Edition originale |
VARIÉTÉS L'ABBÉ BAUREIN Réédité en 1876 |
Extrait: Collection Privée |
SAINT
JEAN d’ORIGNE.
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Le
saint Patron de cette Paroisse est Saint Jean l'Evangéliste. Elle seroit,
suivant les Mémoires qui nous ont été fournis, l'Eglise matrice de Saint
Jean de Tuzan; néanmoins on ne
doit pas dissimuler que, dans certains anciens pouilliés, elle n'a que la
qualité d'Annexe. Le but de cet Ouvrage est de ne rien préjuger; on y cherche
de bonne foi, et autant qu'il est possible, à découvrir la vérité.
Cette
Paroisse est appellée Saint
Jean de Orentia, dans la lieve
imprimée des quartieres de l'Archevêché, de l'an 1420; elle est désignée
dans celle de 1546, sous la dénomination de Saint Jean d'Aurigne; et
jusqu'alors il ne paroît pas qu'il fût question de sa qualité d'Annexe, ni d'Eglise
matrice. Néanmoins, dans un ancien pouillié manuscrit, qui n'est pas de
beaucoup postérieur à cette derniere lieve, on trouve ces deux Eglises réunies
et énoncées en ces termes :
Ecclesia
Sanctorum Joannis de Trezan et
Origine; et
dans le Pouillié général de la France, imprimé en 1648, il est porté en
termes exprès, qu'Origne étoit annexe
de l'Eglise de Tuzan.
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Sans
insister davantage sur les qualités respectives de ces deux Eglises, on
observera qu'elles sont à la distance de cinq quarts de lieue l'une de l'autre,
et qu'elles sont desservies par un seul et même Curé. Il y a dans celle d'Origne
plusieurs Fêtes de dévotion, qui y attirent les Peuples des Paroisses
voisines, aux jours de Saint jean Porte-Latine, de l'apparition de Saint Michel,
de Sainte Quitterie, de Saint Jean-Baptiste, de la Décollation de ce même
Saint, aux jours de Saint Eutrope, de Saint Michel, de Saint Côme et de Saint
Thomas.
La
Paroisse d'Origne est située dans l'Archiprêtré de Cernés; sa Cure, qui n'en
fait qu'une avec celle de Tuzan, est séculiere et à la collation de
l'Ordinaire. Le Curé est gros Décimateur dans l’une et l'autre Paroisse. Il
fait néanmoins sa résidence ordinaire dans Origne, où il a un presbytère très
logeable et très commode, et plus de quatre journaux en jardin, en prairie et
en bois-taillis, ayant d'ailleurs toutes les bâtisses nécessaires pour le
logement et l'exploitation de la dîme de ces deux Paroisses.
Il
n'y a point, à proprement parler de Villages ou Hameaux dans Origne, ce ne sont
que des métairies éparses, qui ont chacune un nom particulier. Il n'y existe
qu'un seul ruisseau, qui est peu de chose, à la vérité, pendant les temps de
sécheresse, mais qui grossit considérablement, et qui déborde pendant le
temps des grandes pluies. On traverse ce ruisseau au moyen d'un pont construit
en bois, mais il est si peu solide, qu'il est enlevé au premier débordement.
Un pont construit en pierre seroit indispensable; mais les Habitans ne sont pas
en état d'en supporter les frais.
Origne,
quoique situé au milieu des landes n'a rien néanmoins d'épave; ce lieu seroit
même susceptible d'agrémens,
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si les Habitans ou Cultivateurs vouloient en faire la dépense. La vigne même y
réussiroit. Ce sont des renseignemens qui nous ont été envoyés sur cette
Paroisse.
Sur
quoi on croit devoir observer, en général, qu'il faut être riche pour
intervertir la culture d'une Paroisse, ou au moins faut-il être en état d'en
supporter les dépenses et les cessations, où retardemens des productions
ordinaires. Il faut d'ailleurs prévoir les inconvéniens qui peuvent résulter
d'une pareille interversion. Il n'est pas possible, quelque chose qu'on fasse,
de changer, dans un court espace de temps, une lande inculte, souvent pleine
d'eau pendant l'hiver, un pays couvert de bois et de forêts de pins, en un beau
vignoble; or, tandis qu'une partie considérable d'une Paroisse de lande
subsistera dans son ancien état, que n'a-t-on pas à craindre pour le succès
d'une plante à laquelle la fréquence des gelées est si préjudiciable ?
