Ce
texte est extrait de: Documents/
Choisir un regroupement/ |
La
GARONNE André
REBSOMEN FERET
et fils éditeurs |
Passage concernant: PREIGNAC |
Page 236 |
Reprenons
notre course à travers la campagne et traversant le Ciron qui maintenant
coule à pleins bords en deux et même trois bras différents, nous nous
acheminerons vers l'est jusqu'à ce que nous arrivions au château de
Suduiraud propriété de Madame veuve Emile Petit.
L'entrée
principale de ce domaine est formée d'une magnifique avenue de vénérables
pins francs qui conduit tout droit à la maison d'habitation. Devant le château
une ligne demi6circulaire de vieux tilleuls enserre une esplanade où une pièce
d'eau, constellée de nénuphars, reflète les formes élancées d'un rideau
de peupliers.
En
face, une large grille sert d'entrée à un petit jardin à la française,
cerné de trois côtés par les bâtiments.
Derrière
le château, la façade, non dépourvue de grandeur, se présente ornée de
beaux balcons en fer forgé Louis XV et d'un fronton triangulaire portant les
armes des anciens seigneurs
Page 237 |
Un
parc s'étend au delà: des centaines de caisses d'orangers bordent ses allées, un labyrinthe, une pièce
d'eau, un vivier, des cèdres majestueux, une allée
de palmiers, un petit bois de chênes et des châtaigniers plantés en
quinconce complètent les charmes de cette agréable résidence. La famille Duroy de Suduiraut, qui
s'illustra dans le Parlement de Bordeaux et à la Cour des Aydes de cette ville,
habitaient autrefois ce château.
Au sud-ouest du bourg de Preignac, on remarque le château de Malle dans un flot de verdure clos de murs, où habite le comte Pierre de Lur Saluces. De fort belles grilles en fer forgé portant des armoiries et de dessin original s'ouvrent à son entrée principale.
Le château est de style Louis XIII: un pavillon central flanqué de tours rondes à toit en coupole lui donnent un cachet très caractéristique.
A
l'intérieur, les salles sont ornementées de cheminées en pierre sculptées.
Les jardins, dessinés à la française, sont étagés avec terrasses, perrons
et statues qui rappellent le genre italien.
Ce domaine appartenait depuis 1540 à la famille de Malle, qui fournit au Parlement de Bordeaux plusieurs de ses membres, dont Jacques de Malle, avocat au Parlement, qui s'occupait lui-même d'expédier ses vins jusqu'en Hollande et en Ecosse.
En 1720, le château de Malle passa à la famille de Lur Saluces à la mort de Pierre de Malle, dont la fille unique , Jeanne, avait épousé, en 1700, Eutrope Alexandre de Lur Saluces, comte d'Uza.
Leur
fils, Pierre, devint marquis de Lur Saluces et maître de Malte : il mourut en
1780, colonel de cavalerie et lieutenant général.
L'église
de Preignac, de construction moderne, ne nous retiendra pas longtemps. Elle
possède un tombeau de pierre, de grain très fin, agrémenté de sculptures
Renaissance et portant une inscription, épithaphe du sieur Pierre... écuyer
et seigneur d'Armajan et de Lamothe, qui vécut avec sa « très chaste
espouse », Jeanne de Lossans, pendant 32 ans, et mourut le 22 décembre 1572.
Sur
une plaque de marbre, au milieu du tombeau, on lit cette devise humiliante: Quid
superbis? Terra et cinis.
Cet époux de Jeanne de Lossans était Pierre Sauvage qui habitait le château des Ormes à l'ensemble assez élégant et situé dans le bourg de Preignac. Lorsque Charles IX, voyageant en France, s'arrêta, en 1566, à Preignac, il descendit chez ce personnage et l'annoblit du titre de d'Armajan et de Lamothe.
C'est
ce que rappelle une plaque circulaire en marbre blanc encore enchassée dans
la façade orientale du château.
Page 238 |
On
y garde aussi une
autre plaque de marbre blanc dont l'inscription évoque le passage, en cette même
demeure du duc et de la duchesse de Montpensier revenant d'Espagne, le 31
octobre 1846, après leur récent mariage et se dirigeant sur Bordeaux. M.
Galice est aujourd'hui possesseur de cette propriété.
En
passant derrière l'église de Preignac nous gagnons le port, baigné par un
bras de la Garonne et placé dans une riante situation. Sur la cale pavée se
déchargent ou s'embarquent les marchandises, vins, pierres, tuiles, au moyen
de la palanquey fort madrier appuyé d'un bout sur le quai et de l'autre sur
le bord de la gabare.
Au
nord-ouest de Preignac, en vue de la Garonne, le château des Rochers corps de
logis à un étage, sans grand caractère, rappelle le souvenir de son
constructeur, le président Jean-François de Rolland, président à mortier
au Parlement de Bordeaux, issu d'une honorable et noble famille de magistrats
et qui périt, en 1794, sur l'échafaud révolutionnaire. Aujourd'hui encore,
la marquise de Rolland habite dans cette demeure.
A
une faible distance de là, vers l'ouest, au hameau de la Garengue, et presque
au pied du talus du chemin de fer, s'élève une chapelle en ruines que les
ronces envahissent de tous côtés. C'est la chapelle de St-Amand dont les
quatre murs, bien désagrégés, sont impuissants à redire leur histoire.
L'appareil des pierres indique cependant une construction fort ancienne, peut-être
même antérieure au XVe siècle.
Le
Ciron passait autrefois au pied de cet humble sanctuaire: un petit pont ancien
à deux arches et en ruines indique où se trouvait l'ancien lit de la rivière.
Un pont, jeté sur le Ciron, appelé autrefois pont des Chartreux ou pont aux Moines, et sur lequel passe la grande et belle route d'Espagne, unit Preignac à Barsac.
Tout auprès se trouve un beau moulin à sept meules, appelé le moulin du Pont. Jadis, au XVe siècle, cet endroit était désert; des bois et des taillis voisins servaient de repaires à des « larrons, brigands et agresseurs de chemins ».
Le
pont était tombé en ruines, et l'on avait commencé à y édifier un moulin,
mais personne n'osait y demeurer. Un brave habitant de Podensac, André Cavaud,
pressé par le Parlement de Bordeaux qui S'intéressait à la sûreté de la
route, accepta et promit de réparer le pont, de construire le moulin avec le
concours des habitants du voisinage et de l'habiter.
Tout
près du pont on remarque une haute tour carrée à trois étages et à toit
pointu, accolée d'une tourelle, et fortifiée d'une bretèche, qui parait être
du XVIe siècle. Cette tour dépend du château moderne de Rolland, et forme
au milieu des grands arbres un petit décor fort gracieux. C'est actuellement
la résidence de M. Raoul Froidefond.
Le
Ciron dont nous n'avons plus guère à parler maintenant achève son cours et
va unir ses eaux à celles de la Garonne au Port de ]Barsac.
Réalisée le 10 janvier 2002 | André Cochet |
Mise sur le Web janvier 2002 |
Christian Flages |