Contenant leur position géographique, I'indication du genre et de la qualité des produits de chaque cru , les lieux où se font les chargements et le principal commerce de vin, le nom et la capacité des tonneaux et des mesures en usage, les moyens de transport ordinairement employés, etc., etc.;

 

suivie

 

d'une classification générale des vins;

 Par A. JULLIEN,   

Auteur du Manuel du Sommelier, inventeur des cannelles aérifères et autres instruments pour la décantation et la filtration des liquides.

 

 

 

 

 

A PARIS.

Chez: L'auteur, rue Saint-Sauveur, no. 18

Madame Huzard, imprimeur-libraire, rue de l'Éperon , no 7;

L. Colas, imprimeur-libraire,rue du Petit-Bourbon-Saint Sulpice, Vis-à-vis celle Garencière.

 

1816  

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 Extrait:

 

VINS BLANCS du BORDELAIS.

 

 

Les vins blancs du Bordelais sont de deux genres différents: ceux que l'on récolte dans les vignobles dits des GRAVES, sont caractérisés par un goût sec, peu de spiritueux et un bouquet qui participe de l'odeur de girofle et de la pierre à fusil; ceux que l'on fait dans plusieurs vignobles de la rive gauche de la Garonne, tels que le Sauterne, le Barsac, le Preignac, le Langon,  etc. sont très moelleux, ou pour mieux dire, semi-liquoreux, et assez spiritueux.

 

La différence de ces caractères provient principalement du degré de maturité qu'on laisse acquérir aux raisins. Dans les Graves on vendange en une seule fois, tandis que les vins blancs de Sauterne et autres du même genre , surtout ceux de première qualité, sont vendangés à plusieurs reprises.

 

On ne cueille les raisins qu'à mesure qu'ils pourrissent et lorsque la pellicule a acquis une couleur brune et qu'elle s'attache aux doigts: ce qui fait que la vendange dure souvent deux mois.

 

Les vignobles qui produisent les meilleurs vins blancs semi-liquoreux, sont ceux de Sauterne, Barsac, Preignac et Beaumes, situés sur la rive gauche de la Garonne.

 

Sauterne, canton de Langon, à trois lieues et demie de Bazas, fournit des vins qui ont beaucoup de moelleux, de finesse et de spiritueux, une sève aromatique très agréable et un charmant bouquet.

 

Les crus les plus estimés sont le clos Duroy (1) celui d'Ycum-Salus et le clos Fillot. Quoique leurs vins se vendent le même prix, les gourmets du pays y reconnaissent cependant quelques nuances d'après lesquelles ils les classent dans l'ordre que j'ai suivi.

 

Barsac, canton de Podensac, à sept lieues et demie de Bordeaux. Les vins de ce vignoble, et en particulier ceux de la partie dite le Haut-Barsac, sont de la même espèce et se vendent le même prix que ceux de Sauterne; ils en diffèrent par un peu moins de finesse, de sève et de bouquet, mais ils sont plus spiritueux, au point que, lorsqu'ils proviennent d'une année dont la température a été favorable à la vigne, ils s'enflamment comme de l'eau-de-vie.

 

Les vins de Barsac sont en général sujets à prendre une teinte ambrée en vieillissant. Il existe aussi dans ce vignoble un cru Fillot dont les produits occupent le premier rang.(2)

 

Preignac, canton de Podensac, à huit lieues un quart de Bordeaux: on y récolte des vins qui participent de toutes les qualités du Barsac et du Sauterne; ils approchent davantage de ce dernier dont ils diffèrent par un peu moins de sève et sont moins spiritueux que le premier

 

Beaumes, voisin de Sauterne et de Barsac, fournit des vins qui tiennent également de la qualité et du goût de ces deux vignobles;

 

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Notes de M. Henri De VAUCELLES.  

Château FILHOT à SAUTERNES.

 

  (1)  Jullien confond le vieux cru du Roy à Sauternes, ou Pineau du Rey (acquis plus tard par le Marquis de Lur Saluces puis réuni à Filhot après 1855), avec le cru Duroy à Preignac (qui perdra ce nom et le premier rang des sauternais après son abandon par les Duroy à leur gérant GUILLOT) ou Suduiraut.

 

                                                             

(2)  Ce cru Filhot à Barsac est l'actuel COUTET dont les étiquettes gardent encore un dessin analogue à celui des étiquettes du Château FILHOT à Sauternes. 

 

Ajoutée à la précédente, cette possibilité de confusion va accélérer l'extension de l'appellation Sauternes aux communes voisines.

  

 Le classement de T.Jefferson en 1766 (Duroy à Preignac, Yquem et Filhot à Sauternes, Pichard-Coutet à Barsac) était identique. 

 

Avant, l'Abbé BAUREIN (Variétés Bordeloises) ne cite que Suduiraut et Filhot. Le classement de 1855, improvisé après la crise commerciale de la Restauration et les bouleversements économiques ultérieurs, ne peut donc, pour les vins bancs, prétendre représenter une tradition immémoriale.

 

Des professionnels bordelais ont donc fait remplacer ce premier texte de JULLIEN par un texte époque LOUIS-PHILIPPE mais sans changer la date de 1816 de référence.

 

Cela a été couvert par l'autorité et une préface entortillée du professeur QUITTANSON  dans une belle édition de 1985 à GENEVE a vocation de référence mondiale pour des publicités, alors que le texte authentique reste enfoui dans la bibliothèque municipale de BORDEAUX.

 

 

Henri De VAUCELLES.

 

 

Fac-similé de l'ouvrage de la bibliothèque de Bordeaux.

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