seigneurs du lieu jusqu'à la Révolution.
Avant
de laisser Noaillan, nous n'aurons garde d'oublier ce qui fait sa célébrité
culinaire, la culture intensive de l'ail, cette « thérîaque des paysans »
comme on l'appelait jadis.
Réalisée le 10 janvier 2002 | André Cochet |
Mise sur le Web janvier 2002 |
Christian Flages |