Saint Léger de Balson.

Texte de la plaquette distribuée par la Mairie de St Léger de Balson.

UNE LONGUE MARCHE A TRAVERS LES SIECLES.

L'histoire de Saint-Léger.

L'occupation du sol de la paroisse de Saint-Léger remonte à une très haute antiquité. Il sera possible d'en donner une idée en présentant les divers jalons que nous ont laissés toutes les périodes de l'histoire.

Le plus précieux d'entre eux : l'atelier de potier. Exploré par Louis Cadis, il s'est révélé d'une richesse inattendue. Les milliers de tessons retrouvés ont été inventoriés et datés par le Musée de Saint-Germain-en-Laye et sont actuellement présentés au Musée de Villandraut. Les plus anciens, de l'époque néolithique, portent parfois des empreintes faisant penser à des graffiti.

L'époque gallo-romaine est bien représentée, puis le Haut Moyen Age et enfin le Moyen Age qui correspond à la fin de l'activité de l'atelier. La découverte sur un même chantier de fouilles de cet ensemble d'objets mobiliers prouve son fonctionnement continu et, par là même, une occupation permanente du sol du territoire environnant.

Non loin de cet atelier, a été découvert une pierre, présentant des dessins d'un trait large, en creux, servant de linteau de cheminée, mais dont les dimensions (long. 200 cm, larg. 40 cm) et le motif de décoration laissent prévoir qu'il pourrait s'il agir d'une pierre tombale.

Dernier jalon - le château de Castelnau de Sernès (castrurn novum de Sarnesio).(Nommé ensuite Cernès)

Traversée par deux ruisseaux aux rives escarpées (la Hure et le Ballion d’où peut venir Balson), riche par ses carrières de pierre et par ses bois (forêt de la Toulouse, bois de Magrin), par ses terres travaillées depuis des siècles par un groupement humain, la communauté était en mesure de supporter les charges spéciales nées de la présence d'un château. 

 

Le Château de Castelnau de Cernès.

Par son architecture, cette forteresse est un exemple unique en Gironde, se composant d'une imbrication de trois enceintes concentriques autour d'un donjon.

L’ensemble de ce système de défense, dont la réalisation s'est échelonnée sur plusieurs siècles (du XIIe au XIVe), conserve, quoique sérieusement ruiné, une allure de saisissante grandeur, et donne une Idée de la puissance de, la famille d'Albret qui la posséda durant des siècles. Castelnau fut au XIV' siècle la résidence favorite d'Amanieu Vll d'Albret et de Rose de Bourg, sa femme, et servit de cadre aux fastes d'une des plus riches cours de Gascogne.

 

Gravure de Léo DROUYN. La guyenne militaire .1869.

 

L'évangélisation.

L'évangélisation de la communauté s'est faite, soit à l'époque mérovingienne si l'on accepte comme indice la présence d'une antique dévotion à saint Mommolin, soit à l'époque carolingienne si l'on préfère mettre en avant le vocable de Saint-Léger qui est patron de la paroisse et titulaire de l'autel principal, mais pour lequel il n'y a jamais eu de dévotion particulière.

L'église de Saint-Léger était le siège de plusieurs dévotions qui lui ont acquis une notoriété certaine. 

La première, qui est maintenant éteinte, se faisait en l'honneur de saint Mommolin. 

Une chapelle en pleine campagne lui était dédiée. Elevée par Arnaud de Labadie et entretenue à ses frais, elle tomba en ruines après sa mort. 

Aussi, en 1612, les fabriciens de Saint-Léger décidèrent-ils de demander à Mgr. de Sourdis de prononcer la désaffection du bâtiment en tant qu'édifice religieux et de procéder à l'installation du culte dans une chapelle de l'église paroissiale. 

Ce qui fut fait.

La seconde dévotion était celle que l'on rendait et que l'on rend encore aujourd'hui à saint Clair le premier dimanche de juin de chaque année.

Au milieu du XIXe siècle "le rassemblement des dévots atteignait 4 000 personnes".

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Autel de Saint CLAIR.

La statue est une recomposition car l'original fut dérobé il y a quelques années.

Note: Derrière l'autel une porte était ménagée pour permettre aux fidèles de circuler en procession autour de celui-ci en la tête baissée.

La porte est très basse. Etait-ce pour obliger les pèlerins à baisser la tête ou parce qu'ils étaient petits à cette époque ?

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Un texte du début du XVIIe siècle (1608 environ) nous donne une idée de l'importance qu'avait pris cette manifestation :

"Nous soussignés, Doyen et Chanoines de Villandraut, certiffions à tous ceux qu'il apartiendra, que toutes les anées, au premier jour de Juin, se fait une grande assemblée et convocation de peuple à une dévotion qui se fait à l'honneur de saint Juin et saint Clair, en la paroisse de St-Léger, diocèse de Bourdalloix, où s'y rendent de toutes parts plusieurs personnes venans du pays d'Entre-DeuxMers, du comté de Benauges, pays de Médoc et autres circonvoysines ; s'y rencontrent bien souvent plus de Trois mille personnes. "

Quelle était l'atmosphère de cette journée de pèlerinage ? C'est une petite ville qui se formait. Des centaines d'attelages s'ajoutaient à l'entassement humain, et cette cohue extérieure ne devait guère prédisposer à la spiritualité. Pourtant, dès cinq heures du matin, on priait devant l'autel de Saint-Clair. 

On en faisait le tour en récitant le chapelet, et chaque fois, on se frottait les yeux à sa garniture. D'autres fidèles y faisaient marcher les enfants retardés ou infirmes. Puis, on entendait la messe. 

Enfin, on terminait ses dévotions en se rendant en procession à la fontaine de Saint-Clair à quelque distance de l'église, près de la Hure. Il était de tradition de s'y laver les yeux, ce qui n'est pas sans rappeler quelque antique culte des eaux à cet endroit ...

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Fontaine de St CLAIR

Miraculeuse pour le traitement des yeux.

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Fontaine de St CLAIR

Eau pure, des personnes viennent faire des provisions d'eau de boisson.

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Fontaine de St CLAIR

Eau fraîche, son débit est régulier

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Fontaine de St CLAIR

Autre curiosité, une meule de moulin.

Venaient ensuite les préoccupations économiques. On saisissait en effet l'occasion d'un tel rassemblement de personnes pour réaliser des transactions, conclure des marchés ou des contrats de métayage, pour acheter. Au XVIIe siècle, la fabrique tirait déjà des revenus d'une "ormée" qu'elle "louait pour y placer les marchands". Le pèlerinage de Saint-Clair peut donc se rattacher à cette série de pèlerinages-foires, dont il existait un autre exemple à Saint-Jean de Bourricos, près d'Escource dans les Landes.

Et le soir, concluait mélancoliquement le curé de Saint-Léger, "on se livrait aux folles joies du monde. Pauvre peuple . . .".

Ce n'est pas seulement pour égrener des détails pittoresques que nous nous sommes attardés à évoquer les cérémonies dont l'église était le théâtre. C'est pour faire comprendre comment ce monument a pu avoir une ampleur architecturale que ne justifiaient ni la population clairsemée de la paroisse, ni, semble-t-il, la fonction de chapelle du château de Castelnau de Sernès.

 

Autres images.

Château de Castelnau mini.jpg (84312 octets)

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Réalisée le 10 novembre 2001  André Cochet
Mise ur le Web le    novembre 2001

Christian Flages

Mise à jour le