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La GARONNE
 
et ses
 
AFFLUENTS DE LA RIVE GAUCHE
par

André REBSOMEN 

FERET et fils éditeurs
 
9 rue de GRASSI
 
BORDEAUX
1913

Collection privée

225

Arrêtons ici notre promenade sur les bords de la Nère, sans même remonter jusqu'à Louchats où rien ne nous attire, et revenant vers le sud est, dirigeons nous vers Castelnau de Cernès dont nous parlions un peu plus haut. 

Sur les bords de la Hure, dans un endroit délicieux, se dressent les murs vénérables de ce château féodal. Ces ruines s'élèvent sur une petite hauteur perdue au milieu des pignadas, au-dessus d'un moulin dont le barrage, en retenant les eaux du ruisseau forme une pièce d'eau à la surface miroitante.

Un large fossé protège la place à l'ouest et le ruisseau l'entoure également de ce côté, au nord et à l'est.

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Sa forme générale est celle d'une ellipse dont le grand axe est dirigé du nord au sud. Ses deux enceintes de murailles, tout en se développant selon cette courbe géométrique suivent une ligne brisée comprenant le rempart extérieur à huit faces droites, et le mur intérieur à neuf pans.

Au centre s'élève un beau donjon carré de 30 mètres de hauteur et de 10 mètres de côté à la base, élevé de trois étages. Dans les remparts de la première enceinte se remarquent des meurtrières cruciformes dont l'ébrasure s'encadre d'un arc ogival et dont le sommet de la fente extérieure est percé en ogive.

Dans une tour carrée, située au sud et faisant partie de cette même ligne de défense, on observe aussi une porte, ogivale également, défendue par une herse et un assommoir. 

Enfin, à l'est, il faut noter le pont jeté sur la Hure et dont la disposition coudée en zig-zag facilitait la protection de ce passage. Ce très curieux château du XIIIe siècle, un des plus originaux que nous ayons à décrire, mériterait certes une étude plus prolongée si nous en avions le loisir. 

Son histoire est assez détaillée: nous la résumerons en quelques faits saillants. Connue dès 1263 par le testament d'Amanieu d'Albret, la seigneurie de Castelnau de Cernès appartenait à la famille d'Albret, et un autre document de 1314 fait mention expresse du château.

En 1426, Henri VI d'Angleterre confisque au sire d'Albret, qui avait pris parti pour le roi de France, tous ses domaines, y compris Castelnau, et les donne à Gaston de Foix, comte de Longueville, puis à François de Montferrand. 

Ce dernier trouva le château bien délabré par un siège violent qu'il venait de subir et dut se hâter de le reconstruire. Mais après la conquête de la Guyenne, le roi de France rendit Castelnau aux ducs d'Albret. 

Henri de Navarre l'engagea, en 1581, à Guillaume de Rancé, et devenu roi de France, le passa à Raymond de Vicose.

La destinée de cette seigneurie allait depuis lors devenir la même que celle de Cazeneuve dont nous parlions plus haut. A présent le château est aux mains de M. Georges Bannal. 

En suivant au milieu des bois les bords de la Hure, nous gagnerons le petit village de Saint Léger de Balson.  La fontaine de Saint Clair, lieu de pèlerinage pour les maux d'yeux, et de foire le premier juin, située près de ce village, étanchera notre soif en nous procurant une halte agréable.

A quelques pas de là nous pourrons visiter l'église paroissiale à trois nefs, formant un grand rectangle, édifiée au XVe siècle et éclairée de six fenêtres à meneaux flamboyants.

Ces murs enserrent une abside romane où se conservent des restes de chapiteaux ornementés qu'un barbare quelconque a cru devoir horriblement badigeonner. Les piliers séparant les nefs sont formés de nervures prismatiques qui s'élancent fort élégamment vers la voûte, sans interruption de chapiteaux, et s'arrêtent aux clefs sculptées en forme de fleurons, de coeur ou de soleil.

Un autel dédié à saint Clair, orné d'un tableau représentant le saint et enrichi d'une châsse contenant ses reliques, est ouvert en dessous de façon à permettre aux pèlerins, le jour de sa fête, d'y passer en procession, en baissant  

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                                                                                     la tête. Une inscription du XVIe siècle, gravée sur le pilier de la chaire, fixe la date de ce support de maçonnerie. 

Enfin, pour terminer la description de cette église, non sans mérite, au pied du clocher pignon très aigu, percé de quatre baies, sont demeurées deux tables en pierre qui servaient jadis à déposer les offrandes des pèlerins.

Origine:  M. Dartigolles.

 

Réalisée le 10 novembre 2001  André Cochet
Mise ur le Web le    novembre 2001

Christian Flages

Mise à jour le