Saint Léger de Balson.

UN ANTIQUE VAISSEAU ECHOUE DEPUIS DES SIECLES :

L'église de Saint Léger.

 

 

C'est pour éviter de faire disparaître définitivement ce qui reste de l'ancienne splendeur de cet édifice que nous avons entrepris sa restauration.

Pour mener à bien cette tâche si lourde pour un petit village, nous faisons appel à la générosité de tous.

Sachons nous montrer capables de préserver cet antique monument des injures du temps et de l'ignorance des hommes.

F.L

4 juin 1972

 

 

 

La lecture d'un livre de pierre :

Le choeur : avec la base du clocher et le dallage de la nef centrale dissimulé sous les larges carreaux d'argile du pays, il est le seul vestige de l'ancien édifice roman.

Les chapiteaux du choeur, côté nef, sont d'un style naïf qui rend leur datation délicate, mais certainement antérieure à l'autre paire de chapiteaux. A droite, un mouton. A gauche, un évêque ganté suivi d'un serviteur tenant une palme Leur mutilation est due à la présence d'une poutre de gloire vraisemblablement fixée au niveau de cette paire de chapiteaux. 

Ceux qui se trouvent du côté de l'abside ont été également mutilés par les montants d'un retable qui faisait séparation entre le choeur et l'abside, où l'on installa la sacristie. La facture de ces chapiteaux est d'une qualité remarquable, notamment celle du chapiteau de droite figurant un combat de lions, et dont le coup de ciseau plein de vigueur et de finesse n'est pas sans rappeler le style de ceux de l'abbaye de La Sauve-Majeure.

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Les fresques: la première décoration de l'ensemble des voûtes remonte au XIIIe siècle. Dans le cul-de-four se développe, dans une mandorle, un dessin au trait représentant le Christ en majesté, entouré des symboles des quatre Evangélistes. Dans la voûte du choeur apparaissent par endroits des visages d'anges aux contours très nets et très purs. Le second ensemble de fresques remonte au XVIe siècle. Il s'agit de la représentation des travaux des mois, sujet unique en Gironde, donnant des renseignements précieux sur la vie économique du village. Chaque mois est symbolisé par son activité économique dominante, figurée à son tour par un personnage à mi-corps, dans l'attitude caractéristique du travail choisi.

Janvier …. rigueur du froid

Février … travail du vin (soutirage)

Mars … . taille de la vigne

Avril ................. ?

Mai …  .. rencontre amoureuse

Juin ………….. ?

Juillet ……. moisson.

Août ...…… battage au fléau

Septembre... foulage de la récolte

Octobre ….. semailles

Novembre ... cueillette de glands

Décembre … mise à mort du cochon.

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Les nefs: les trois nefs, égales en hauteur, qui font de l'église de Saint-Léger un édifice du type hallenkirche selon l'expression consacrée, lui donnent un caractère majestueux et aéré qui frappe dès que l'on y pénètre, d'autant que les voûtes sont élevées et l'éclairage bien aménagé. A l'époque romane, l'église ne comportait qu'une nef : la nef centrale, dallée de pierre. 

Puis, au début du XVIe siècle, des agrandissements eurent lieu vers l'ouest, comme le prouve l'inscription qui se trouve sur le pilier de la chaire :

L'AN MIL VXI
A ESTE FAICT CE PILI…
PAIE PAR PIERRE
DE LABADIE REQUIES (cat)
IN PACE AMEN

L'an 1511
A été fait ce pili(er)
Payé par Pierre
De LABADIE Qu'il repose
En paix Amen

Cet agrandissement a permis l'installation de l'autel de pierre dédié à saint Clair, ainsi que l'aménagement d'un passage, d'un "courroir" à l'arrière de l'autel, facilitant la circulation des pèlerins autour de l'autel pour y effectuer leurs dévotions. La symétrie fut rétablie grâce à l'édification plus tardive de la nef orientale, comme le prouve l'architecture des fenêtres et des colonnes différente de celle de la nef occidentale.

