A la découverte de l'église

 

de 
Saint Léger de Balson.

 

Extrait de "Mémoire de Pierres"  N° 29 . février 2003.

Lettre du patrimoine de Gironde.

COMITÉ DÉPARTEMENTAL DU TOURISME DE LA GIRONDE. 

 

 

 

Classée Monument Historique, y compris ses peintures murales, le 4 juillet 1973.

 

Près de Saint-Symphorien, Saint Léger de Balson, commune du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne, possède un patrimoine monumental diversifié : vestiges romantiques du château de Castelnau de Cernès, dont la construction remonte au XIIè siècle, possession de la puissante maison d'Albret, demeures de paysans traditionnelles, bergerie en bois, torchis et briquette sur la petite place arborée du village, four à pain de construction soignée, place de l'école.... 

Mais le fleuron incontestable du patrimoine de Saint Léger de Balson est bien l'église paroissiale, construction de taille imposante, surprenante dans cette modeste localité. 

 

Son existence est liée à l'existence d'un important pèlerinage dédié à saint Clair, dont la fête est traditionnellement célébrée le 1er juin. Elle rassemblait encore, au XXe siècle, plusieurs milliers de personnes.

 

Façade occidentale restaurée.

L'église dédiée au saint mérovingien Léger, qui se trouve aujourd'hui dans un joli site ombragé de platanes, est un édifice composite, entouré à l'origine de son vieux cimetière. 

 

De la construction romane, il ne subsiste que l'abside. Le reste de l'édifice, c'est-à-dire la nef, ses deux collatéraux, terminés par des chapelles et la façade occidentale, appartient à un style gothique de la fin du Moyen-âge.

 

L'abside romane, en hémicycle et à travée droite, orientée au nord, est construite en bel appareil régulier et couverte d'un cul-de-four et d'une voûte en berceau sur doubleaux. Les chapiteaux, situés à la retombée des arcs doubleaux, mutilés, portent un bestiaire d'oiseaux, lions affrontés ou adossés, caractéristique de l'époque romane. 

 

Des personnages sont visibles sur une corbeille et les tailloirs sont couverts de rinceaux ou d'entrelacs. Cette sculpture de bonne qualité date de la première moitié du XIIè siècle. L'abside fut presque complètement rebâtie à l'extérieur à la fin du Moyen-âge et sa voûte probablement restaurée. La corniche, est alors surmontée d'un mur droit au-dessus des voûtes du chevet comme c'est souvent le cas dans la Haute-Lande. 

 

La plupart des absides romanes ont été modifiées ou reconstruites à cette époque, comme c'est le cas à Saint Pierre de Mons ou à Saint Michel de Vieux Lugo.

 

La nef principale, de trois travées, est flanquée de deux larges collatéraux, particularité architecturale qui fait que l'on classe volontiers cette église dans la catégorie des églises gothiques appelée "église halle". L'ensemble est couvert de voûtes d'ogives quadripartites, voûtement exceptionnel dans la Haute-Lande. 

 

Les collatéraux présentent des différences sensibles dans les moulurations des piliers, qui indiquent que des travaux furent menés en plusieurs étapes, au XVIè siècle. Le mur gouttereau du collatéral oriental est percé d'une jolie porte latérale en anse de panier. 

 

Deux chapelles terminent les collatéraux. L'une à l'est, a reçu une voûte de pierre en étoile, à liernes et tiercerons, l'autre à l'ouest est voûtée par des ogives quadripartites dont les nervures sont en pierre et les caissons en briques. 

 

Deux passages dans les murs romans permettent une meilleure circulation des fidèles autour des autels, particulièrement celui de saint Clair, à l'ouest. L'autel, bien que mutilé, subsiste en grande partie, il est surmonté d'un double dais de style flamboyant abritant deux niches où devaient se trouver les statues de saint Clair et de saint Jouin.

 

La façade occidentale comporte un clocher-mur, flanqué de pinacles pyramidaux. Elle est percée de trois baies campanaires auxquelles on accède par un escalier en vis placé dans un massif rectangulaire situé entre les contreforts orientaux de la façade. 

