Saint Léger de Balson.

CHATEAU de CASTELNAU de CERNES

Gravure de Léo DROUYN. La guyenne militaire .1869. Donjon et mur d'enceinte au 30 août 2001
 

Note:

Le Château de Castelnau de Cernès est une propriété privée. Il est complètement abandonné, inaccessible, entouré de végétation dense et piquante(acacias) 

Une partie des construction représentées sur la gravure ci-contre à gauche ont disparu. Malgré tout, il donne une impression de grandeur à celui qui peut s'y aventurer.

Dégagée de la végétation, un tant soit peu restaurée, cette ruine oubliée deviendrait un témoin majestueux du passé riche de l'Aquitaine

 

   A.D.D = Fossé large de 20 mètres dont les deux extrémités rejoignent le ravin.

B = Terre rejetée.

N à 6 = Pont coude sur la HURE.

M = Moulin fortifié.

C à D= Vestige de l'enceinte extérieure (XIVème siècle.)

N = Porte probable de la première enceinte. (il n' en reste rien.)

C = Tour ronde commandant Ie passage entre la première et la seconde enceinte.

F = Tour carrée formant la porte de la deuxième enceinte.

K et L= logements divers.

H.H.I. etc. . =Troisième enceinte, partie primitive du premier château. (XIIème/XIIIème siècles) figurée en trait noir épais.

J = Donjon , partie la plus ancienne. (10 m, x 10 m et 30 mètres de haut.)

Laboratoire de Cartographie Historique. Bordeaux

 

Quelques images.

Prises le 30 août 2001.

Pont mini.jpg (97211 octets)

Pan de mur  mini.jpg (90770 octets)

Arrivée
Pont sur les écluses du moulin.
Les bambous en couvrent les vestiges à droite.
Dépendances du moulin appuyées au mur de la seconde enceinte.

Donjon et enceinte mini.jpg (72723 octets)

Enceinte mini.jpg (68037 octets)

Château de Castelnau mini.jpg (84312 octets)

Pan du mur de la seconde enceinte

 

Donjon et mur de la seconde enceinte.
La végétation occupe tous les espaces
Léo DROUYN.
Cet ouvrage est en réédition.

 

Justice féodale.

Note: Le Château de CASTELNAU de Cernès avait droit de justice sur sa juridiction. 
Celle-ci s'exerçait à la maison de justice située à SAINT LEGER de Balson, en face de l'église.
La prison occupait les sous-sols voûtés de cette maison, éclairés par deux soupiraux.

Voici deux faits qui se sont passés en ces lieux.

 

 

LES EVASIONS DE JACQUES DOUELLE. 

(Août 1771 et Janvier 1772)    

Jacques DOUELLE était une sorte de marginal sans profession, âgé de 22 ans et vivant à LAULAN, sur la Paroisse de LEOGEATS. Il était nous dit-on : 

"atruandi à mandier pour amasser sa vie..." 

A mendier, certes, mais aussi à voler. Par le plus grand des hasards, il s'était fait prendre à la suite d'un vol qu'il avait commis à TRISCOS, sur la Paroisse de BALIZAC. 

Il y avait volé, entre autres choses, un gilet rouge un peu trop voyant. Il l'avait revêtu , un certain dimanche pour aller à la messe à LEOGEATS. Il se trouva que ce jour là, par un hasard à peine croyable, le propriétaire du gilet vint assister au même office alors que ce n'était absolument pas sa paroisse. 

La victime partit chercher du renfort et DOUELLE fut capturé par un commando formé par les victimes de ses exactions, et ceci dans des conditions absolument rocambolesques qu'il serait trop long de rapporter ici. 

Le 13 Août 1771, sous bonne escorte, il fut conduit devant le Juge de CASTELNAU. Mais comme la prison de SAINT LEGER était pour lors occupée, DOUELLE fut conduit à celle de CAZENEUVE qui se trouvait dans le Bourg de PRECHAC. Dans la nuit du 23 au 24 Août, il s'en évada en forçant la porte de sa cellule dont il avait tordu le verrou jusqu'à le sortir de son logement creusé dans la pierre. Ce Jacques DOUELLE devait être une forte nature ... 

Le 7 Octobre, il fut repris par la maréchaussée et reconduit en sa prison entre deux cavaliers. Celle de Saint LEGER s'étant libérée dans l'intervalle, il y fut transféré afin de faciliter l'instruction de son procès. 

Le Dimanche 26 Janvier 1772, à la sortie de la messe paroissiale, coup de théâtre ! Jacques DOUELLE s'était encore évadé. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. Que s'était-il donc passé ? 

Louis BOURDET, le geôlier, nous le raconte le lendemain :

 " hier, jour de Dimanche, ayant porté audit prisonnier son pain et de l'eau, ayant bien clos et fermé les prisons, (je suis allé) entendre la sainte messe... et à (mon) retour, (j'apprends) que ledit DOUELLE a arraché une barre de fer qui fermoit une lucarne qui donnoit le jour auxdites prisons, (alors) que tous étaient à entendre la sainte messe..."

 L'enquête qui s'ensuivit nous apprend que la lucarne est à dix pieds( 3 m 20 environ) de hauteur du sol et il paroit impossible qu'un homine pu y monter sans échelle.