Enfin, le lambris en bois servant de plafond fut remplacé par une voûte en pierre de taille, en 1707, pour le prix de 1 475 livres, dans le style gothique. Des peintures ornent l'ensemble des piliers, mais n'ont pas encore été dégagées.

La nef orientale est embellie par une peinture du XVIIe siècle évoquant l'Annonciation. Elle se termine par une chapelle dont la voûte à liernes et tiercerons est de style gothique tardif. A gauche, dans cette chapelle, un vestige des anciens contreforts romans.

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La façade : caractéristique de l'art régional, le clocher-mur de Saint-Léger montre, dans son apparente unité, les traces de nombreux remaniements : 

              deux baies ont été bouchées ; le pignon, de forme géométrique et sommaire, ne fait guère penser au XVIe siècle. 

N'aurait-il pas été reconstruit à l'époque "classique" en même temps que la porte d'entrée ? 

La tourelle où se déploie l'escalier à vis montant aux cloches date du XVIe siècle également, si l'on en croit l'accolade qui surmonte le linteau de la porte d'entrée donnant sur cet escalier.

Le porche, qui s'étendait sur toute la longueur de la façade, abrite des banquettes de pierre. 

Trop hautes pour pouvoir servir de sièges, elles étaient utilisées comme tables d'offrandes; les pèlerins y déposaient des dons en nature qui se vendaient ensuite à l'encan.

Note: Un trou dans la pierre permettait de verser des grains dans un récipient placé en dessous.

La reconstruction du porche sur toute la largeur de la façade est envisagée. 

Table à offrande G.jpg (69300 octets)
Table à offrande à gauche du portail.

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Table à offrande à droite
du portail. 

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Les riches heures de l'art baroque régional.

Les retables : seuls rescapés du naufrage des cinq autels qui ornaient l'église au XVIIe siècle. Le retable de la chapelle consacrée à Notre-Dame est signalé dès 1688. Deux colonnes d'ordre composite, cannelées à leur partie inférieure, de belles chutes de fleurs et de fruits, des bouquets opulents, une corniche denticulée, un fronton arrondi flanqué de deux pots à feu, un cadre travaillé en font un ensemble très riche, mouvementé et harmonieux à la fois. Le tableau qui orne le centre du retable a été restauré et la façon habile dont est traitée l'ascension de la Vierge Marie laisse penser qu'il s'agit d'une oeuvre de maître. Le devant d'autel en cuir doré et peint est un spécimen intéressant d'un art assez peu répandu dans les églises de Gironde. Selon les textes, l'autre retable, dédié à sainte Radegonde, est une copie exécutée au XVIlle siècle sur le modèle du retable baroque de Saint-Clair. Il est composé de deux colonnes torses et la "couronne" est une sorte de baldaquin ajouré, sommé d'un beau bouquet et portant du lambrequins dans sa partie inférieure. La peinture qui orne le centre du retable est celle qui se trouvait dans le retable de Saint-Clair aujourd'hui ruiné, et comme on s'en doute, elle représente saint Clair en évêque près d'une source. L'autel est enclos d'une balustrade en bois de noyer.

La chaire : elle est très simple de forme et la plupart des panneaux sont sobrement ornés de losanges et de triangles ; mais l'un d'entre eux porte une tête de chérubin et des feuillages stylisés d'une facture très grasse et très habile.

L'autel dédié à saint Clair: mutilé pour permettre la pose d'un retable baroque en bois, il nous a été révélé lorsque ce dernier s'est écroulé. Il est formé par un gros massif de pierre établi sur un socle important surmonté d'une table très épaisse à la tranche moulurée. Il est complété par un retable de pierre qui porte les caractéristiques d'un style gothique tardif. Les deux niches surmontées de dais d'esprit flamboyant, ainsi que les pinacles, abritaient les statues de Saint Clair et de Saint Juin, traditionnellement associé associé à la dévotion à saint Clair (la fête de saint Clair est fixée au premier dimanche de juin, est-ce une explication ? ).