 

La façade a conservé en partie une disposition architecturale liée à l'importance du pèlerinage en l'honneur de saint Clair. Elle était en effet enveloppée par un vaste porche qui ne subsiste plus aujourd'hui que dans le prolongement de la nef. 

 

Le porche était enveloppé par un muret sur lequel s'élevaient des piles carrées destinées à recevoir la charpente. Autour des deux contreforts situés dans le prolongement de la nef, des tables de pierre étaient sans doute destinées à recevoir les offrandes en nature des pèlerins. 

 

La couverture en pierre de la nef et des collatéraux s'est faite dans les premières années du XVIIIè siècle, en remplacement d'un lambris de bois. Les parties hautes du mur pignon et la porte d'entrée ont été refaites au XVIIIè siècle.

 

Des peintures murales de grande qualité.

 

Cette église à différentes époques a possédé des décorations peintes masquées par des badigeons au lait de chaux de la fin du XVIIIè siècle. Elles sont présentes partout : au chevet, sur le mur oriental et les piliers de la nef, sur l'autel de saint Clair, au revers de la façade occidentale, sur le porche et même sur les voûtes du XVIIIè siècle.

 

Les peintures du chevet roman, connues depuis le milieu du XIXè siècle, furent mises au jour et restaurées en 1967. Celles du cul de four de l'abside, exécutées à la détrempe, présentent des restes d'un Christ en majesté dans une mandorle entre les symboles des Évangélistes logés dans des médaillons circulaires.

 

Le Christ nimbé, assis sur un trône, bénit à la grecque de la main droite et tient le livre de l'autre main. On distingue encore sur sa robe, deux bandes de tissus qui se croisent sur sa poitrine.

 

Dans la travée droite, deux couches picturales sont superposées. La plus ancienne comporte les restes de l'esquisse préparatoire où l'on reconnaît visages et ailes d'anges à mettre en relation avec l'Agneau entouré par un cercle qui se trouve au centre de la voûte, qui pourrait suggérer une iconographie tirée de l'Apocalypse de Saint Jean, à laquelle on peut peut-être associer les anges. 

 

Des sept bandes que comporte la couche picturale la plus récente, les deux bandes latérales rouge foncé sont celles qui portent le décor le mieux conservé : un Calendrier dont les mois sont symbolisés par des personnages représentés à mi-corps, surmontés par un large cartouche en forme de parchemin ou de cuir routé. 

 

Les noms des mois et le nombre de jours que comporte chacun sont inscrits en latin.

 

Par exemple, le mois de janvier est représenté par personnage encapuchonné tendant ses mains vers une cheminée représentée de profil, celui de mars par un personnage qui porte un chapeau à bec et taille une branche d'arbre fruitier avec une serpette. 

 

Du côté opposé, le mois de juillet coiffé d'un chapeau à bec, moissonne à l'aide d'une faucille, août bat le grain avec un fléau. En septembre est évoqué le foulage du raisin dans un cuvier en bois. Décembre termine le cycle par l'abattage du porc.

 

Cette peinture murale, qui présente des personnages grandeur nature, expressifs dans leurs physionomies, mais aussi dans les gestes des bras et la position des mains, évoque l'influence de la peinture de manuscrits du début du XVIè siècle.

 

Le porche, lui-même possédait un décor peint, un des rares exemples conservés de peintures à l'extérieur d'une église. Dans la partie du porche, à l'est qui n'est plus aujourd'hui abrité par une toiture, on peut observer le même faux appareil exécuté sur fond clair avec deux traits rouges, enfermant un rameau fleuri que l'on retrouve au revers de la façade.

 

A cet endroit, la technique utilise la fresque, ce qui explique la bonne conservation des peintures. De part et d'autre de la porte d'entrée, réaménagée au XVIIIe siècle sans tenir compte de la présence de la couleur, on peut observer plusieurs registres peints : d'abord une frise de personnages non identifiables malheureusement très usés et mutilés par le percement d'une niche, enfin, sur les contreforts le faux appareil à double trait rouge. 