On
n'insistera point à cet égard, on observera seulement que le terroir de la
Paroisse d'Origne, ainsi que celui de la. plupart de celles des landes, est
sablonneux, et qu'il ne produit qu'à force d'engrais. On y trouve à la vérité,
en certains lieux, quelques terreins de graves, une carriere qui n'est pas d'une
grande étendue, quelques cantons où il existe de l'argile, quelques endroits
bas où l'on pourroit pratiquer des prairies; mais le restant de la Paroisse,
c'est-à-dire la majeure partie, est un terrein qui tient de la nature du sable;
aussi n'y recueille-t-on que des seigles et des millets.
Il y a quelques landes dans Origne; mais il n'y en a point suffisamment pour le pâcage des bestiaux. Nos nouveaux Cultivateurs ne sont pas assez expérimentés, lorsqu'ils se proposent de défricher toutes les landes. Il est aisé de former des projets, mais il n'est pas aussi facile de les ramener à exécution; on ne prévoit pas toujours les inconvéniens qu'on y rencontre; leurs entreprises iront bien, tandis qu'il y aura des engrais dans leurs caisses; mais si ceux-ci viennent à leur
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manquer, ils connoîtront pour lors de quel avantage sont les landes incultes
pour l'entretien de celles qui auront été mises en culture.
La Paroisse d'Origne est bornée, vers le levant, par celle de Budos, vers le couchant, par celles d'Hostens et du Tuzan; vers le midi, par celle de Saint-Simphorien, et vers le nord, par celle de Guillos.
Origne
est à la distance de sept grandes lieues de Bordeaux, de quatre de Langon,
d'autant des ports de Podensac et de Portets, et de deux lieues de Villandrault.
Il n'existe point dans cette Paroisse, ni dans celle de son voisinage, de Bureau
pour les lettres; on ne peut les y faire parvenir que par des commodités
particulieres.
La circonférence de cette Paroisse est d'une grande lieue; les maisons les plus éloignées ne sont qu'à la distance d'un quart de lieue de l'Eglise. Les Habitans s'occupent principalement de la culture de leurs fonds, et des charrois pour porter aux ports de Podensac, Portets et Castres, du bois de chauffage, ou des échalas de pins.
Il
y a environ une trentaine de feux dans la Paroisse, formant de cent quarante à
cent quarante cinq communians, sans y comprendre les enfans. Quoiqu'Origne soit
placé dans un pays de lande, les eaux néanmoins y sont bonnes. Cette Paroisse
est située dans la Jurisdiction de Castelnau de Cernès. Les appels se relevent
au Sénéchal de Casteljaloux, et en dernier ressort au Parlement. M. le Marquis
de Pons est Seigneur Haut-justicier, Foncier et Direct de la Paroisse d'Origne;
celle-ci n'a qu'un rôle commun pour la taille, avec la Paroisse de Balizac.
On
observera qu'il n'est fait aucune mention de cette Paroisse, ni dans le Dictionnaire
Universel de la France, imprimé en 1726, ni dans celui qu'a donné, depuis
ce temps-là, au Public M. l'Abbé Expilly.
On
croit devoir insérer ici ce qu'on a constaté, d'après des titres qu’on a
vus depuis que le présent article a été achevé : En premier lieu, qu'un nommé
Guilhem d'Origne, avoit
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fondé, dans l'Eglise de cette Paroisse, une Chapellenie qui porte son
nom…..En second lieu, qu'il dépend de cette Chapellenie quelques rentes
directes, sur des maisons dans Bordeaux, situées dans la Paroisse de Saint-Eloi.
En troisieme lieu, que, suivant ces titres, l'Eglise d'Origne avoit Saint
Etienne pour son Saint Titulaire…. En quatrieme lieu, que, suivant ces mêmes
titres, cette Paroisse étoit située ès Landes, en terra gasca, en terre gasque
Réalisée le 6 octobre 2002 | André Cochet |
Mises ur le Web octobre 2002 |
Christian Flages |
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