Les statues : l'une est du XlVe siècle. Il s'agit de saint Jean souffrant, élément de la poutre de gloire que nous avons évoquée plus haut. Saint Jean porte la main droite sur son visage en signe d'affliction devant le Christ en croix et la Vierge en pleurs. Le sculpteur a été gêné par les faibles dimensions du bloc de bois pour donner de l'ampleur au drapé du manteau que le Saint relève sur son bras gauche et retient sous son coude droit. Les plis ne sont cependant pas mal traités et certains enroulements pourraient faire penser qu'il s'agit d'une oeuvre du XIVe siècle. (Les procès-verbaux de visite ne signalent pas cette statue).

En revanche, ils signalent la seconde qui représente saint Remède. C'est le seul vestige du retable qui se trouvait dans le choeur. Des documents nous indiquent qu'un tableau ornant ce retable représentait un crucifix entouré de la Vierge et de saint Léger, et que deux statues se dressaient de part et d'autre de ce tableau : l'une d'entre elles représentait saint Remède en évêque avec sa crosse terminée par une boule, et l'autre saint Savin en diacre. La puissance, la générosité du trait et le mouvement font de cette statue une oeuvre baroque de maître.

Les fonts baptismaux : ils ont été commandés en 1842 à Darros, menuisier de Préchac. Ils coûtèrent 400 francs et sont peut-être la réplique de fonts baptismaux antérieurs, car leur facture ne rappelle en rien le style du XIXe siècle.

 

Images de l'intérieur de l'église

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Nef centrale avec la chaire à gauche.

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Retable de droite Assomption de la
 Vierge M
arie.

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Tableau. 

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Retable de gauche
St Clair.

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Fonts baptismaux
 avec le parc.

Les orgues : elles furent installées sur une tribune au-dessus de la porte d'entrée en 1782. On y accédait par un escalier à peu près en forme d'escargot qui tenait fort peu de place et faisait l'admiration de tous.Les verrières : il n'en reste malheureusement plus aucune. Nombreux sont les écrits chantant leur beauté. Certaines ont été démontées en même temps que les orgues, vers 1850. La dernière a été descendue en 1896.

Note: La chapelle orientale est voûtée sur croisée d'ogives avec un appareillage à cinq clefs.
Ce mode de construction était généralement destiné a permettre de voûter des nefs beaucoup plus larges.
On ne sait pas la raison de cette réalisation à cet endroit où elle ne s'impose pas.
Elément de décoration ? Peut-être.
Voûte 5 clefs.jpg (52184 octets)

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FRESQUES de l'EGLISE de SAINT LEGER

( XIIIème et XVIème siècle )

ABSIDE EN CUL DE FOUR - Peintures du XIIIène siècle.

Note: La mandorle est ce motif décoratif torsadé destiné à mettre en valeur l'objet central. Il était souvent utilisé à cette époque.


 CUL de FOUR

1. CHRIST en majesté dans une mandorle, bénissant à la grecque.
2. Aigle de Saint JEAN.
3. Lion de Saint MARC.
4. Taureau de Saint LUC.
5. Ange de Saint MATHIEU.6. Agneau de DIEU.

VOÛTE du CHOEUR .

Peintures de la fin du XVème ou début du XVIème siècle.

7. Janvier : L'nomme, de profil, se chauffe.
8. Février : Un repas (c'est la saison des mariages ...)
9. Mars : Taille des arbres. Avril, Mai et Juin désormais illisibles.
10. Juillet: Moisson à la faucille.
11. Août : Battage au fléau.
12. Septembre: Scène de pressoir.
13. Octobre: Semailles.
14. Novembre: Cueillette de glands sur un chêne.
15. Décembre"Tuaille" du porc.

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VOUTE à CINQ CLEFS.

 

 Description.

