Les arbres

 de la

Vallée du Ciron.

 

L''Orme champêtre.

Ulmus minor Miller (syn : U. campestris Linné)

(Ulmaceae) 

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Arbre de la famille des Ulmacées (Micocoulier, Orme).

Présent en Europe occidentale, dès le Tertiaire (65 M d'années).

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L'orme était affecté à la justice ; sous son ombrage, à la campagne, on plaidait les affaires. De là viennent des périphrases désignant des personnes : juges de dessous l'orme, ou petits juges de village sans siège qui jugeaient devant la porte du manoir seigneurial, sous les ormes.

Le nom de l'ormaie (1310) est en concurrence avec ormille (1750) formée par croisement avec charmille, ensemble de charmes.

Voir aussi l'Ormée de Bordeaux, éphémère république de 1651 à 1653.

Voir aussi l'article d'Eric Collin du CEMAGREF. 1999.

Son tronc droit élancé à écorce lisse dans son jeune âge qui se fissure profondément en vieillissant, de couleur grisâtre à brun peut lui permettre d'atteindre les 40 m

La longévité de l'orme peut atteindre 300 à 400 ans,

L'orme est un arbre à racines fortes, nombreuses, pivotantes, traçantes, qui produisent de nombreux drageons. (tige se développant sur des racines à une certaine distance du tronc).

Il rejette très bien de souche.

Ces 2 types de multiplication végétative permettent à cet arbre d'être pionnier et de se maintenir malgré l'attaque de la graphiose.  

Les jeunes rameaux bruns et rouges sont parfois munis de crêtes ligneuses.

Les bourgeons sont petits, pubescents, pointus.

Le feuillage est caduc.

Les feuilles, alternes, pétiolées, denticulées (inférieure à 10 cm), présentant la particularité d'être inégales, un côté forme un arrondi, l'autre descend jusqu'à la base du pétiole.

Le pétiole est court et le limbe dissymétrique à la base. 

 Lorsque l'on touche une feuille d'orme, celle-ci est rude.    

Les fleurs, rougeâtres, ou verdâtres, groupées en fascicules latéraux, apparaissent avant les feuilles en mars-avril, elles sont réduites aux étamines et au pistil.

Ceux-ci ne se développent pas en même temps. 

Les fleurs sont pollinisée par le vent qui disperse aussi les graines.  

La floraison très particulière est également un moyen efficace d'identification.    

Bravant les intempéries de mars, une multitude de fleurs brun rose apparaissent, directement posées sur les branches. 

La proximité des organes mâles et femelles fait que la présence d'insectes pollinisateurs encore rares à cette période de l'année n'est pas nécessaire pour assurer l'avènement d'un grand nombre de graines verdâtres complètement formées bien avant l'apparition des feuilles. 

Il est intéressant de relever que la floraison et la fructification se font uniquement en puisant dans les réserves d'énergie que l'arbre a à sa disposition.

Au moment où l'orme émet ses premières feuilles, son taux de réserves énergétiques est extrêmement bas, l'arbre est alors très vulnérable par rapport aux parasites.

Les fruits se développent rapidement, ce sont des samares où une sorte d'aile arrondie et échancrée porte la graine décentrée vers l'échancrure. 

Très souvent ces fruits sont stériles.  

Les samares permettent le transport de diaspores par le vent.

 

En mai déjà, ses graines ailées s'envolent et vont coloniser les terrains alentour. Il faudra attendre 30 à 40 ans avant qu'un orme produise ses premières fleurs.

Cet arbre était très commun mais les gros arbres ont été décimés par la graphiose, maladie causée par un champignon (Ceratostomella ulmi) se développant dans l'écorce au niveau du phloème.  

Le bois des ormes est dur, dense dont le cœur est rougeâtre et l'aubier blanc jaunâtre.

Bois très utilisé, grâce à sa densité, dans toutes les pièces soumises à frottement : charronnage, poutre, treuils cabestan, dents d'engrenage.

La charpente, la menuiserie, ébénisterie et la tournerie en fit grand usage.

Comme c'est un bois résistant à l'humidité, il fut employé dans les constructions hydrauliques, les bateaux, les pilotis, les moulins à eau.

Les pilotis de Venise sont en Orme et en Aulne.

L'écorce fibreuse fut employée à des cordages et nattes.

Même s'il est difficile à fendre, c'est un bois de feu de première qualité.

Le feuillage a été utilisé en fourrage, c'est pourquoi il fut souvent planté dans les haies, et parfois traité en têtard.

Le tronc porte parfois des excroissances que l'on nomme loupes. Celles-ci débitées sont très appréciées : feuilles de plaquage et marqueterie, objets de luxe, fourneaux de pipe, lutherie.

Les feuilles et les écorces ont des effets astringents, stimulants, sudorifiques, diurétiques.

L'Orme a été abondamment planté en villes du temps de François I et Henri IV, sans doute parce que son fût résiste à la pression, et qu'il servait à fabriquer des affûts de canons.  

L'orme, une espèce décimée en Europe depuis 1925 par cette  épidémie foudroyante, la graphiose

Une première épidémie, présumée d'origine asiatique, a touché les ormes européens au début du XXeme siècle. L'agent pathogène a ensuite été introduit en Amérique du Nord, d'où il est revenu en 1970, véhiculé par des grumes d'orme, sous une forme plus agressive.

L'épidémie a alors été foudroyante : plus de 25 millions d'arbres ont succombé en Grande-Bretagne ; en France les pertes ont été considérables dans les haies bocagères comme dans les alignements urbains. Ainsi, l'orme qui représentait la troisième espèce d'arbres urbains à Paris a été détruit à 97 %.  