Mais DOUELLE était plein d'nvention. Avec la paille abondante qu'on lui avait fournie pour son couchage, il avait tressé une corde et utilisant ses deux sabots enfoncés à force dans les anfractuosités du mur, il s'était fait un escalier pour atteindre l'ouverture et desceller la barre de fer insuffisamment engagée dans une pierre jugée trop "molle".

Dès lors l'évasion ne fut plus qu'un jeu d'enfant puisque la lucarne franchie, DOUELLE s'était retrouvé sensiblement au niveau du sol extérieur. 

Est-il besoin de décrire l'émotion que cette spectaculaire évasion put soulever dans SAINT LEGER ? En tous cas, il est bien probable que les prisonniers suivants ont disposé de moins de paille pour leur couchage, payant ainsi par un moindre confort les audaces de Jacques DOUELLE dans lesquelles ils n'étaient pourtant pour rien. Ainsi vont les choses en ce bas monde ...

   

LE CRIME D'ANDRE LARRIEU

  PREMIER NOVEMBRE 1745.  

André LARRIEU était un gemmier de St LEGER âgé de 26 ans. Un jour, à l'auberge, il avait entendu le fils de Pierre JAUGUERRE, le charbonnier, dire que son Père avait un confortable magot. Il avait trop parlé; cela avait donné des idées à LARRIEU.

 Au matin du Jour de la TOUSSAINT de  1745, sur le coup de 10 heures, tous les habitants du village, à peu près sans exception étaient à la messe.        

LARRIEU s'arrangea pour s'esquiver. Il savait bien qu'il ne pourrait pas trouver de meilleur moment pour rejoindre  la cabane de JAUGUERRE et surtout pour l'y trouver seul.

 JAUGUERRE, charbonnier, ne pouvait quitter ses meules de bois en train de se carboniser, Le risque était trop grand. C'est pour cela qu'il n'avait pu aller à la messe.

Il n'habitait pas une maison, mais une simple cabane de fortune telle qu'en construisaient les charbonniers au plus près de leurs meules qu'ils devaient surveiller jour et nuit. 

LARRIEU arrive chez JAUGUERRE, se saisit d'une hache et assomme le malheureux avec le dos de l'outil. Mais il a affaire à forte partie. JAUGUERRE se débat. LARRIEU tient toujours la hache et au cours de la lutte, accessoirement, coupe deux doigt de la main droite du pauvre homme. 

Il finit par l'emporter et laisse sa victime pour morte. Il lui vole sa bourse où se trouvent 204 Livres, une somme conséquente représentant approximativement la valeur de huit vaches ou de 80 moutons. Après quoi, pour effacer toute trace, il met le feu à la cabane. 

Voilà que la messe est finie. En sortant de l'église, les gens aperçoivent une fumée suspecte. On se précipite. On tire le corps de JAUGUERRE du feu. 

Il est brûlé, très, très mal en point, mais vivant. Il peut désigner son agresseur. Le Procureur se rend à son chevet car on l'a recueilli à l'auberge où on le soigne en lui faisant prendre des bouillons car on ne sait quoi lui faire d'autre. L'affaire est enclenchée ... 

André LARRIEU est "décrété de prise de corps" et incarcéré dans la prison de SAINT LEGER. Passons sur l'instruction comme sur tous les détails de la suite, et venons en au Jugement. 

La sentence est rendue le 21 janvier 1746.

André LARRIEU est condamné

 

" à être remis entre les mains de l'exécuteur de la Haute Justice, tête nue et en chemise, la corde au col, tenant en ses mains une torche de cire ardente du poids de deux livres, pour être conduit devant la porte principale de l'église paroissiale de SAINT LEGER pour y faire amende honorable, tête nue et à genoux, dire et déclarer à haute voix que méchamment il a commis les crimes cy dessus exposés dont il s'en repent et demande pardon à Dieu , au Roy et à la Justice; de là, il sera conduit par ledit exécuteur au devant de la porte du présent parquet pour être attaché à une potence, où elle sera dressée, pour être pendu et étranglé jusqu'à ce que mort naturelle s'ensuive. 

Condamnons ledit LARRIEU envers le Seigneur de la présente Juridiction en cent Livres d'amende, et en celle de trois cents Livres envers ledit JAUGUERRE pour lui tenir lieu de dommages et intérêts, et aux dépens envers ceux qui les ont faits..."

 

Le Seigneur ne verra certainement jamais ses 100 Livres, ni JAUGUERRE les siennes; où LARRIEU, déjà couvert de dettes, serait-il allé les chercher ?

Mais ce qui est réconfortant, c'est de savoir que peut-être grâce aux bouillons de l'aubergiste, le 21 Janvier 1746, même avec deux doigts en moins, JAUGUERRE vivait encore. Il avait la peau dure, certainement très dure même...

  Textes transmis par M. BANCHERAUD.

 

Autres informations sur ce sujet sur les pages Abbé BAUREIN et A. REBSOMEN

Réalisée le 10 novembre 2001  André Cochet
Mise ur le Web le    novembre 2001

Christian Flages

Mise à jour le