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La GARONNE
 
et ses
 
AFFLUENTS DE LA RIVE GAUCHE
par

André REBSOMEN 

FERET et fils éditeurs
 
9 rue de GRASSI
 
BORDEAUX
1913

Collection privée

Passage concernant:

PREIGNAC

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Reprenons notre course à travers la campagne et traversant le Ciron qui maintenant coule à pleins bords en deux et même trois bras différents, nous nous acheminerons vers l'est jusqu'à ce que nous arrivions au château de Suduiraud propriété de Madame veuve Emile Petit.

L'entrée principale de ce domaine est formée d'une magnifique avenue de vénérables pins francs qui conduit tout droit à la maison d'habitation. Devant le château une ligne demi6circulaire de vieux tilleuls enserre une esplanade où une pièce d'eau, constellée de nénuphars, reflète les formes élancées d'un rideau de peupliers.

En face, une large grille sert d'entrée à un petit jardin à la française, cerné de trois côtés par les bâtiments.

Derrière le château, la façade, non dépourvue de grandeur, se présente ornée de beaux balcons en fer forgé Louis XV et d'un fronton triangulaire portant les armes des anciens seigneurs

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Un parc s'étend au delà: des centaines de caisses d'orangers bordent ses allées, un labyrinthe, une pièce d'eau, un vivier, des cèdres majestueux, une allée de palmiers, un petit bois de chênes et des châtaigniers plantés en quinconce complètent les charmes de cette agréable résidence. La famille Duroy de Suduiraut, qui s'illustra dans le Parlement de Bordeaux et à la Cour des Aydes de cette ville, habitaient autrefois ce château.

Au sud-ouest du bourg de Preignac, on remarque le château de Malle dans un flot de verdure clos de murs, où habite le comte Pierre de Lur Saluces. De fort belles grilles en fer forgé portant des armoiries et de dessin original s'ouvrent à son entrée principale. 

Le château est de style Louis XIII: un pavillon central flanqué de tours rondes à toit en coupole lui donnent un cachet très caractéristique. 

A l'intérieur, les salles sont ornementées de cheminées en pierre sculptées. Les jardins, dessinés à la française, sont étagés avec terrasses, perrons et statues qui rappellent le genre italien.

Ce domaine appartenait depuis 1540 à la famille de Malle, qui fournit au Parlement de Bordeaux plusieurs de ses membres, dont Jacques de Malle, avocat au Parlement, qui s'occupait lui-même d'expédier ses vins jusqu'en Hollande et en Ecosse. 

En 1720, le château de Malle passa à la famille de Lur Saluces à la mort de Pierre de Malle, dont la fille unique , Jeanne, avait épousé, en 1700, Eutrope Alexandre de Lur Saluces, comte d'Uza. 

Leur fils, Pierre, devint marquis de Lur Saluces et maître de Malte : il mourut en 1780, colonel de cavalerie et lieutenant général.

L'église de Preignac, de construction moderne, ne nous retiendra pas longtemps. Elle possède un tombeau de pierre, de grain très fin, agrémenté de sculptures Renaissance et portant une inscription, épithaphe du sieur Pierre... écuyer et seigneur d'Armajan et de Lamothe, qui vécut avec sa « très chaste espouse », Jeanne de Lossans, pendant 32 ans, et mourut le 22 décembre 1572.

Sur une plaque de marbre, au milieu du tombeau, on lit cette devise humiliante: Quid superbis? Terra et cinis.

Cet époux de Jeanne de Lossans était Pierre Sauvage qui habitait le château des Ormes à l'ensemble assez élégant et situé dans le bourg de Preignac. Lorsque Charles IX, voyageant en France, s'arrêta, en 1566, à Preignac, il descendit chez ce personnage et l'annoblit du titre de d'Armajan et de Lamothe. 

C'est ce que rappelle une plaque circulaire en marbre blanc encore enchassée dans la façade orientale du château.

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On y garde aussi une autre plaque de marbre blanc dont l'inscription évoque le passage, en cette même demeure du duc et de la duchesse de Montpensier revenant d'Espagne, le 31 octobre 1846, après leur récent mariage et se dirigeant sur Bordeaux. M. Galice est aujourd'hui possesseur de cette propriété.

En passant derrière l'église de Preignac nous gagnons le port, baigné par un bras de la Garonne et placé dans une riante situation. Sur la cale pavée se déchargent ou s'embarquent les marchandises, vins, pierres, tuiles, au moyen de la palanquey fort madrier appuyé d'un bout sur le quai et de l'autre sur le bord de la gabare.

Au nord-ouest de Preignac, en vue de la Garonne, le château des Rochers corps de logis à un étage, sans grand caractère, rappelle le souvenir de son constructeur, le président Jean-François de Rolland, président à mortier au Parlement de Bordeaux, issu d'une honorable et noble famille de magistrats et qui périt, en 1794, sur l'échafaud révolutionnaire. Aujourd'hui encore, la marquise de Rolland habite dans cette demeure.

A une faible distance de là, vers l'ouest, au hameau de la Garengue, et presque au pied du talus du chemin de fer, s'élève une chapelle en ruines que les ronces envahissent de tous côtés. C'est la chapelle de St-Amand dont les quatre murs, bien désagrégés, sont impuissants à redire leur histoire. L'appareil des pierres indique cependant une construction fort ancienne, peut-être même antérieure au XVe siècle.

Le Ciron passait autrefois au pied de cet humble sanctuaire: un petit pont ancien à deux arches et en ruines indique où se trouvait l'ancien lit de la rivière.

Un pont, jeté sur le Ciron, appelé autrefois pont des Chartreux ou pont aux Moines, et sur lequel passe la grande et belle route d'Espagne, unit Preignac à Barsac. 

Tout auprès se trouve un beau moulin à sept meules, appelé le moulin du Pont. Jadis, au XVe siècle, cet endroit était désert; des bois et des taillis voisins servaient de repaires à des « larrons, brigands et agresseurs de chemins ». 

Le pont était tombé en ruines, et l'on avait commencé à y édifier un moulin, mais personne n'osait y demeurer. Un brave habitant de Podensac, André Cavaud, pressé par le Parlement de Bordeaux qui S'intéressait à la sûreté de la route, accepta et promit de réparer le pont, de construire le moulin avec le concours des habitants du voisinage et de l'habiter.

Tout près du pont on remarque une haute tour carrée à trois étages et à toit pointu, accolée d'une tourelle, et fortifiée d'une bretèche, qui parait être du XVIe siècle. Cette tour dépend du château moderne de Rolland, et forme au milieu des grands arbres un petit décor fort gracieux. C'est actuellement la résidence de M. Raoul Froidefond.

Le Ciron dont nous n'avons plus guère à parler maintenant achève son cours et va unir ses eaux à celles de la Garonne au Port de ]Barsac.

 

 

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Réalisée le 10  janvier  2002  André Cochet
Mise sur le Web    janvier 2002

Christian Flages