L'association d'un champignon microscopique (Ceratocystis ulmi pour les intimes, la graphiose de l'orme pour les autres) et de deux coléoptères (le grand et le petit scolyte de l'orme) a pratiquement  occasionné la disparition des ormes.

Comme tous les champignons, la graphiose se propage par les spores. Ceux-ci peuvent être disséminés par le vent ou la pluie. 

Le grand   scolyte de l'orme.

Le petit scolyte de l'orme.

Mais les vecteurs principaux sont les scolytes adultes qui en allant creuser des galeries pour se nourrir, dans les jeunes rameaux au sommet des arbres, transportent des spores sur leur corps. Ils diffusent ainsi la maladie.

 

Le mycélium du champignon se propage dans les vaisseaux de l'arbre. 

L'orme attaqué va tenter de réagir en obstruant ses vaisseaux conducteurs. Il le fait si bien qu'il va pratiquement se suicider. 

Une fois infecté, le dépérissement qui commence par les branches hautes, est très rapide. L'arbre affaibli devient réceptif aux scolytes qui peuvent nidifier et se reproduirent sous l'écorce du tronc. 

Les larves vont se développer dans cette zone, devenu adulte les scolytes se chargent de spores de champignons et prennent leur envol pour aller coloniser et infecter d'autres arbres. 

Le cycle est bouclé. L'efficacité de cette association est redoutable. Si bien que dans toute l'Europe, seuls quelques rescapés témoignent encore de ce que peuvent être de grands et vieux ormes.

Son bois est alors coloré en brun noirâtre.  

On assiste là à une collaboration étroite entre deux modes de vie différentes qui vivent pratiquement en osmose pour se développer. 

En effet si le scolyte transporte le mycélium du champignon d'un arbre à l'autre, pour une dispersion dynamique, celui-ci le remercie en affaiblissant l'arbre hôte et permet ainsi au scolyte de nicher et se multiplier plus facilement.

L'un et l'autre isolément ne pourraient que végéter, associés, ils détruisent des forêts entières.

Le champignon se répand aussi par des formes levuroïdes qui passent dans la sève.

Ou par la greffe de racines entre arbres voisins.

Les traitements fongicides, efficaces seulement à titre préventif, sont délicats et onéreux et, de ce fait, réservés aux arbres remarquables. Aucun traitement insecticide ne permet de réduire les populations de scolytes sans dommage sur la faune tandis que la destruction des greffes entre arbres voisins est difficile à mettre en œuvre. C'est pourquoi les recherches se sont orientées vers la sélection de variétés résistantes à la graphiose et adaptées aux milieux européens.  

Des recherches entreprises dès lors par l'Inra, en collaboration avec les Pays-Bas, ont abouti aujourd'hui à de nouvelles variétés, résistantes et bien adaptées aux conditions européennes.  Créer des variétés résistantes, la voie privilégiée pour une vraie renaissance de l'orme.

Les variétés asiatiques sont résistantes sans présenter les mêmes caractéristiques ornementales. Une collaboration, initiée en 1975 avec un chercheur de l'institut d'Alterra (Pays-Bas), a permis de créer de nouvelles variétés par croisement et de les évaluer en conditions naturelles au Bois de Vincennes (Paris) et après inoculation contrôlée dans les centres Inra de Nancy et Angers.  

La restauration de cette espèce est importante pour la biodiversité : pour l'espèce en tant que telle, bien adaptée aux conditions climatiques européennes, pour ses usages ornementaux et son rôle dans les haies qui contribue à la diversité de la faune.

Néanmoins, ces nouveaux cultivars ne pourront remplacer les variétés indigènes pour la colonisation spontanées des friches et forêts.  

Le mode de conservation adopté par les scientifiques repose sur le constat que les scolytes, vecteurs de la graphiose, colonisent les arbres par la cime, en particulier ceux qui sont très élevés.

Ils ne s'intéressent pas aux arbres jeunes, les ormes peuvent ainsi se développer pendant une quinzaine d'années avant d'être contaminés et mourir.

Le maintient des populations sous forme de haie permet à l'espèce de se maintenir et de se reproduire par drageonnage et rejet sur souche.

La galéruque de l'orme.

 C'est un coléoptère d'origine européenne. Cet insecte s'attaque aux feuilles en laissant uniquement les nervures épaisses et la pellicule de la face supérieure de la feuille. On  les nomme dans ce cas , les larves squeletteuses. 

Larve de Galéruque.

Une fois dévorée, la feuille brunie , sèche puis tombe. En cas de forte attaque, l'arbre peut être sévèrement défolié. 

La photosynthèse ne se faisant plus, l'arbre n'accumule plus de réserve nutritive.   Il devient par conséquence plus sensible, moins résistant aux agressions naturelles ou autres. 

Les scolytes par exemple, pourraient profiter de l'affaiblissement de l'arbre pour  faire ses galeries et apporter le champignon pathogène de la graphiose.

Au printemps, durant le mois de mai, les femelles s'envolent vers les branches de votre orme, aulne, noisetier et parfois même tilleul pour y déposer ses oeufs.  

Durant les mois de juin et juillet, les larves vont commencer à se nourrir et défolier l'arbre pendant 3 semaines. 

Une fois rassasiées, elles s'enfouissent dans le sol afin de pouvoir se nymphoser. Une à deux semaines plus tard, les adultes apparaissent et se nourrissent de feuillage en attendant l'hiver. 

Feuille attaquée.

En cas d'invasion importante, réagir sans attendre ! Utiliser un insecticide à base de bifenthrine, au mois de mai pendant la ponte des adultes sur les feuilles,  traitement insecticide à pulvériser.

Réalisé   le 20  janvier  2007

 André Cochet

Mise sur le Web   janvier 2007

Christian Flages