Les carnets

de     Louis Apolinaire Bride.     1915

Années : 1914 1915 1916 1917

( Entre le 20 novembre 1914 et la suite 27 septembre 1915 les mémoires écrites sont disparues.)  

27 septembre 1915 : 

 

Au petit jour les hostilités, le bombardement commence plus tard que d'habitude mais la droite en jette un coup. 

 

Le temps se maintient au beau. 

 

Progression en Champagne nous on attaque en 2ème ligne.  

28 septembre : Le temps se remet à la pluie, nous continuons d'avancer dans la boue. Les anglais progressent malgré tout va bien.

 

19 et 30 septembre : Journée de pluie, journée calme, on s'attend à la contre-attaque mais rien. Les boches n'osent pas. Des petites attaques nous rendent maître de quelques éléments qui égalisent nos lignes.

 

Du 1er au 6 octobre : Journée pluvieuse ce qui arrête un peu les opérations. Les russes reprennent leur offensive. Nous attaquons toujours quelques points. Les Balkans se remuent. La Bulgarie va se faire taper sur le nez. C'est le sort de tous nos ennemis d'ici peu.

 

Du 7 au 14 octobre : Les boches cherchent à nous reprendre ce que nous leur avons pris mais les contre-attaques sont en partie décimées par le feu de l'artillerie. Nous faisons quelques attaques contre le bois en Hache : c'est une vraie forteresse. Au mois de mai nous avions été arrêtés par le fond de Buval. Cette fois c'est par le bois en H.

Cette fois l'incident Balkanique est réglé, les bulgares sont nos ennemis. Ils auront le châtiment qu'ils méritent.

 

Du 15 au 23 octobre : Depuis l'affaire des Balkans les attaques sur notre front ont diminué d'intensité. Les boches concentrent leurs forces contre la Serbie, peuple héroïque qui se défend admirablement et montre l'exemple d'une seconde Bulgare. Nous égalisons notre front sur plusieurs points avec de petits succès à notre avantage. Depuis très longtemps je suis sans nouvelles d'Henry. Il est tué au Champ d'Honneur. C'est très triste, il est tombé le 25 septembre, c'est fini, je ne le reverrais plus.

 

Du 23 au 27 octobre : Hélas les prévisions ne m'ont pas trompé, je viens d'apprendre la terrible nouvelle, mon pauvre frère est mort mais je le vengerai. Je monte aux tranchées, je vais à la carrière (R 10) j'y passe 24 heures. Rien de nouveau. Bombardement intermittent des deux côtés. Quelques démonstrations d'attaques, combat à la grenade. Petits faits journaliers, sale temps une boue horrible inonde les tranchées.

 

Du 27 octobre au 1er novembre : Rien de bien nouveau. En Orient les serbes sont acculés, peuple héroïque.

 

Du 1er novembre au 15 novembre : Même travail service d'hiver, je crois qu'il commence, la pluie s'est arrêté et un temps sec lui succède nous entrons en hiver les nuits sont terriblement froides . En Orient les affaires ne sont trop brillantes. Les grecs ont une allure très louche, enfin ayons espoir.

 

Du seize au vingt novembre1915 : Je descends à Noeux belle journée. En rentrant le soir j'apprends que je suis proposé pour la T.S.F, bonne petite place pour l'hiver. Il paraît que je suis sûr d'y aller, prêt à partir j'attends des ordres. Ça y est me voilà un peu au repos, ce n'est pas trop tôt. C'est le filon pour l'hiver si j'y reste. J'ai pris le service ce matin je vais tâcher de m'arranger pour être le mieux possible.

 

Du 20 au 30 novembre : Mon service ne comptait pas. J'avais tout pour être bien mais il paraît que c'est un officier qu'il faut, je ne discute pas et j'attends mon remplaçant. C'est dommage j'étais pour être bien. Mon successeur est allé au central Bruay pour prendre des ordres, il prendra son poste demain sûrement et moi j'irai reprendre le collier et j'en suis content, je commençais à m'embêter.

 

Du 1er au 17 décembre : Reprends mon service à la batterie. Temps d'hiver (eau, boue) je remplace pour une journée à la T.S.F c'est naturellement du repos. Dans 4 jours je vais en 1ère ligne. Le 4 nous faisons la Ste Barbe, un petit repas c'est tout simple. Monte aux tranchées demain mais que de boue, horrible la journée du 12 de l'eau et de la boue jusqu'aux genoux. Toujours le même travail, service d'hiver avec le sous Lieutenant Delaballe.

 

Du 18 décembre au 5 janvier 1916 : On nous annonce que nous allons partir au repos. Nous partons le 26 au matin pour Bienloye et ensuite Tilly près de St Sol. Que va-t-on faire de nous ? Suis anxieux, temps brumeux, un peu de pluie à Froideval pays plein de boue. Il n'y a que 2 maisons. Heureusement ce sont de bonnes gens. On se souviendra de ce fameux repos, suis très abattu. Le 5 nous sommes relevés du repos pour aller au front. Ce n'est pas trop tôt. Nous cantonnons à Brouquemaison. le soir à 35 km de Froideval. Nous repartons pour Jouy en Valois demain matin à 6 h.  Voyez repos après sacrée guerre. Nous arrivons à Bavincourt,

 

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Réalisée le 10 juin 2007  André Cochet
Mise sur le Web le  juin 2007

Christian Flages