1. Clef de Voûte.
2. Branche d'ogive = Demi arc d'ogive compris entre un point d'appui
et la clef centrale.
3. Arc doubleau = Arc perpendiculaire à l'axe de la nef.
4. Arc formeret = Arc parallèle à l'axe de la nef; il peut être aveugle
quand il est noyé dans le mur.
5. Lierne( une) = Nervure reliant la clef centrale aux petites clefs
recevant les tiercerons.
6. Tierceron (un) = Nervure reliant la naissance d'une voûte à une lierne.
7. Voûtain = Chacun des compartiments définis par des nervures quelles quelles soient.

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Plan de l'Eglise de St LEGER

1. Christ en majesté dans une mandorle XIIIème siècle.

2. Fresques murales des mois de l'année, fin XVème / XVIème.

3. Saint REMEDE, statue du XVIIème siècle.

4. Restes de l'autel de Sainte RADEGONDE.

5. Chapelle voûtée à cinq clés (gothique tardif ) et retable Notre Daine (XVIIème siècle)

6. Statue de Saint JEAN (XIVème siècle)

7. Autel d e Saint CLAIR, très mutilé (gothique tardif , début XVIème probable). Copie de reliquaire.

8. Pilier à inscription (1511)

 

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Les DIVERSES DEVOTIONS EXERCEES à SAINT LEGER.

 

SAINT LEGER: Né en NEUSTRIE vers 616, il devint Evèque d'AUTUN. Pour s'être opposé à EBROIN, Maire du Palais de NEUSTRIE sous le règne de CLOTAIRE III, il eût les yeux crevés, puis, il fut mis à mort vers 678 sur l'ordre du même EBROÏM qui fut lui-même assassiné cinq ans plus tard, en 683. Moeurs courantes dans un temps où fleurissait l'incivilité ...

SAINT MOMOLIN: Né à CONSTANCE, prés du lac du même nom, vers la fin du VIème siècle. Il se retire du monde avec quelques compagnons et acquiert une grande réputation d'austérité et de piété. Renommée qui vint aux oreilles de CLOTAIRE II qui le fit comparaître en sa Cour avec ses compagnons. Il le nomma Evêque de NOYON et de TOURNAI où il se distingua par sa vie de piété.

SAINT CLAIR: Apôtre et martyr. Né vers la fin du Ier siècle et venu on ne sait trop d'où (sujet très controversé, d'Afrique peut-être), on le trouve à ROME au temps du Pape ANACLET, l'un des premiers Papes (de 76 à 88). On trouve ensuite sa trace à COLOGNE où l'on vénère encore une pierre blanche qui lui aurait servi d'anneau et dont on touche les yeux malades. Envoyé en AQUITAINE, il arrive à LECTOURE où on veut le forcer à sacrifier aux Dieux de l'Empire. Il s'y refuse. On le traÎne dans des ronciers et des buissons jusqu'à ce que mort s'ensuive.

SAINTE RADEGONDE: Fille d'un Roi de THURINGE, née vers 520. Elle épouse CLOTAIRE Ier en 538. Révoltée par les crimes dont elle est le témoin dans la famille royale, elle quitte la Cour et fonde le monastère de la SAINTE CROIX à POITIERS et s'y retire.

SAINT REMEDE: Il en existe trois entre lesquels on ne sait trop lequel choisir, savoir :

- un Evêque de ROUEN (Fête le 19 Janvier)

- un Evêque de GAP, martyr (Fête le 3 Février)

- un autre enfin, dénommé St REMEDE du TAUR, vénéré à TRENTE (Fête le ler Octobre).

SAINT JUIN : N'a jamais existé. Simple invention des pèlerins venus à St LEGER au mois de Juin .... Même phénomène à St SEURIN à BORDEAUX avec SAINT FORT (confusion avec le "fort" (le tombeau) de St SEURIN).

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Texte de la plaquette distribuée par la Mairie de St Léger de Balson.

 

Réalisée le 10 novembre 2001  André Cochet
Mise ur le Web le    novembre 2001

Christian Flages

Mise à jour le