 

La couleur avait donc été utilisée pour rendre l'entrée de l'église particulièrement attractive. 

 

Ce décor, contemporain de celui qui figure à l'intérieur de l'église sur le mur sud peut avoir été réalisé juste après l'achèvement des parties basses de la nef principale et du porche.

 

Un ameublement exceptionnel.

 

On est tout de suite frappé par l'abondance et la qualité du mobilier de cette église dont l'inventaire exhaustif dépasse largement le cadre de ce cours article. La pièce la plus ancienne est une statue de saint Jean en bois polychrome représenté debout, la main droite contre son visage en signe d'affliction.

 

 

Le retable de Notre Dame.

 

 

IL s'agit d'un fragment d'une poutre de gloire qui existait à rentrée du chœur, d'un art assez populaire, oeuvre probable du XIVe siècle.

 

Au XVIIè siècle, siècle de la réforme catholique, l'édifice était orné de cinq autels et retables en bois doré de style baroque.

 

Seul l'autel de la chapelle Notre Dame nous est parvenu à peu près intact. Il comporte deux colonnes d'ordre composite cannelées à leur partie supérieure et gainées de motifs végétaux à leur partie inférieure, une corniche denticulée, un fronton arrondi flanqué de pots à feu. 

 

La toile qui se trouve au centre de ce riche et harmonieux retable représente la Vierge couronnée de fleurs emportée au ciel par deux anges entourée d'une foule d'angelots. Le devant d'autel en cuir doré est un spécimen intéressant d'un art qui est assez peu représenté en Gironde.

 

La chaire, de l'époque baroque, fixée au premier pilier vers l'ouest, est d'une grande simplicité de forme ; la plupart des panneaux sont sobrement ornés de losanges et de triangles, mais l'un d'entre eux porte une tête de chérubin et des feuillages stylisés.

 

Cette église harmonieuse, malgré ses différences de styles, a fait l'objet d'importantes restaurations sous la direction de Michel Goutal, architecte en chef des Monuments Historiques.

 

 

Celles-ci ont concerné l'essentiel de la façade occidentale dont les travaux vont se poursuivre avec la reconstruction du porche dans ses dispositions architecturales de la fin du XIXè siècle connues par des dessins de L. Drouyn.

 

De même, les peintures du porche ont été récemment examinées par Martine Laroche, spécialiste en restauration de peinture murale. Des carrés de sondages ont mis en évidence une palette complexe avec une superposition de certaines scènes figurées de personnages, avec un dessin préparatoire aux traits précis.

 

On ne quittera pas ce lieu sans aller sur les berges de la Hure, petit affluent du Ciron qui coule à une centaine de mètres du chevet de l'église, où se trouve une fontaine dédiée à saint Clair. Elle était autrefois un but de pèlerinage pour les habitants des communes voisines qui s'y rendaient en procession. 

 

L'eau, dont la fraîcheur et la pureté sont renommées et qui a la réputation de soigner les maux des yeux, ici comme partout en Gascogne, s'écoule d'un édicule de pierre de taille surmonté d'une croix de fer.

 

 

Pour en savoir plus:

Jean Pierre Suau, Michelle Gaborit , Peintures murales des église de la Grande Lande, Éditions Confluences, 1998,

p. 102/109, notice de Michelle Gaborit.

 

Visite de l'église :

Heures d'ouverture en principe, tous les jours de 9 h à 19 h. 

Prendre contact avec la mairie par fax ou téléphone au  05 56 25 70 53

Monsieur André Larrouquis, maire de la commune, assure les visites.

 

Mémoire de pierres. N° 29 février 2003

COMITÉ DÉPARTEMENTAL DU TOURISME DE LA GIRONDE

21 Cours de l'Intendance 33000 Bordeaux  TéL 05 56 52 22 75  Fax. 05 56 8109 99

www.tourisme-gironde.cg33.fr  Email : tourisme@gironde.com

 

   

Réalisée le 13 juin  2004  André Cochet
Mise ur le Web le      juin  2004

Christian Flages

Mise à jour le